Inauguré le 31 mai 1808, le cimetière général de Lima est aujourd’hui un espace qui se visite et où l’on retrouve les tombes de plusieurs Français qui se sont inscrits dans l’histoire du Pérou.
À l'époque de la vice-royauté du Pérou, il était courant d'enterrer les morts sous les églises situées dans la capitale fortifiée. Dès la fin du XVIIIe siècle, les nouvelles idées des Lumières en France ont influencé les intellectuels péruviens qui ont commencé à recommander la création d’un cimetière à la périphérie de la ville pour éviter les risques que représentaient le fait d'enterrer des personnes intra-muros. Ainsi, le 31 mai 1808 (c'est-à-dire il y a 213 ans) fut inauguré le cimetière général de Lima, qui depuis le 9 juin 1999 s'appelle le « Museo Presbítero Matías Maestro ».
Les enterrements ont malgré tout continué dans les temples, parfois secrètement. Pour convaincre les gens d’être inhumé dans ce nouvel espace funéraire, Mgr Juan Domingo González de la Reguera a ordonné qu'à sa mort ses restes y soient enterrés. Ce fut le cas dans un premier temps, bien qu'ils aient ensuite été transférés dans la crypte de la cathédrale, comme cela correspondait à sa haute investiture.
Qui était Matías Maestro ?
C’était un architecte, fabricant de retables, musicien et peintre espagnol qui est arrivé à Lima en 1790. Son étroite amitié avec l'archevêque González de la Reguera l'encouragea à se faire ordonner prêtre en 1793 et à collaborer aux travaux de restaurations voulus par le gouvernement ecclésiastique de la ville. Matías Maestro a été chargé de concevoir ce cimetière et c'est pourquoi, il porte son nom maintenant et qu’il y est lui-même enterré, près de l'entrée principale.
Des visites guidées très populaires du cimetière « Presbítero Maestro »
Le cimetière a été abandonné pendant longtemps, mais ces dernières années, il a commencé à être plus reconnu et valorisé par les habitants de Lima. Et bien qu'il existe encore certains problèmes pour sa bonne administration, il est aujourd'hui plus facile de le visiter.
Parmi les zones les plus connues, « l'avenue de la mort » est incontournable car y sont enterrés plusieurs des personnages les plus importants de l'histoire du Pérou (présidents, artistes, intellectuels, hommes d'affaires, etc.). Cette allée regorge donc d'élégants mausolées, dont beaucoup ont été commandés en Europe au moment de la prospérité économique de l’époque du guano au milieu du XIXe siècle.
La « crypte des héros » est également très connue, un monument construit 100 ans après la fondation du cimetière. Sur ses trois niveaux se trouvent les restes des héros et des héroïnes qui ont défendu le Pérou durant la guerre contre le Chili. Le projet était en charge du français Emile Robert qui a également conçu le Congrès et d'autres travaux publics importants à Lima. Au milieu de la façade se trouve la Gloria Victis, une image allégorique dans laquelle un personnage ailé est vu menant un héros anonyme à la gloire avec son épée brisée en signe de défaite. Cette sculpture est inspirée de celle créée par le Français Antonin Mercie en l'honneur des soldats tombés au combat pendant la guerre franco-prussienne.
Un autre espace très visité est la caserne de San Joaquín, plus connue sous le nom populaire de « caserne du suicide », tout simplement parce que certaines personnes qui y sont enterrées, se sont suicidées, mais la plupart d'entre elles sont des personnes qui n’étaient pas de religion catholique (chinois, protestants, francs-maçons, etc.), c'est pourquoi cet espace est aussi appelé le « pavillon laïc ». Le tombeau de la célèbre « sorcière Camacho » qui se trouve également dans ce quartier, suscite la curiosité de nombreux visiteurs, à tel point que régulièrement des bougies noires sont retrouvées devant sa niche.
Plusieurs personnes enterrées dans ce cimetière sont devenues petit à petit de véritables Saints, très populaires, et bien qu’ils ne soient pas reconnus par l'Église catholique, de nombreux fidèles viennent leur demander des miracles. Nous nous référons, par exemple, à sœur María de la Cruz y de la Luz, qui est la plus ancienne enterrée dans ce cimetière puisque sa tombe date de 1808 ; ou l'enfant Ricardito Spiel protecteur des enfants.
Des Français qui ont eu un rôle dans l'histoire du Pérou y sont également enterrés
C’est le cas de Sofía Bergmann de Dreyfus, mariée au banquier Aguste Dreyfus, mais aussi le consul général de France au Pérou Edmond de Lesseps qui mourut en 1815 ; le héros de l'indépendance péruvienne Juan Francisco Paillardelli, ou encore Eugenio Girost, sergent-major de l'armée des Andes. Nous ne pouvons oublier Salvador Soyer, le plus important responsable militaire de son temps au Pérou, décédé en 1849 et Hermasie Paget, peut-être la personnalité française la plus célèbre de l'histoire du Pérou pour sa défense des Péruviens pendant la guerre contre le Chili.
Heures d'ouverture au cimetière « Presbítero Maestro » en temps de Covid-19
Du mardi au dimanche.
Horaires en journée : de 8h30 à 14h00. Les billets s'achètent à la billetterie devant la Crypte des Héros.
Horaires en soirée : de 17h30 à 20h00. Inscription préalable en appelant le 999 122 719 ou sur les réseaux sociaux de la Charité Publique de Lima.
Il est recommandé d'entrer avec un guide en raison de la grande taille du cimetière.
Rédacteur : Pablo Solórzano – Guide touristique
Photographies : Eduardo Vidal Pianezzi – Photographe