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Boris Johnson appelle la Russie à la “désescalade” dans ses menaces envers l’Ukraine

Vladimir Poutine en conférence de presseVladimir Poutine en conférence de presse
Vladimir Poutine - Dimitro Sevastopol
Écrit par Léonie Bayon
Publié le 15 février 2022, mis à jour le 15 février 2022

La crise, déclenchée à la suite du potentiel élargissement de l’OTAN à l’Est, notamment en Ukraine, n’en finit pas de s’aggraver.

 

Boris Johnson se dit prêt à prendre les mesures qui s’imposent en cas d’attaque. Le Premier ministre britannique craint de plus en plus une invasion imminente de l’Ukraine, considérée comme partie intégrante de la nation russe par Poutine, et cherche à s’imposer comme le leader européen des négociations qui mèneront à l’apaisement des tensions. Sa stratégie ? Adopter une ligne dure, soutenant coûte que coûte Ukraine et États-Unis.

 

Boris Johnson appelle la Russie à « s’éloigner du gouffre »

De nombreux spécialistes et politiques européens estiment qu’il s’agit de la crise diplomatique la plus importante depuis la Guerre froide à mesure que les équipements russes augmentent, acheminés à travers tout le pays pour être postés dans les bases militaires à la frontière ukrainienne. Poutine craint en fait le rapprochement de l’Ukraine avec les démocraties européennes et, surtout, une adhésion à l’Union Européenne, ce qui éloignerait définitivement les deux pays. Boris Johnson multiplie les rendez-vous et les appels au calme, sans pour autant tenter de dialoguer avec son homologue russe, qu’il pense capable d’attaquer « dans les 48 heures ».

 

Dans un communiqué, le porte-parole de Downing Street a déclaré « Il y a encore une fenêtre d'opportunité pour la désescalade et la diplomatie, et le Premier ministre continuera de travailler sans relâche aux côtés de nos alliés pour amener la Russie à s'éloigner du gouffre ». Il y a deux semaines, Boris Johnson s’était rendu à Kiev pour apporter son soutien à l’Ukraine. Il avait ensuite fait une visite au siège de l’OTAN, à Bruxelles, le 10 février. Hier, le Premier ministre britannique a annoncé vouloir retourner en Union Européenne (EU) pour établir une stratégie européenne commune de désescalade. Sa visite, accompagnée des secrétaires d’Etat aux Affaires étrangères et à la Défense, est attendue pour la fin de la semaine.

 

Le Royaume-Uni se prépare à l’éventualité d’une guerre

Liz Truss, la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, a rappelé qu’il était hors de question de répéter les erreurs commises au moment de l’annexion de la Crimée en 2014. Alors, le gouvernement prépare une liste de sanctions possibles si la Russie venait à engager le conflit. Boris Johnson a annoncé être prêt à imposer des sanctions économiques « très, très sévères » en cas d’une invasion de l’Ukraine. Le Parlement a d’ailleurs adopté la semaine dernière une loi permettant d’alourdir les sanctions envers la Russie si elle venait à attaquer. Le Labour, le parti travailliste, fait quant à lui front uni sur le sujet avec le Parti conservateur.

 

La Russie a à ce jour placé plus de 100 000 soldats à la frontière ukrainienne, déployés depuis octobre 2021. La semaine dernière, environ 30 000 soldats supplémentaires ont commencé des entrainements militaires en Biélorussie. La possibilité d’une attaque est encore incertaine, mais le Royaume-Uni a déjà demandé aux ressortissants britanniques de quitter l’Ukraine sur le champ. En janvier, le Royaume-Uni avait envoyé des armes antichars à Kiev pour permettre à l’Ukraine de préparer sa défense.

 

Mais le Royaume-Uni se prépare surtout à s’engager directement dans le conflit. Le gouvernement a annoncé vouloir fournir 1000 soldats supplémentaires « en cas de crise humanitaire ». Le déploiement d’avions de chasse de la Royal Air Force et de bateaux de la Royal Navy ont aussi été annoncés. Jeudi, 350 militaires britanniques sont arrivés en Pologne.

 

Ce matin, la Russie a annoncé le retrait de certaines troupes placées à la frontière de l’Ukraine. Ce premier signe positif pourrait calmer les frayeurs d’une attaque imminente qui, selon le Président ukrainien Volodymyr Zelensky « provoquent la panique et n’aident pas ». Pourtant, l’OTAN a accueilli cette nouvelle avec prudence après que Moscou a rappelé que c’était un processus normal lié à la fin des entraînements militaires. Parallèlement, les exercices militaires en Biélorussie se poursuivent. Mais la fin de ces manœuvres militaires tout comme les déclarations de Moscou assurant qu’un consensus diplomatique était possible ouvrent la voie à un possible apaisement.

 

Une manière de détourner l’opinion publique ?

Boris Johnson souhaite s’imposer comme un chef de file du règlement du conflit possible en Ukraine alors même qu’il traverse une phase difficile à la tête du pays. Son engagement est aussi une aubaine pour espérer détourner l’attention des médias et de la population, concentrés il y a encore quelques jours sur ses scandales en cascade. La crise ukrainienne est donc une occasion à saisir pour redorer son blason et remonter sa côte de popularité auprès du peuple britannique, après avoir annoncé la fin des restrictions sanitaires un peu plus tôt dans le mois. Ses déclarations « alarmistes » selon le président ukrainien et la dureté des réactions annoncées rappellent fortement l’épisode de la guerre des Malouines, engagée par une Margaret Thatcher elle aussi en perte de vitesse.