Grâce à une reconstitution scientifique unique, Richard III, dernier roi Plantagenêt d’Angleterre, s’exprime à nouveau. Son accent ? Celui du Yorkshire, région qui a marqué sa vie. Cette prouesse, fruit d’une décennie de recherches, a été dévoilée au York Theatre Royal.
Une découverte qui a tout changé : le squelette sous le parking
En 2012, une équipe d’archéologues a retrouvé les restes de Richard III sous un parking à Leicester. Ce terrain moderne recouvrait l’ancien prieuré de Greyfriars, où le roi avait été enterré après sa mort à la bataille de Bosworth en 1485. La découverte a permis de confirmer son identité grâce à des tests ADN, et elle a ouvert la voie à de nouvelles recherches sur cet illustre roi.
Le saviez-vous ? Richard III, souvent dépeint comme un tyran par Shakespeare, n’a régné que deux ans avant d’être défait par les forces d’Henri Tudor. Ce fut la fin des Plantagenêts et le début de la dynastie Tudor.
Un roi du Nord, un accent à recréer
Si Richard est né à Northampton, ses racines sont profondément liées au nord de l’Angleterre. Il a grandi dans la région du Yorkshire, où sa famille possédait des terres, et il y a cultivé un attachement fort.
Recréer sa voix est un défi qui a mobilisé une équipe pluridisciplinaire dirigée par Yvonne Morley-Chisholm, coach vocale et instigatrice du projet. Avec l’aide de Face Lab, un laboratoire spécialisé dans les reconstructions numériques à l’université Liverpool John Moores, les experts ont utilisé des données issues de son squelette et de ses écrits pour imaginer comment il aurait pu parler.
« Nous avons analysé la prononciation médiévale, la physiologie de son crâne, et même ses lettres personnelles pour comprendre sa façon de s’exprimer », explique Morley-Chisholm.
Une voix authentique, loin des clichés
La voix de Richard III, telle qu’elle a été recréée, ne ressemble pas aux accents aristocratiques que l’on associe souvent à la royauté. David Crystal, linguiste et spécialiste de la prononciation médiévale, souligne que son accent a des « échos distincts du Yorkshire »
Pour donner vie à cette voix, l’équipe a fait appel à Thomas Dennis, un acteur choisi pour ses similitudes physiques avec le roi. Grâce à un travail minutieux de coaching, il incarne désormais Richard III dans un avatar numérique présenté au public. « Le résultat est un mélange fascinant d’histoire et de science. Ce n’est pas une imitation, mais la version la plus proche possible de ce qu’aurait pu être la voix du roi », précise Crystal.
Un portrait réhabilité : Richard III, l’homme derrière le roi
Au-delà de la technologie, ce projet vise à redonner une image plus nuancée de Richard III. Loin des caricatures de Shakespeare, les recherches ont permis de reconstituer un portrait plus fidèle de sa personnalité : loyal, courageux, pieux et soucieux de justice.
Philippa Langley, l’historienne qui a découvert ses restes, insiste sur l’importance des sources historiques. « Ses lettres et les témoignages de l’époque montrent qu’il était un homme capable et dévoué. Ce n’est pas pour en faire un saint, mais pour rétablir les faits. »
Un projet qui ouvre des perspectives fascinantes
La présentation au York Theatre Royal a suscité l’enthousiasme des spectateurs. Certains se disent fascinés par cette plongée immersive dans l’histoire, d’autres y voient un outil pédagogique révolutionnaire. Cette reconstitution vocale pourrait bien être la première d’une longue série. David Crystal imagine déjà d’autres figures historiques bénéficiant de cette technologie :
Si on a pu faire parler Richard III, pourquoi ne pas tenter de recréer les voix d’autres grandes figures du passé ?
Grâce à cette initiative, Richard III n’est plus seulement un roi figé dans les livres d’histoire. Il est un homme que l’on peut désormais entendre, un pont vivant entre le passé et le présent.