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LIVRE – "Une sale Française" un roman captivant de Romain Slocombe

La France des années sombres de l´Occupation est de nouveau au cœur du dernier roman de Romain Slocombe, "Une sale Française", paru en janvier.

Romain SlocombeRomain Slocombe
Écrit par Fernando Couto e Santos
Publié le 20 février 2024, mis à jour le 21 février 2024

 

Auteur prolifique d´une œuvre très variée, Romain Slocombe a fait parler de lui avec Monsieur le Commandant, paru en 2011, et ensuite La Saga Sadorsky qui tourne autour d´un inspecteur collaborateur et antisémite pendant la Seconde Guerre Mondiale. La France des années sombres de l´Occupation est également au cœur de son dernier roman, Une sale Française, paru en janvier aux éditions du Seuil. Qui est cette sale Française ? Alice Beaucaire, une employée d´hôtel, ou Alice Bockert, qui a activement collaboré avec la Gestapo ? Un roman captivant.

 

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, une femme est interrogée par un commissaire de police qui s'intéresse de près à son cas.


Romain Slocombe, auteur prolifique d´une œuvre très variée

Romain Slocombe, né en 1953 au sein d´une famille franco-britannique, est un auteur prolifique d´une œuvre très variée. Il emploie plusieurs modes d´expression : bande dessinée, dessin, peinture, illustration, photographie, cinéma, essai et roman, que cela soit pour la jeunesse ou pour un public adulte.

Si dans un premier temps, son thème de prédilection était essentiellement tout ce qui avait trait à la culture japonaise, il s´est ensuite tourné vers la Seconde Guerre Mondiale. Dans ce cadre, son roman Monsieur le Commandant, fort remarqué, lui a permis d´atteindre un public différent. Le roman racontait l´histoire d´un écrivain pétainiste pendant l´Occupation. Il a été couronné du prix Nice Baie des Anges et a également figuré sur la liste des candidats au prix Goncourt.

Après ce premier succès, il a écrit La Saga Sadorsky, une demi-douzaine de romans racontant les aventures de l´inspecteur collabo Sadorsky, où l´on découvre que pendant la Seconde Guerre Mondiale et l´Occupation s´il y a bien eu des résistants et des collabos, il fut souvent difficile de distinguer les courageux d´avec les pleutres.

Enfin, en cette rentrée d´hiver 2024, Romain Slocombe avec son roman Une sale Française, plonge une nouvelle fois dans l'univers sombre de la collaboration. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, une femme est interrogée par un commissaire de police qui s'intéresse de près à son cas.

 


Une sale Française, une histoire transformée en un roman passionnant

Alsacienne, Aline Beaucaire, née Hoffert le 6 février 1911, est tombée enceinte à l´âge de 17 ans. Se préparant, au départ, à faire un avortement -clandestinement, bien sûr- elle a profité d´un retard de la personne qui devait lui fournir une adresse pour garder l´enfant, ce qui était à vrai dire ce qu´elle voulait, tout en sachant que ce serait assez difficile de l´élever seule. Alors qu´elle était employée comme femme de ménage à Paris elle s´est mariée à Roger Beaucaire, un peintre en bâtiment qui a accepté de reconnaître son fils bien que n´étant pas le géniteur. Quand la guerre a éclaté, Roger Beaucaire a été mobilisé, puis fait prisonnier et déporté au stalag XVII A en Autriche.

À la fin de janvier 1941, Aline a décidé de chercher du travail en Allemagne, laissant son fils à la garde de ses parents. Elle a obtenu une place de femme de chambre à l´hôtel Rapp à Stuttgart. L´hôtel, situé près de la gare principale, accueillait de nombreux voyageurs de passage. Un certain Monsieur Haller, de nationalité allemande, y amenait parfois des clients qu´il faisait enregistrer sous ses propres nom et prénom, Erich Haller. Les réceptionnistes n´y trouvaient rien à redire. Au bout d´un certain temps, Aline a fait la connaissance d´un nouveau client, Français de surcroît, qui fut d´abord enregistré comme Erich Haller, lui aussi, mais qui, au bout de trois jours, était inscrit sous son vrai nom : Pascal Brancaleoni. Comme Aline était la seule employée de l´hôtel à parler français et que Brancaleoni ne comprenait pas du tout l´allemand, ils sont quasiment devenus «des camarades». Néanmoins, le mystère n´a pas pris fin étant donné qu´Aline se méfiait toujours de Brancaleoni : «C´était un homme plutôt petit et rond, toujours vêtu d´un épais pardessus de flanelle gris foncé avec une martingale. J´ai essayé de savoir quels étaient les motifs de voyage à Stuttgart de ce Français. Il m'avait dit qu'il travaillait naguère comme contrôleur des Douanes, mais qu´on l´avait révoqué, j´ignore pour quelle raison ; il préférait rester discret sur ce sujet. Le personnage m'intriguait, je lui ai demandé un soir pourquoi, à son arrivée, il avait commencé par se présenter et s'inscrire sous un autre nom que le sien propre».

 

Une interrogation subsiste qui ne sera dissipée qu'aux dernières pages du roman : Aline est-elle aussi innocente qu'elle le prétend ? A-t-elle un secret à cacher ?

C'est pourtant Brancaleoni qui a présenté à Aline un homme dont elle allait tomber amoureuse : Louis Cat, un ancien sergent pilote. Aline l´a suivi en zone libre, franchissant de nuit la ligne de démarcation. Le couple rêvait de rejoindre Alger via Marseille. Marseille était la ville de tous les dangers, la ville où il y avait des réseaux de résistance, des réseaux qui essayaient d´exfiltrer tous les gens, en particulier tous les juifs, qui cherchaient un visa de sortie désespérément pour échapper au piège qui allait se refermer sur eux, mais il y avait aussi les truands corses et leurs luttes clandestines -entre le clan Sabiani et le clan Guerini- pour savoir qui aurait le pouvoir après la guerre.  L´aventure a fini par tourner au drame…

Une interrogation subsiste qui ne sera dissipée qu'aux dernières pages du roman : Aline est-elle aussi innocente qu'elle le prétend ? A-t-elle un secret à cacher ? Est-elle cette autre Aline, au nom semblable -Aline Bockert-, une Suissesse surnommée «La Panthère Noire» qui a activement collaboré avec la Gestapo ? Qui est au fait cette «sale Française» ?

Cette histoire est inspirée par un dossier envoyé à Romain Slocombe par des amis historiens. Une histoire qui nous restitue le monde en noir et gris du pétainisme, de la collaboration, de l´Occupation. Une histoire que Romain Slocombe, avec le talent qu´on lui reconnaît sans équivoque, a su transformer en un roman passionnant.

Romain Slocombe, Une sale Française, éditions du Seuil, Paris, janvier 2024.

 

 

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