Echappée Belle. Nous avons quelques jours devant nous pour capturer la beauté extrême de l’île de beauté ! En deux heures, nous quittons Londres pour Figari avec un vol direct Air Corsica.
Figari est l’aéroport de plus proche de Bonifacio, petite ville de carte postale située à l’extrême sud de la Corse. On nous a tellement vanté le charme de cette destination que nous avons décidé, juste avant le week-end, de prendre l’avion. La Corse est notre destination préférée, notre péché, mignon ! Si nous connaissons déjà Bastia et Ajaccio, nous n’avons encore jamais exploré le pôle sud. Bien nous en a pris !
Vingt minutes après avoir récupéré notre véhicule au comptoir Hertz de l’aéroport, nous débouchons à l’entrée de Bonifacio. Devant nous, le monumental Bastion de l’Etendard, haut de 25 mètres, qui domine le port. Certainement la pièce maîtresse des fortifications. Nous sommes à l’arrêt car de toute évidence, aucun des conducteurs ne veut passer à côté de cette image, la seule source ici d’embouteillage. Une fois passé cet écueil d’une minute… nous nous garons sur le parking privé de l’hôtel Solemare. La chambre très lumineuse offre une vue imprenable sur le port et la citadelle. Nous sommes au cœur de la cité, prêts à découvrir ses richesses.
Bonifacio : un « musée à ciel ouvert »
Amateurs de patrimoine et de vieilles pierres, nous sommes comblés avec cette ville qui semble accrochée sur la mer. Fondée par la république de Pise et développée par celle de Gênes, il fleure ici comme un parfum d’Italie. Le dépaysement est total. Notre premier réflexe est de visiter le Bastion de l’Etendard qui nous a nargués lors de notre arrivée. Cet ouvrage militaire impressionne par sa porte en bois monumentale et l’épaisseur des murs qui peut atteindre jusqu’à huit mètres. L’endroit est sombre, frais et offre un point de vue imprenable pour surveiller la mer.
Nous nous attaquons ensuite, c’est bien le mot, à descendre puis à remonter l’Escalier du Roy d’Aragon, avec ces 189 marches, assez hautes et irrégulières, taillées à même la falaise. Si la légende attribue cette œuvre aux soldats du roi espagnol, les experts locaux parlent plutôt de la patience des moines franciscains qui ont fini de façonner cet ouvrage débuté au néolithique. Le but : aller puiser l’eau d’une source d’eau douce, quasiment au niveau de la mer, quelque 80 mètres plus bas. Une promenade tout simplement magique.
De retour dans la ville nous flânons dans les petites artères marchandes et nous nous arrêtons rue Doria, le nom d’une des familles les plus illustres de Gênes, dont les descendants viennent toujours à Bonifacio en août pour profiter de l’animation de la cité. Au milieu des boutiques de mode et de souvenirs : Roba Nostra. Une épicerie fine avec un florilège de produits corses. Au fond un espace dégustation avec une douzaine de places assises pas plus. Tony nous fait les louanges de la charcuterie à base de porc noir ou « porcu nustrale » en langue locale ! On y trouve copa, lonzu, jambon et saucisson, que l’on peut emporter dans un cornet, façon cornet de glace, c’est original. Le rayon fromage de brebis et de chèvre donne aussi l’eau à la bouche. Nous nous laissons tenter par une planche charcuterie-fromage à partager, arrosée d’un rosé corse évidemment, servi au verre. La cuvée bio Faustine du domaine Abbatucci situé à 40 km d’Ajaccio est remarquable de finesse, comme le Clos Canarelli rouge que nous dégustons après. Nous apprenons que ce domaine est un peu la « Rolls-Royce » de Figari. Certainement l’un des producteurs les plus cotés de l’île. Nous repartons avec le sourire, un peu grisés par ces découvertes gustatives, et avec un pot de miel du maquis AOP « a Matricula » provenant tout de droit de Balagne.
Et puisque nous sommes d’une humeur gourmande, nous clôturons la journée, quai Comparetti, sur la Marina juste en face l’hôtel, en nous arrêtant prendre une glace chez Rocca Serra. Un commerce artisanal emblématique avec une multitude de parfums qui méritent tous d’être « explorés ». Ananas-gingembre, citron bio de Bastia, fraise d’Ajaccio, pistache issue des coteaux du Vésuve, myrte du jardin, bruccio du berger bonifacien… le plus difficile, c’est vraiment de choisir !
L'incontournable croisière des falaises
Pour bien attaquer la journée le lendemain, nous embarquons dès 9h pour une incontournable promenade en bateau lorsqu’on vient à Bonifacio. Départ du port toutes les 20 minutes en pleine saison avec la compagnie SPMB. Très vite au pied des falaises, le spectacle est grandiose avec un point d’orgue : la grotte S’Dragonatto. La houle est légère et le capitaine nous prévient, il attend le bon moment pour mettre les gaz et faire entrer l’embarcation dans la grotte accessible via une porte cochère naturelle, taillée dans la falaise. Il y a une marge de 20 cm pas plus de chaque côté du bateau. La cavité est impressionnante. Dans le plafond troué semble se dessiner la forme de la Corse. Les fonds marins sont très jolis avec des coraux très colorés, comme des « tapis d’Orient ». Plus il y a de bateaux, moins les fonds sont limpides. Aussi il est conseillé de prendre les premières embarcations du matin.
