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Restitution des statues au Parthénon : la décision revient au British Museum

Parthenon Parthenon
Flickr
Écrit par Lili Auriat
Publié le 17 novembre 2021, mis à jour le 17 novembre 2021

Les tensions semblent diminuer entre la Grèce et le Royaume-Uni au sujet de statues grecques exposées au British Museum, que le Parthénon réclame. Mardi soir, Boris Johnson a rencontré Kyriakos Mitsotakis, le Premier ministre grec.

 

80 mètres de frise achetés par Lord Elgin au Parthénon en 1802 sont actuellement exposés au British Museum à Londres, mais la Grèce réclame depuis plusieurs mois le retour de ces œuvres d’art sur son territoire. Ces réclamations ont donné lieu, depuis mars, à un débat houleux autour de l’appropriation d’œuvres d’art selon d’anciennes législations datant de l’époque coloniale.

 

Une décision qui revient au British Museum

Le gouvernement grec a rappelé hier à Boris Johnson qu’il ne considérait pas cette affaire de statues de marbre comme une « note de bas de page qui pourrait être négligée ». Le Premier Ministre britannique a rejoint Mitsotakis sur sa position en assurant qu’il comprenait « la force des sentiments du peuple grec » sur ce sujet.

BoJo a cependant rappelé que la décision de restituer ou non ces œuvres d’art à la Grèce n’était pas de son ressort. Ces statues ayant été acquises par Lord Elgin « en vertu des lois de l'époque » et ayant été « légalement détenues par les administrateurs du British Museum depuis », Boris Johnson estime que cette décision revient au musée et que le gouvernement n’a pas à intervenir dans cette affaire. « Le British Museum fonctionne indépendamment du gouvernement. Il est libre, à juste titre, de toute ingérence politique… Toute décision sur l'emplacement des sculptures du Parthénon lui appartient. » a-t-il déclaré.

 

Une position jugée absurde par les militants

L’acquisition de ces œuvres s’est faite avec l’accord formel de l'empire ottoman et les actions de Lord Elgin ont fait « l'objet d'une enquête approfondie par une commission parlementaire restreinte en 1816 et ont été jugées tout à fait légales » a précisé le British Museum. Mais Paul Cartledge, éminent professeur de culture grecque à l'Université de Cambridge et vice-président du Comité britannique pour le retour des marbres du Parthénon, a estimé, dans une interview accordée au Guardian, qu'il s'agissait d'un "tour de passe-passe", d’une « tactique de diversion » de la part du gouvernement. « C'est un non-sens », a-t-il expliqué face à l’ancienneté de l’enquête sur l’acquisition des statues. « Les conclusions de 1816 qui déclarent que la collection Elgin appartient à la nation devraient légalement repasser par le parlement britannique. »

 

La question de la restitution des oeuvres dépasse les frontières britanniques

Cette affaire réveille un débat plus vaste portant sur la restitution par les musées britanniques d’objets importés d'autres pays à l'époque coloniale. La position du gouvernement sur ce sujet semble avoir évolué, lui qui, jusque-là, était resté fidèle au mantra « conserver et expliquer ». Certains musées britanniques ont ainsi déclaré qu'ils envisageaient de rapatrier des statues de bronzes réclamées par le Bénin, dont la plupart ont été pillées par les forces britanniques lors d’une expédition en 1897.

Cette année, des décisions similaires ont été prises en Europe. L'Allemagne s’apprête, par exemple, à restituer au Nigeria plusieurs statues de bronzes exposées pour l’instant dans ses musées. De l’autre côté de la Manche, Emmanuel Macron a lui aussi pris, mercredi 27 octobre, la décision de restituer au Bénin 26 œuvres d’art issues de trésors royaux et dérobées par l’armée française il y a près de 130 ans.