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Les 5 ans de la french pharmacy à Londres avec Make me Feel

Marine Vincent en rayon de sa pharmacieMarine Vincent en rayon de sa pharmacie
Marine Vincennt
Écrit par Luther Beaumont
Publié le 5 octobre 2021, mis à jour le 7 octobre 2021

Marine Vincent célèbre les cinq ans de son projet entrepreneurial Make me feel (accompagné de The French Pharmacy, en ligne). Retour sur cinq années de ce qu’elle surnomme affectueusement son « bébé », qui l’aura transportée contre vents et marées à Londres.

 

Retranscription de l'entretien par Marie Benhalassa-Bury

 

Pourriez-vous nous rappeler la genèse du projet ?

Make me feel voit le jour en 2016. Bien entendu, nous avons beaucoup diversifié l’entreprise depuis. Il s’agit à ce jour aussi bien d’une parapharmacie que d’une pharmacie (The French Pharmacy en ligne et à Marylebone ainsi que Make me Feel). Nous avons hautement accru notre nombre de références proposées afin de nous adapter à la demande. À l’origine, il ne s’agissait que d’une parapharmacie !

 

Plus précisément, comment s’adapter à la demande londonienne ?

Il faut prendre en compte les satisfactions des clients mais aussi leurs insatisfactions ! Par exemple, il m’est arrivé d’avoir d’énormes coups de cœur pour certaines marques, leurs soins, leur packaging… Lesquelles au final ne fonctionnaient pas suffisamment !

 

Pour distribuer ces différentes marques, devez-vous mettre en place des partenariats, synonymes d’engagement sur la durée… ?

J’interviens plutôt comme cliente qui distribue les marques concernées. Mais en effet, nous disposons de partenariats avec certaines marques en lien très étroit avec nous, même si les types de relations avec les différentes marques varient. Pour certaines, cette relation date du temps de ma précédente expérience en tant que pharmacienne, lorsque je n’étais pas encore à mon compte.

 

Vous pratiquiez donc déjà avant d’être à votre compte ?

C’est exact : j’occupais une position de manager en pharmacie avant Make me Feel, durant dix ans. Mon envie d’entreprendre se manifeste en 2006, des suites de mon arrivée à Londres. J’avais fait ce choix d’expatriation car la personne qui est depuis devenue mon mari y avait décroché un emploi.

 

Dix ans constitue une expérience colossale !

Oui, d’une certaine manière. J’ai par ailleurs exercé au Medicare français, donc au sein d’un environnement francophone, avant de poursuivre mon cheminement en pharmacie à l’anglaise. Je me familiarise alors davantage avec le vocabulaire sous-jacent, plus spécifique, me perfectionnant dès lors sensiblement.

À partir de 2008, j’exerce dans une pharmacie anglaise à Greenwich pendant deux ans. J’en profite pour effectuer une formation supplémentaire (en anticoagulation clinic). Je tombe enceinte en 2010, et je me vois offrir un poste de manager à Streatham, dans une nouvelle pharmacie de l’entreprise qui m’emploie, laquelle se trouvait être bien plus spacieuse. Je monte de A à Z un projet en son sein : une sorte de beauty spa. J’évolue ensuite dans une autre pharmacie plus « à la française », dans un quartier à nouveau très français.

 

Vous insistez sur “pharmacie à la française” ou “à l’anglaise”. En quoi est-ce différent ?

Côté français, il y a une dimension plus esthétique, plus moderne. Nous autres hexagonaux l'apprécions puisque cela nous rappelle nos pharmacies de chez nous. Les soins de peau et cosmétiques y abondent, sans omettre les bonbons au miel…
L’aspect bien-être se veut plus prononcé, s’ajoute à cela la discussion avec le client… Le client français doit passer un bon moment!

Je me rappelle même de ce jour où mon patron me signale que je suis trop au comptoir. Mais la réalité est que cela fonctionne mieux, y compris en termes d’objectifs de ventes, et surtout pour le plaisir de chacun !

C’est à ce moment là que je choisis de monter ma boîte.

 

Comment se passe la création de l’entreprise ?

Je finis par dégoter un local dans le quartier que je vise, une ancienne boulangerie française. L’endroit est lumineux, il y a de la place pour une salle de thérapie, élément primordial de mon business plan. J’en ai des papillons dans le ventre ! J’ai trouvé l’endroit. Tout s’accélère dès lors, je savais comment agencer la pharmacie, quelle clientèle viser, quelles marques solliciter et j’en connaissais les coûts.

Pour autant, la prise de risque demeurait bien réelle. Pour l’anecdote, je signe mon bail le jour du Brexit… Mon entourage s’en inquiétait, mais pas question de reculer. L’aventure devait se poursuivre.

 

La boutique Make me Feel

 

 

Le business en ligne fait alors son apparition ?

