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Brexit : quel avenir pour les orchestres de Londres ?

Les orchestres britanniques post-BrexitLes orchestres britanniques post-Brexit
Écrit par Roberto Pistolesi
Publié le 6 avril 2023

Les grands orchestres de Londres font partie intégrante de la vie culturelle de la capitale britannique. Mais depuis 2021, ils doivent s’adapter aux énormes contraintes liées au Brexit.

 

No work, no pay, des orchestres sans subventions

A l’exception du BBC Symphony Orchestra, ces orchestres sont gérés comme des entreprises privées. Ce sont des sociétés anonymes détenues par les musiciens, et sont très peu subventionnées. Lorsque les formations européennes sont subventionnées à 90% ou 100%, celles de Londres ne reçoivent que 15% à 25% d’aides publiques. A titre d’exemple le Berliner Philarmoniker, reçoit davantage de subventions que tous les orchestres symphoniques anglais réunis.

Ce modèle économique a plusieurs conséquences. Les musiciens acceptent de travailler vite et beaucoup. Ils doivent multiplier les recettes propres. C’est le système du « No work, no pay ».

Un rythme effréné, constamment sous pression, sans compter les enregistrements, ces orchestres peuvent proposer près de cent cinquante concerts annuels.  Cela veut dire aussi peu de répétitions, être prêt tout de suite. Les musiciens doivent donc être, dès la première répétition, parfaitement en place pour le concert. C’est bien là la démonstration de leur virtuosité. Mais l’exercice est aussi frustrant pour certains chefs, car cela donne le sentiment de ne rien construire.

 

 

Des orchestres hyperactifs et innovants

Ces performances orchestrales sont d’autant plus remarquables qu’aucun de ces orchestres ne possède d’une salle moderne digne des standards acoustiques des meilleurs auditoriums européens. Une autre conséquence de l’absence de véritable politique publique : ces orchestres doivent multiplier les recettes propres : billetterie bien sûr, enregistrement de musiques de films et de jeux vidéo, mécénat privé, vente de disques, téléchargement.

 

Leurs activités s’étendent donc bien au-delà de la salle de concert. Implication dans des programmes éducatifs et communautaires innovateurs, des activités de pointe dans le domaine de la musique numérique, développement considérable du streaming. Un système qui pousse donc les musiciens à une activité exténuante et très innovante.

 

Chômage, visas, … les difficultés des musiciens post-Brexit

La crise sanitaire les a mis au chômage.  « NO WORK NO PAY » Le Brexit, qui les empêche de partir régulièrement en tournée, leur principale source de revenu (40% des revenus du LSO). Les musiciens vivent des situations véritablement kafkaïennes. Certains instruments comme le violon, le violoncelle ou le basson possèdent des ornements très anciens. Passer une frontière avec la moindre pièce en ivoire, espèce protégée, nécessite un certificat, qui peut prendre beaucoup de temps à obtenir. Il faut parfois contourner le problème et trouver d’autres instruments.

Tout artiste britannique, pour travailler plus de trente jours dans l’Union Européenne doit décrocher un visa. Se pose aussi le problème du recrutement international des musiciens, essentiel dans la composition de ces orchestres. Peuvent-ils avoir le droit de travailler en Angleterre et comment les faire venir ?

L’Union Européenne avait proposé de maintenir les accords existants avec le Royaume-Uni pour la culture : des voyages sans visa, des procédures simplifiées. Ces propositions ont été rejetées par le gouvernement britannique.

Ces problèmes de long terme ont déjà connu une conséquence emblématique. Simon RATTLE, le meilleur chef britannique (voire européen) a décidé de quitter Londres pour Munich et prendre la nationalité allemande. La musique est un langage universel. Les musiciens n’ont aucune frontière. Ces contraintes inouïes les abiment. L’ignorance et l’arrogance en ont décidé autrement.

 

Des orchestres résiliants

Mais en toutes circonstances, rien ne pourra diminuer la précision et le professionnalisme de ces orchestres, tellement réactifs et conviviaux. A Londres les musiciens se remettent en cause chaque fois qu’ils montent sur scène. La structure indépendante de ces orchestres, leur fonctionnement démocratique, la participation des musiciens aux décisions, donnent leur marque à cet esprit londonien si exceptionnel.

A Londres, le goût du risque est communicatif. On insiste plus qu’on impose. On travaille dans la concorde, pas dans le rapport de force. Une suggestion, pour vibrer en étant au plus près d’eux et être transfiguré par la magie de certains Chefs, asseyez-vous derrière l’orchestre au Royal Festival Hall. Les places les moins chères, permettent parfois les émotions les plus intenses.

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