Véritable tradition à Wimbledon, les habits blancs sont imposés aux athlètes depuis 1963. Une longévité exceptionnelle pour un dress code strict rarement contesté, mais qui pourrait bien disparaître à la demande de certaines joueuses, qui jugent la tenue inadaptée aux périodes des règles.
Le plus ancien tournoi de tennis au monde aurait-il mal vieilli ? Certainement pas, à en juger sa popularité encore considérable auprès du public. Un de ses symboles les plus emblématiques, à savoir sa tenue vestimentaire, est en revanche sujet à débat, sous l’impulsion de tenniswomen qui dénoncent « le stress » de devoir jouer en blanc pendant leur période de règles.
Un règlement similaire pour les hommes et les femmes
Le règlement de Wimbledon est pourtant clair : les concurrents doivent se vêtir « d’une tenue de tennis appropriée entièrement blanche ». « Le blanc cassé et le blanc crème » ne sont nullement tolérés, précise également le tournoi. Au besoin, les commissaires n’hésitent d’ailleurs pas à exiger un changement de tenue aux athlètes.
En 2013, Roger Federer, maître absolu des lieux et huit fois vainqueur de la compétition, avait dû changer de chaussures, ses semelles étant trop orangées au goût des juges. Cette année encore, Mihaela Buzarnescu, engagée dans le tableau féminin, a été contrainte de changer son soutien-gorge. « Mon bustier était trop noir et le haut blanc que je portais trop transparent, on voyait tout en dessous. Il a fallu que je change, donc j’ai emprunté le bustier blanc de ma coach, et le problème était réglé », avait expliqué la joueuse après le match.
« Avoir ses règles sur le circuit est déjà assez difficile »
Face à cette situation, la joueuse britannique Alicia Barnett s’est exprimée sur ce sujet, encore largement tabou dans le milieu tennistique. Dans un entretien accordé à The Independant, elle décrit notamment la pression ressentie sur le court au moment de ses règles. « Pendant les préqualifications, j'avais mes règles et les premiers jours ont été très lourds, j'étais un peu stressée à ce sujet. Je pense qu'avoir ses règles sur le circuit est déjà assez difficile, mais porter du blanc n'aide pas », a-t-elle déclaré, tout en affirmant s’être habituée à cette exigence.
Un mal-être également éprouvé par Mónica Puig, championne olympique à Rio en 2016, qui évoque dans un tweet « le stress mental d’être habillée tout en blanc à Wimbledon et celui de prier de ne pas avoir ses règles pendant ces deux semaines ». Une crainte partagée par la Britannique Heather Watson, qui avoue « essayer de planifier ses règles » en fonction des dates du tournoi.
Mais plus qu’un simple débat sur la couleur des tenues, la question des règles est désormais un véritable enjeu de santé publique. Dans une enquête publiée en 2021, Adidas affirmait qu’une fille sur quatre abandonnait le sport à l’adolescence par peur de tâcher ses vêtements de sang.