L’activiste de Black Lives Matter demeure, aux dernières nouvelles, dans un état critique au King's College Hospital. Sasha Johnson s’est fait tirer dessus il y a plus de deux semaines, et nous avons souhaité continuer de vous informer à son sujet.
Des témoins qui ne se manifestent pas et qui font cruellement défaut
Sa mère s’est exprimée hier pour la première fois : malgré les différents appels à témoins lancés, peu concluants, elle estime qu’il existe forcément quelqu’un en mesure d’apporter de nouveaux éléments à l’enquête. L’inspecteur chargé de l’affaire a surenchéri, demandant notamment aux individus présents à la « silent disco » où Sasha s’était rendue de contacter les détectives au plus vite.
Aucune démarche volontaire n’a encore à ce jour été entreprise par l’un d’entre eux pour favoriser l’enquête. La bonne poursuite de l’investigation en devient délicate, d’autant plus que le motif des coups de feu est toujours méconnu. Le détective souligne que la famille a désespérément besoin de ces réponses : quiconque présent dans les parages ce soir-là se doit de sortir enfin de son silence.
Un état de santé qui préoccupe
Notre rédaction s’est entretenue avec des activistes proches de Sasha, afin de savoir si des informations supplémentaires pouvaient être données. En effet, après 15 jours, les journaux rapportaient tous son “état critique depuis le 23 mai », mais depuis plus rien ou presque.
Imarn Ayton, qui s’était exprimée auprès de la presse dès le lendemain des faits, nous a livré son point de vue : « La raison pour laquelle vous ne trouvez pas d’information, c’est parce qu’il n’y en a pas ! La nouvelle la plus récente est que Sasha est toujours dans un état critique, et a subi une procédure qui s’est déroulée aussi bien que ce qu’on pouvait espérer. Malheureusement, je ne suis pas en mesure de vous procurer d’autres informations pour le moment ».
Reggie Haynes, un autre affilié du mouvement anti-raciste a quant à lui déclaré à lepetitjournal.com que « sa famille m’a prié de répondre à ceux qui m’interrogeraient que rien n’avait changé. C’est tout ce que peux vous dire ».
Nous respecterons donc la volonté des parents de Sasha Johnson en ne cherchant pas pour le moment à en savoir plus sur le déroulement précis de son hospitalisation.
Une affaire dont la progression suscite des interrogations
La question du motif subsiste donc, et les inspecteurs ne semblent malheureusement pas avoir fait de progrès en ce sens. Le fait que, malgré les protestations populaires et le vigile organisé, personne parmi les 30 conviés à cette soirée n’a contacté la police pour parler du déroulement de la fête, rejoint les propos tenus sur les réseaux sociaux par notre interlocuteur Reggie Haynes. « Je me fiche de toute publicité, je vois tant de gens qui sont faux, bidons. Elle est à l’hôpital, et tout le monde fait comme s’ils en ont quelque chose à faire, mais ce n’est pas le cas. Cela m’attriste énormément. Sasha se bat pour sa vie, vous ne pensez qu’à vous et pas à ses parents, ses enfants. Je suis fatigué, ça me rend malade ; elle est peut-être sur son lit de mort mais vous ne voulez pas vous réunir pour chercher qui est le lâche qui a tiré sur la gâchette. Vous ne voulez pas collecter des fonds pour ses enfants, juste au cas où quelque chose pourrait leur arriver. C’est bien pour ça que je ne cautionne pas ce système ». Un véritable cri du cœur qui remet les choses en perspective.
Car oui, il faut s’insurger que l’affaire ne progresse pas et, de surcroît, démérite soudainement de l’intérêt médiatique. Pourquoi personne présent ce soir-là ne contacte les inspecteurs concernés ? Pourquoi n’entendons-nous rien au sujet de Cameron Deriggs, un adolescent âgé de 18 ans à peine qui aurait atteint à la vie d’une mère de famille combattant les inégalités raciales ? Quelle est la responsabilité exacte de la police dans cette stagnation, quelle est celle du racisme dans le système politico-médiatique ? Pourquoi des « proches » ont-ils immédiatement déclaré que la tentative d’homicide n’avait rien à voir avec les menaces de mort que Sasha recevait du fait de ses combats, qu’en savent-ils précisément ? Comment de telles intimidations ont-elles été balayées d’un revers de la main, de même que l’affaire en sa globalité ?
Et quand bien même Sasha n’aurait pas été attaquée pour ses idées, cela rend-il une telle violence plus acceptable, moins digne d’interrogations ? Serait-il hors de propos, dès lors, d’interroger cette affaire à travers le prisme du racisme institutionnel et de la crise médiatique?
Toutes nos pensées vont à la famille de Sasha.