Le cinéaste Steve McQueen coréalise une nouvelle série documentaire en trois épisodes qui retrace l’importance de l’année 1981 dans la lutte antiraciste au Royaume-Uni.
Dans cette série, intitulée Uprising, qu’il co-réalise aux côtés de James Rogan, Steve McQueen souhaite sortir de l’oubli les héro·ïne·s de l’histoire de la lutte antiraciste au Royaume-Uni. “Quand j’étais jeune, on n’apprenait pas notre propre histoire » a-t-il expliqué.
Avec la volonté de changer cette situation, il se place donc dans la continuité de son travail avec la série primée à Cannes, Small Axe. Sortie l’année dernière, elle revenait sur l’histoire de la communauté antillaise à Londres dans les années 1960-1980.
« Fire », l’épisode pilote
Le premier épisode a été diffusé lundi soir sur BBC One à 21h et aborde l’incendie de New Cross, qui a causé la mort de 13 adolescents le 18 janvier 1981. Personne n'avait été inculpé pour l'incendie, mais beaucoup pensent encore aujourd’hui qu'il a été déclenché délibérément et qu’il s’agissait là d’une attaque raciste. En effet, il existait à l’époque une importante tension raciale dans la région, avec quelques groupes d'extrême droite locaux. Le slogan des protestataires est devenu : «13 dead, nothing said» (13 morts, rien de dit)
Dans ces documentaires, les réalisateurs s’appuient sur des images d’archives, mais aussi des témoignages de survivants, d'enquêteurs, d'activistes et de représentants de l’État. Le cinéaste Steve McQueen a déclaré : « Nous ne pouvons apprendre que si nous regardons les choses à travers les yeux de toutes les personnes concernées ; le New Cross Fire est passé dans l'histoire comme une note de bas de page tragique, mais cet événement et ses conséquences peuvent maintenant être considérés comme des événements importants dans l'histoire de notre nation ».
Il rétablit ainsi le contexte culturel de l’époque dans un portrait peu flatteur de la Grande-Bretagne des années 1970 et 1980, avec une extrême droite qui progresse et une police largement raciste, selon The Guardian.
Retour sur les évènements de l’année 1981
Les deux autres épisodes, diffusés mardi et mercredi à la même heure, portent, eux, sur la Journée d'action des Noirs en mars 1981 et les émeutes de Brixton en avril. C’est ce dernier évènement qui a fini par interpeller les autorités sur les tensions raciales dans le pays.
L’année 1981 a donc été une année charnière pour la lutte anti-raciste. “C’est comme si mon innocence avait pris fin cette année-là » a déclaré le cinéaste. La série témoigne également de l’importance que prend la musique dans les années 1970 et 1980. Avec l’expansion du reggae et le punk rock « il y avait vraiment un vrai esprit de rébellion » ajoute Steve McQueen.
Ce qu’en dit la presse
Les critiques dans la presse anglaise soulignent toutes la dureté mais la nécessité d’une telle série documentaire. « Regarder cela en sachant les horreurs à venir est presque insupportable, mais il a une détermination lucide à montrer la vie réelle, pleine et humaine des personnes décédées. » peut-on lire dans The Guardian. Pour The Independent, cette série est passionnante car elle témoigne de « l'état honteux de ce qu'on appelait autrefois les relations raciales », faisant de la Grande Bretagne « un endroit où, pour résumer les choses, la vie des Noirs n'avait pas d'importance et, il était largement admis, n'en aurait jamais ».
D’autres projets pour Steve McQueen ?
Dans la suite de cette série, Steve McQueen devrait sortir deux autres documentaires : Black Power : A British Story of Resistance, réalisé par George Amponsah, sur les débuts de la lutte raciale au Royaume-Uni dans les années 1960 et Subnormal de Lyttanya Shannon, étudiant la pratique raciste du renvoi d’élèves noirs vers des établissements spécialisés à la même époque.