Mon ambition a toujours été d’ouvrir deux boutiques. La partie en ligne était une condition sine qua non à ce projet. Mais elle demandait beaucoup de temps. J’ouvre d’abord l’échoppe, et le projet internet s’est fait dans sa continuité.

Mais en 2017, dix mois après l’ouverture, je me trouve au mauvais endroit, au mauvais moment et suis victime lors des attentats du London Bridge. Après 6 jours de coma, j’ai fort heureusement encore ma mémoire, mais mon état physique est déplorable. Mon bras droit Barbara a tenu le projet seule pendant mon indisponibilité… Il ne faut pas sous-estimer l’impact d’une telle absence pour une entreprise si récente. Sans elle et mon entourage, le projet aurait coulé.

Comprenez-bien que Make me Feel est mon bébé, par ailleurs l’une des premières choses dont je me suis enquise à mon réveil. Une vague de solidarité incroyable nous a ensuite submergées. Les habitants du quartier ont été désireux de nous témoigner leur soutien en fréquentant d’autant plus le magasin… ce fut probablement l’un de nos meilleurs mois, assez anecdotiquement. L'entrepreneuriat m’aura beaucoup aidée à surmonter cet épisode.

 

À quel moment parvenez-vous à reprendre le travail ?

Je retourne physiquement en boutique au bout d’un an, en septembre 2018, après les multiples rendez-vous médicaux et un temps de guérison physique et psychologique. J’avais repris la gestion du projet, à distance, dès septembre 2017. Make me Feel en ligne ouvre du coup en novembre de la même année !

Je décide en 2018 de booster mon marketing, embauchant une Marketing Manager pour favoriser notre référencement et notre visibilité. "The French Pharmacy” devient le nom de notre boutique en ligne.

 

Qu’advient-il ensuite ?

2019 était plutôt calme en termes de nouveautés, la pharmacie fonctionnait bien, toute notre attention étant dévouée à sa pérennisation. On travaille d’arrache-pied mais dans une certaine stabilité, afin de consolider ce succès.
À l’automne, on commence doucement à réfléchir à une deuxième boutique pour l’horizon 2020.

 

Et c’est à ce moment-là que vous jetez votre dévolu sur Marylebone… Pourquoi ?

Il y a un « esprit village » à Marylebone que j’adore, et sur lequel je souhaitais m’appuyer. On s’inscrit encore dans cette vision à la française : la petite pharmacie locale du village, où tout le monde se connaît… Et Marylebone m’inspirait en ce sens.

On trouve un premier local en février et simultanément, la pandémie arrive à grands pas. L’affaire n’est pas conclue. Mais avec du recul, le local était moins bien situé que celui que nous avons fini par dénicher. Qui plus est, Make me Feel fonctionnait très bien, puisque tout se passait en ligne avec le Covid-19… J’ai même dû faire face à une rupture de stocks de paracétamol ! Je n’aurais pas eu le temps de m’occuper d’un deuxième business pendant le confinement, maintenant que j’y repense.

Je remercie encore Barbara, sans qui je ne serais pas parvenue à assumer le franc succès rencontré par Make me feel. J’en étais à livrer personnellement certains clients, afin de corroborer l’élan de solidarité nécessaire pendant cette période.

Survient alors un coup de fil me retranscrivant la disponibilité d’un local qui n’était pas encore sur le marché, extrêmement bien placé. Je n’ai pas de coup de cœur à la vue des photos mais je le visite tout de même… pour au final que le coup de foudre intervienne bel et bien ! Le sous-sol est assez grand pour accueillir deux salles : le rêve. J’obtiens les clefs en août et nous débutons les travaux tout de go.

Nous inaugurons enfin la deuxième boutique le 19 octobre 2020.

 

 

La salle bien-être

 

Il s’agit toujours d’une parapharmacie ?

Oui, tout du moins jusqu’au 1er décembre puisque c’est à ce moment que nous recevons notre licence de pharmacie. Me voici référencée à l’ordre des pharmaciens anglais.

La pharmacie et les salles de soins du visage sont autorisées à rouvrir à la fin du premier trimestre 2021. Je touche alors du doigt la quintessence de mon activité. Les tests de détection du Covid-19 occupent une place prépondérante… Nous avons su très bien nous positionner sur le marché pour les antigéniques !

 

Comment vous sentez-vous en fêtant les 5 ans de votre pharmacie ?

En fait, je peine à déterminer si 5 ans représente un anniversaire conséquent, ou non. Il s’est passé tant de choses, mais le temps est passé trop vite pour exploiter toutes mes idées … Par exemple, à l’avenir, j’aimerais ouvrir d’autres boutiques et développer mes propres produits parapharmaceutiques.

Toujours est-il que c’est une aventure à faire, hors du commun. Ma créativité et ma résilience en ressortent exacerbées.