Les compétitions de cyclisme britanniques interdisent définitivement la participation des femmes transgenres aux courses de la ligue féminine. Cette décision remet en cause la participation de plusieurs athlètes pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Pourtant, certains coureurs estiment que cette mesure n’est pas encore assez.
British Cycling adopte finalement une politique similaire à celle de British Triathlon : interdire la compétition aux athlètes transgenres au sein des ligues féminines. Pour rappel, le triathlon est devenu l'année dernière, le premier sport britannique à confirmer des mesures plus fermes concernant le sport féminin. Néanmoins, la décision s’applique à la ligue de cyclisme; le cyclisme non compétitif n’est pas concerné.
Cette annonce élimine pratiquement toute possibilité pour Emily Bridges, cycliste transgenre, de participer à Paris 2024. L'Union Cycliste Internationale (UCI) est maintenant sous pression, elle doit clarifier la situation du cyclisme mondial, vis-à-vis des athlètes transgenres. La conclusion de cet examen aura lieu en août.
L’équité et l’inclusivité au coeur du problème sportif
Jon Dutton, directeur général de la ligue de cyclisme britannique, a souligné l'importance de l'impartialité et l’intégrité en déclarant : "L'équité est absolument un facteur déterminant". Cependant, cette politique ne fournira pas de protection aux niveaux non-compétitifs où "l'inclusivité est absolument le facteur déterminant", a-t-il ajouté.
En termes plus simples, toutes les manifestations organisées par des clubs et qui ne sont pas considérées comme des courses enregistrées par la ligue de cyclisme permettront aux femmes transgenres de participer aux côtés des femmes. Cela inclut les randonnées cyclistes du programme "Breeze", réservées aux femmes et parrainées par British Cycling.
Une démarche jugée encore insuffisante pour certain(e)s
Cependant, certains estiment que l'interdiction de participer à la ligue n'est pas suffisante, L’inclusion des personnes transgenres, dans les randonnées cyclistes “Breeze”, spécifiquement conçues pour servir le sport féminin, suscite des débats. Tessa McInnes, avocate et cycliste exprime sa consternation : "Beaucoup de femmes participent à Breeze parce qu'elles ont des problèmes de confiance en elles et que la culture du cyclisme peut être très machiste. Et puis elles arrivent et découvrent qu'il y a un homme biologique sur le parcours. Le problème est que si vous osez dire quoi que ce soit, vous êtes qualifiée de transphobe."
Maria Blower, représentante de la Grande-Bretagne lors de la première participation des femmes cyclistes aux Jeux olympiques en 1984, déclare à son tour : "Cette décision est un grand pas face au CIO (Comité international olympique) et à l'UCI, mais nous voulons encore reconquérir la base.” Elle poursuit, se voulant confiante pour la suite : “Dans l'ensemble, je suis ravie que British Cycling soit la première fédération cycliste à prendre des mesures. J'espère que l'UCI et le CIO se rendront compte de l'injustice et suivront.”
L’exclusion des athlètes transgenres, un “un acte violent”
Dans une déclaration publiée sur sa page Instagram, Emily Bridges a déclaré en réponse à ces nouvelles mesures que British Cycling était coupable d'un "acte violent". Elle affirme avoir affaire à une "organisation en faillite".
Elle écrit sur ce même post : "Est-il surprenant de voir qu’une organisation financée directement par un État qui expédie des réfugiés vulnérables au Rwanda, réprime violemment toute dissidence politique qui est désapprouvée ? Non, bien sûr.”
Elle poursuit s’attaquant à la direction de la ligue British Cycling, et met en relief que la ligue correspond à :"une organisation avec des entraîneurs activement homophobes, qui encouragent les troubles alimentaires. Cette même ligue où les coureurs d'élite influencent la politique lorsqu'elle ne correspond pas à leur vision du monde, étroite et privilégiée, sans aucune capacité de nuance, ni aucun désir de remettre en question le point de vue qu'on leur a inculqué, depuis leur naissance”.
La ligue de cyclisme anglaise clarifie la situation
British Cycling s'est employé à contacter Emily Bridges ainsi qu'une dizaine d'athlètes britanniques, transgenres ou non binaires, susceptibles d'être impactés par les nouvelles règles. "Nous sommes conscients que cette période a été incroyablement difficile", déclare M. Dutton. Il ajoute : "En prenant une décision, nous visons à fournir de la clarté et des orientations, tout en veillant à ce que tous ceux qui souhaitent participer au cyclisme aient la possibilité de le faire".
Il est important de rappeler qu'actuellement, les règles internationales autorisent les femmes transgenres à participer aux compétitions si leurs taux de testostérone a été réduit à 2,5 nanomoles par litre au cours des deux années précédentes.
M. Dutton souligne qu’il s’agit là d’un sujet "incroyablement émotionnel et parfois conflictuel". Il reprend : "Nous avons consacré de nombreux mois à examiner attentivement trois aspects : premièrement, les opinions des athlètes concernés et de la communauté cycliste dans son ensemble ; deuxièmement, les recherches médicales disponibles à ce stade ; et troisièmement, un point de vue juridique en termes de conformité avec la loi sur l'égalité", conclut le directeur général.