Édition internationale

Keir Starmer appelle l’Europe à réformer la convention des droits de l’Homme

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, cherche à durcir les règles migratoires outre-Manche et pour ce faire il voudrait reformer la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH), tout en restant au sein de la Convention. Plusieurs ONG se demandent si le gouvernement britannique ne cherche pas à restreindre les garanties fondamentales au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière

Keir Starmer appelle à réformer CEDH (Twitter)Keir Starmer appelle à réformer CEDH (Twitter)
Keir Starmer appelle à réformer la CEDH (Twitter)
Écrit par Ewan Petris
Publié le 11 décembre 2025

Alors que Keir Starmer va rejoindre la France pour une convention à Strasbourg dès le 11 décembre 2025, le Premier ministre britannique exhorte les dirigeants européens à réformer la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH), afin de faciliter les expulsions de migrants en situation irrégulière. Une position qui marque un tournant dans la stratégie migratoire du Royaume-Uni, affichant clairement sa volonté de moduler les règles des droits de l’Homme. 

 

Durcir les règles… sans quitter la CEDH ?

 

Contrairement aux conservateurs et au parti Reform UK, qui appellent dans leur programme à une sortie pure et simple de la CEDH, Keir Starmer souhaite “moderniser le texte” pour répondre aux “défis de la migration de masse”. Dans une tribune cosignée avec la Première ministre danoise Mette Frederiksen, il affirme qu’il est nécessaire de “montrer que nos sociétés peuvent agir avec compassion tout en défendant la loi et l’ordre”. Les deux dirigeants plaident pour un espace européen capable de répondre aux inquiétudes des citoyens sans basculer dans le populisme.

 

Le Royaume-Uni veut modifier l’article 8 de la convention

 

Le gouvernement britannique a annoncé vouloir restreindre l’usage de l’article 8, relatif au droit au respect de la vie familiale, souvent invoqué par des demandeurs d’asile pour éviter l’expulsion. Désormais, Downing Street veut aller plus loin et demande aux membres du Conseil de l’Europe de travailler sur :

 

- la création de “hubs de renvoi” situés hors d’Europe, où seraient maintenus les migrants ne pouvant être renvoyés dans leur pays d’origine ;

- un assouplissement des règles empêchant l’expulsion lorsque la personne invoque un risque de traitement inhumain (article 3) ;

- une coordination renforcée pour lutter contre les réseaux de passeurs.

 

Pressions politiques internes et tensions européennes

 

Dans un contexte particulier où les conservateurs et Nigel Farage tapent à la porte du gouvernement britannique, Keir Starmer se doit de proposer des réformes anti-immigration, sujet devenu prioritaire outre-Manche. Il cherche donc un équilibre délicat : répondre aux attentes d’une partie de l’opinion, préoccupée par les traversées de la Manche, tout en évitant une rupture juridique avec l’Europe, qui pourrait compliquer d’autres relations diplomatiques.

 

Mais plusieurs ONG et juristes mettent déjà en garde les actions du Royaume-Uni en rappelant que les protections prévues par la CEDH sont indispensables pour éviter des expulsions arbitraires et que les critiques contre la Convention sont “souvent exagérées”, la majorité des décisions migratoires étant prises sur base du droit britannique et non européen.

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