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Crise de la pêche : « Ce n’est pas la guerre, mais c’est un combat »

Des bateaux de pêche sont alignés au portDes bateaux de pêche sont alignés au port
Flickr - Nicolas Vollmer
Écrit par Margaux Audinet
Publié le 29 octobre 2021

Alors que la tension continue de monter entre les deux pays voisins, le temps des menaces semble révolu du côté français. Des mesures de rétorsion contre le Royaume-Uni débuteront mardi prochain, et cette semaine, deux bateaux anglais ont été verbalisés au Havre.

 

Le Brexit, après son vote par référendum, a posé la question de la réglementation dans les eaux séparant le continent européen du Royaume-Uni. En 2020, après de longs mois de négociations, un accord a été trouvé entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne. Les pêcheurs européens peuvent donc disposer des eaux britanniques pour exercer leur activité à condition qu’ils disposent d’une licence accordée par le Royaume-Uni, attestant qu’ils travaillaient dans cette zone avant le Brexit. Des conflits opposent toutefois le couple franco-britannique quant au nombre de licences accordé ainsi que leurs conditions d’obtention.

 

La France perd patience

Alors que le ton monte depuis plusieurs semaines entre les autorités française et britannique, la France semble en avoir fini avec les menaces. Au cours de la semaine, le gouvernement a annoncé la mise en place de mesures de rétorsion à l’encontre du Royaume-Uni à compter du 2 novembre 2021, à moins que la situation s’éclaircisse d’ici-là. Selon la déclaration de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, ces mesures consisteront en des contrôles douaniers et sanitaires sur les importations britanniques, et des interdictions de débarquement. Mercredi, deux bateaux anglais ont été verbalisés au large du Havre : l’un d’entre eux n’a pas été en mesure de présenter sa licence de pêche, tandis que l’autre a refusé que les gendarmes montent à bord. La France ne « laissera pas la Grande-Bretagne s’essuyer les pieds sur l’accord Brexit. […] Ce que nous constatons aujourd'hui c’est qu’il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C’est une situation qui n’est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites ».

En parallèle, le gouvernement français a fait appel aux institutions européennes pour « envisager toutes les mesures européennes autorisées ». La Ministre de la Mer Annick Girardin a demandé à la Commission Européenne de travailler « davantage à ce que le Royaume-Uni soit au rendez-vous de ses engagements ». A l’heure actuelle, Londres et Jersey ont délivré plus de 200 licences aux pêcheurs français, alors que Paris en demande encore 244. Gabriel Attal a précisé au cours de sa déclaration l’éventualité d’une deuxième série de mesures, plus restrictives, comprenant des mesures énergétiques.

Les pêcheurs français soutiennent avec ferveur cette réponse musclée de la part du gouvernement, s’agaçant de « progrès trop timides et surtout beaucoup trop longs pour des chefs de petites entreprises de pêche qui n’ont aucune visibilité » (Comité national des pêches français).

 

La Grande-Bretagne répond immédiatement à ces mesures

Dans ce nouvel épisode de la crise de la pêche, le Royaume-Uni s’est empressé de réagir aux mesures prises par le gouvernement français. Le porte-parole de Downing Street les a qualifiées de « décevantes » et « disproportionnées », ne correspondant pas à « ce qu’on pourrait attendre d’un allié et partenaire proche ». Le gouvernement britannique a annoncé qu’il répliquerait avec une réponse « appropriée et proportionnée » ; ce dernier a également remis en question la légalité des actions unilatérales françaises, qui enfreindraient éventuellement des lois internationales.

Les pêcheurs britanniques, dont l’écrasante majorité a voté en faveur du Brexit, n’approuvent pas les mesures de rétorsion initiées par la France qui menacent leur activité. Les principaux intéressés par la crise de la pêche, qui prennent la mer tous les jours, qu'ils soient français ou britanniques, semblent tous pâtir de la querelle opposant la France au Royaume-Uni. Au micro de RTL, Annick Girardin a déclaré que « ce n’est pas une guerre, mais c’est un combat ». Selon Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, « nous devons parler le langage de la force puisque cela semble être la seule chose que ce gouvernement britannique comprend ».

 

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