LITTERATURE - Wergeland, le bicentenaire d'un poète patriote

Cette année, la Norvège fête le bicentenaire de la naissance de l'un de ses plus grands poètes, Henrik Wergeland. Son nom est associé au romantisme, à l'indépendance et à la lutte contre les discriminations

Poète engagé, Henrik Wergeland bénissait le 17 mai 1814 (Photo : Wilh.Cappelen, Christiania / Nasjonalbibliotek)

Né en 1808 à Kristiansand, Henrik Wergeland a vécu à une époque marquée par l'indépendance vis-à-vis du Danemark et la création d'une identité norvégienne. Son père Nicolai, pasteur, a d'ailleurs participé à l'assemblée constituante d'Eidsvoll en 1814. Suivant le sillage paternel, il a étudié la théologie à Christiania (Oslo) à partir de 1825. La capitale était alors une ville plutôt tranquille de 20.000 habitants sans véritable effervescence culturelle. Wergeland s'est jeté avec fougue dans la poésie et s'est rapidement fait connaître.
Ses premiers poèmes qui conjuguaient lyrisme et patriotisme ont fait l'objet de critiques virulentes. On lui reprochait le manque d'élégance de son style et l'utilisation d'une structure très libre. Wergeland a réagi mais sans vraiment parvenir à effacer le doute né sur la valeur littéraire de ses premières ?uvres. L'homme avait d'autres combats. L'égalité sociale en était un, s'engageant notamment auprès des paysans les plus démunis.
Il s'est marié en 1939 et a obtenu un poste aux Archives royales. Touché par une pneumonie puis atteint par la tuberculose, il est décédé en 1845.

Infatigable patriote
L'?uvre qu'il a laissée est composée tout autant de poèmes que d'écrits politiques dont certains ont eu une large influence. Parmi les textes les plus célèbres, figurent La Création, l'Homme et le Messie (1830), L'Europe libérée (1831), Jan Van Huysums Blomsterstykke (Le Bouquet de Fleurs de Jan Van Huysum ? 1840), Le Pilote anglais (1844) et son autobiographie Hasselnødder.
Patriote infatigable, Wergeland a passé sa vie à interpeler ses compatriotes, parcourant les chemins, créant journaux et bibliothèques, encourageant chacun à contribuer à la reconstruction de l'identité norvégienne. Il a écrit deux recueils de poèmes engagés pour dénoncer les discriminations à l'égard des juifs (Le Juif, 1841 et La Juive, 1844) et s'est battu pour obtenir l'abolition de l'article de la constitution qui interdisait aux juifs l'accès au royaume (l'abolition a eu lieu après sa mort en 1851).
Si ses engagements et discours ont parfois dérangé, si la qualité de ses vers a été critiquée, on reconnaît à cet auteur passionné la puissance de son imagination et un talent visionnaire. A l'occasion du bicentenaire de sa naissance, de nombreuses manifestations sont organisées.
Thierry GUÉNIN. (www.lepetitjournal.com - Oslo) lundi 4 août 2008