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Priti Patel veut criminaliser les manifestations perturbants les infrastructures

Priti PatelPriti Patel
Écrit par Lili Auriat
Publié le 6 octobre 2021, mis à jour le 6 octobre 2021

La ministre de l’Intérieur Priti Patel a annoncé mardi vouloir augmenter les prérogatives des forces de l’ordre afin d’empêcher les manifestants de s’en prendre aux infrastructures comme les autoroutes, les aéroports ou les centrales électriques.

 

De nouveaux pouvoir pour la police et les tribunaux

Les mesures que souhaiterait mettre en place Priti Patel viseraient notamment les manifestants qui perturbent les autoroutes. Ils pourront ainsi être empêchés de se déplacer dans le pays ou de participer à des manifestations s’ils ont des antécédents de perturbation ou qu’ils sont susceptibles d’en commettre.

Priti Patel a déclaré vouloir combler le « vide juridique » actuellement présent et exploité par un le mouvement de « délinquants prolifiques » pour causer « des perturbations et de la misère dans nos communautés ». Elle souhaite ainsi que ces délits soient passibles de « sanctions maximales » en augmentant les pouvoirs des forces de l’ordre et des tribunaux.

En vertu de nouveaux pouvoirs qui seront confiés à la police, celle-ci pourra arrêter immédiatement les manifestants concernés et saisir leur équipement, souvent utilisé pour s'enchaîner et bloquer le passage des automobilistes. Les tribunaux pourront ensuite donner des peines maximales de deux ans de prison ou des amendes illimitées pour ce type de délit.

 

Insulate Britain, l’association directement visée

C’est l’association écologiste Insulate Britain qui est directement visée par cette loi. Elle bloque régulièrement les autoroutes M25, A1, M3 et M11 au Royaume-Uni depuis bientôt un mois pour réclamer l'isolation de tous les logements sociaux en Grande-Bretagne d'ici 2025 et la rénovation des maisons déjà isolées d'ici 2030.

Actuellement, les amendes encourues pour ce genre de pratiques peuvent s’élever jusqu’à 1000£, mais les risques seront encore plus importants pour les manifestants si les ordonnances de Patel venaient à être appliquées. C’est pourquoi cette annonce provoque la colère des groupes de défense des libertés civiles ou d’autres associations écologistes comme Extinction Rebellion.

 

Des mesures dans la même veine que la Police, Crime, Sentencing and Courts Bill

Les conservateurs proposent d’introduire ces ordonnances en les incluant dans la Police, Crime, Sentencing and Courts Bill actuellement débattue au Parlement. Cette loi prévoit déjà d’augmenter les pouvoirs des forces de l’ordre qui pourraient ainsi réprimer une manifestation et y imposer des heures de début, de fin et un niveau sonore maximum.

Cette loi, en discussion depuis mars, pourrait être appliquée en mai prochain si elle finit par être approuvée. Elle inquiète de nombreux groupes d’intérêt, notamment le groupe de désobéissance civile Extinction Rebellion, car elle pourrait mettre en danger le droit fondamental de protestation.

Bien que lors de son annonce Priti Patel a tenu à rappeler l’importance de cette liberté, elle a aussi expliqué que celle-ci devait s’exercer « dans le cadre de la loi ». Or, ce qui cause la méfiance de ses opposants, c’est justement que ce cadre paraît de plus en vague et que les condamnations semblent de plus en plus appliquées en fonction de la libre interprétation des policiers. Il serait, par exemple, à leur discrétion d’estimer quels renseignements pourraient suggérer qu'un manifestant est « susceptible de commettre » une infraction pénale. Un flou sémantique qui inquiète quant à la possible répression qu’il pourrait permettre.

Finalement, pour ne pas apaiser les doutes populaires, ces mesures interviendraient dans un contexte où la confiance des citoyens en leur police semble de plus en plus fragilisée, particulièrement dans la capitale Londonienne.