A la découverte du cimetière marin
De retour à quai, nous nous dirigeons vers le cimetière marin, tout au bout de la presqu’île. Un lieu qui demeure paisible, bien que visité par 500 000 personnes par an. Nous contemplons ces alignements de majestueux tombeaux blancs, témoins d’une richesse familiale d’antan, qui se découpent sur le fond bleu de la mer. Ce n’est pas le Père-Lachaise, aussi ne vous attendez pas à trouver des tombes de personnages célèbres. Quoi que ! On dit sur l’île que le défunt Michel Pugliesi aurait inspiré Ocatarinetabellatchitchix, un célèbre chef de clan très actif dans Astérix en Corse. La ressemblance est en effet frappante. Une hypothèse controversée sur le continent où l’on parle plus de la caricature du journaliste Paul Giannoli, qui travaillait au magazine Pilote. C’est dans ce calme et ce cadre olympien, aux airs de Grèce antique, que figure aussi la dernière demeure du grand publicitaire Philippe Michel, co-fondateur de l’agence CLM. Il est notamment à l’origine de slogans bien connus comme « La Mamie que je préfère c’est celle qui est dans le frigidaire » (Mamie Nova) ou encore « Demain j’enlève le bas » pour l’afficheur Avenir.
Une bonne adresse pour déjeuner
L’air marin a aiguisé notre appétit. Un client de l’hôtel nous a parlé du restaurant Ciccio au cœur de la haute-ville, rue Saint-Jean-Baptiste. L’endroit se veut plus calme et intimiste par rapport à de nombreux établissements de la ville. On peut y manger en terrasse côté rue, mais aussi côté cour dans un espace ombragé où se marient la pierre, le fer, le verre, le bois et les végétaux. Gérald Larrieu, un jeune Bonifacien est aux fourneaux. Tout est fait maison, sa cuisine et à la fois simple, recherchée et enthousiasmante. Mention spéciale pour le gaspacho de courgette avec sa glace au brucchio frais, le millefeuille d’araignée de mer, avocat et clémentines confites et le porcelet en deux cuissons. Un pâtissier œuvre à la fois pour le restaurant et la boutique voisine, ce qui achève de donner à l’établissement un caractère à part. Après cette cure gourmande, une sieste au bord de la piscine est bien méritée.
Cap sur l’archipel des îles Lavezzi
Nous reprenons le bateau pour cette fois-ci nous évader sur une île et jouer les Robinson… Façon de parler car nous ne sommes pas les seuls à avoir eu la même idée. L’archipel des îles Lavezzi est connu pour être un lieu paradisiaque. C’est un jardin d’Eden pour de nombreuses espèces d’oiseaux et des plantes rares. C’est aussi un must pour les amateurs de snorkelling.
En 30 minutes nous sommes dans un paysage féerique au milieu de nulle part. Les Maldives et les Seychelles peuvent aller se rhabiller ! Des rochers polis par l’eau et le vent, une mer turquoise et transparente, du sable blanc et seules constructions, une petite bergerie restaurée et le phare des Lavezzi… Tout est magnifique et sauvage. Ici pas d’eau douce (ni robinet ni douche), pas de toilettes, pas d’ombre, pas de poubelles… une vraie journée nature ! Aussi pensez à prendre de l’eau, votre pique-nique, votre sac de plage et à laisser place nette lorsque vous repartez. Des navettes de retour sont programmées toutes les heures à partir de 13h.
C’est avec des images inoubliables et une cargaison de photos toutes instagrammables que nous revenons sur terre. Sur le bateau nous faisons la connaissance de Louise et Benjamin, expatriés comme nous à Londres. Nous les retrouvons dans leur QG comme ils disent, le restaurant-boutique Da Passano, quai Comparetti. Bonne pioche. C’est un lieu très contemporain signé par l’architecte basque Patrice Gardera, connu notamment pour ses collaborations avec de grands noms du design tel que Philippe Starck. Une salle est complètement taillée dans la roche, polie et peinte à la chaux avec un plafond recouvert de planches tressées. Des grandes tables en bois clair invitent à la dégustation, comme le bar à cocktails qui me rappelle, avec les effets lumineux, le célèbre Dandelyan à Londres, situé sur les quais de la Tamise et désormais fermé pour travaux. Mais cela reste un lieu à l’accent corse avec des produits locaux. Nous craquons pour le tartare de loup et son crumble noisette de Cervione et gingembre, le duo de brochettes de jambon et fromage corse et ses bonbons de chèvre au miel de châtaigne, les Saint Jacques rôties à la clémentine et la crème brulée à la figue. A noter que les plats arrivent souvent ensemble ce qui permet de les partager.
On oublie le bleu pour se mettre au vert
Besoin de nous dégourdir les jambes. Nous prenons la voiture pour voir du pays et prendre un peu de hauteur. Nous partons gravir un sommet très proche qui culmine à plus de 1 200 mètres d’altitude. Son petit nom : l'Uomo di Cagna. Bien connu des randonneurs, un sentier balisé permet de rejoindre au sommet une sorte de statue naturelle à forme presque humaine, constituée de roches en équilibre. Départ du hameau de Giannuccio à Monacia-d’Aullène à 25 km de Bonifacio. Le dénivelé est de 700 mètres. Il faut prévoir de bonnes chaussures et beaucoup d’eau pour cette escapade de 4 heures hors du temps et du tumulte des bords de mer. Le chemin serpente d’abord dans le maquis, puis dans une pinède et enfin sur un sol plus granitique avec la nécessité parfois de s’aider des mains pour avancer et franchir quelques gros rochers. A l’arrivée, nous restons sans voix. Le panorama est magnifique.
Au retour, nous nous arrêtons dans les caves du Clos Canarelli à Figari. Nous avions bien enregistré le nom de ce domaine d’exception, l’un des porte-étandards du vignoble corse. Sur les 25 cépages autochtones corses officiellement recensés, Yves Canarelli en a réhabilité un grand nombre, mais cela ne l’empêche pas d’avoir planté la très internationale syrah. Le blanc 100 % vermentinu est une pure merveille, élégant, très pâle, voire cristallin. Le nez est frais et fleuri. Le rouge Tarra di Sognu n’a rien à lui envier. Il est issu de vignes plantées il y a neuf ans à quelques centaines de mètres de la mer sur la commune de Bonifacio et de l’assemblage des trois cépages Carcaghjolu Neru, Sciacarello et Minustello qui nous sont totalement inconnus. Beaucoup de fruit et de puissance. Nous sommes fans. Mais notre préférence va assurément au Clos Canarelli Amphora rouge, vinifié en amphores d'argile. Le résultat est saisissant avec des notes de cerise, de fleurs et d'herbes locales.
Toujours au vert… et cette fois-ci sur le green
Après une grasse matinée bien méritée, un petit-déjeuner plus que copieux et quelques brasses dans la piscine, nous prenons tranquillement le chemin du golf de Spérone, ouvert à tous, même aux non membres. Les spécialistes s’accordent à dire que c’est l’un des plus beaux du monde. C’est dû à sa situation géographique privilégiée en bord de mer et à un parcours dessiné par Robert Trent Jones, l’un des plus célèbres architectes de terrains de golf. Une sommité pour les initiés. Aussi nous ne pouvions pas rater une telle occasion. Pour débuter sur le green, nous avons pris contact avec Marc-Aurèle Simonpietri. Ancien joueur professionnel, il enseigne aujourd’hui à Spérone. Et c’est parti pour deux heures d’initiation. Base du jeu, prise en main des clubs dernier cri fournis par le golf, première frappe de balle sur le practice… Un vrai bonheur d’autant que lors de la dernière demi-heure, Marc-Aurèle nous emmène sur les plus beaux trous, mais pas le N°16 : le trou emblématique où les joueurs doivent franchir la mer. Nous pourrions aisément passer la journée ici car le club offre un accès à une belle plage et dispose d’un restaurant prolongé d’une magnifique terrasse. Ce sera pour la prochaine fois car nous avons envie de continuer d’explorer l’île.
Finir notre séjour en beauté… sur l’Ile de Beauté
Nous reprenons la route et partons au petit bonheur la chance. Tout juste 5 km après, une intuition. Nous nous arrêtons sur le premier parking de la plage Cara Lunga et découvrons un nouveau coin de paradis, décontracté, que nous hésitons finalement à dévoiler. C’est mieux si l’endroit reste secret et un peu caché ! Alexis, le patron de la paillotte U Cara Lunga, un enfant du pays, nous accueille avec le sourire. A presque 18h30, tout est en place pour l’apéritif… et bientôt le dîner. Mojito ou rosé corse bien frappé ? Les domaines Zuria ou Buzzo Bunifazziu de Bonifacio font apparemment des cuvées très sympas pour l’été. Nous profitons des lieux, des canapés confortables et de la vue sur la mer où se déclinent cinquante nuances de bleu. Les voiles tendues bougent légèrement au gré du vent et au loin nous devinons les îles Lavezzi. Ce lieu qui n’est presque pas mentionné sur les cartes est tellement inattendu, voire improbable ! Le temps s’égraine lentement et nous voyons sortir de cuisine les premières assiettes. Nous allons rester dîner. Le tartare de loup accompagné de fenouil est à tomber, comme le mignon de veau et les ravioles de homard, deux grands classiques de la maison. A la lumière des bougies, nous nous remémorons ces quelques journées riches en découvertes et en rencontres. Notre séjour touche à sa fin, mais oui Bonifacio, nous reviendrons !
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