Mort le 14 mai 1890, le contre-amiral Abel Bergasse du Petit-Thouars est un Français dont le nom est bien connu à Lima, puisqu’il a sa propre avenue et un monument construit en son honneur.
Abel Bergasse du Petit-Thouars est né dans le Loiret en 1832. Il est issu d'une famille de marins et a participé aux guerres de Crimée et franco-prussienne. Une grande partie de sa carrière s'est déroulée en Asie, en Polynésie et sur les côtes d'Amérique du Sud. Il est certainement l'un des Français les plus connus à Lima où une longue et importante avenue porte son nom. Un monument a également été construit en son honneur en remerciement pour son intervention diplomatique dans la guerre du Pacifique qui a opposé le Pérou et la Bolivie au Chili, à la fin du XIXème siècle.
Contre-amiral, il est chargé en 1880 de pacifier les îles Marquises. Il se trouve lors de son voyage de retour à Lima, au Pérou, au moment où les troupes chiliennes vont s'emparer de la ville pendant la guerre du Pacifique. Par son attitude ferme et décidée, il empêche les excès et sauve cette capitale d'une destruction sanglante.
La Française Marie Eugène Paget a également œuvré pour les habitants de Lima
Du Petit-Thouars n'est pas le seul Français à avoir joué un rôle important durant ces jours difficiles de l’histoire péruvienne. En effet, il ne faut oublier Sœur Paget qui est arrivée au Pérou le 12 novembre 1848 avec la Congrégation des Sacrés Cœurs. À seulement 26 ans, Marie Eugène Paget a assumé la fonction de Mère Supérieure du Collège de Belén de Lima qui appartenait à la Congrégation.
En 1879, les ressources étaient rares à Lima en raison du blocus du port de Callao par la marine chilienne. Alors que la faim commençait à faire souffrir les plus pauvres, Mère Paget a organisé des distributions de nourriture pour leur venir en aide. C'est dans ce contexte que du Petit-Thouars la rencontre. C’est à cette époque que le commandant en chef de la division navale française du Pacifique débarque à Lima (peut-être préoccupé par le sort des Français qui vivaient dans la capitale péruvienne). Du Petit-Thouars fut témoin de la grande aide que Paget apportait aux plus pauvres au milieu de la guerre. Ils se sont tous deux très vite liés d’une grande amitié.
En janvier 1881, l'armée chilienne est proche de Lima quand le contre-amiral quitte la ville. Avant de partir, il propose à son amie, Mère Paget, de l'emmener avec lui sur son navire « La Victorieuse », mais la religieuse rejette l'offre et exprime son désir de rester pour aider les personnes dans le besoin, notamment pour leur offrir refuge dans son école.
Du Petit Thouars sauve la capitale péruvienne d’une destruction sanglante
Déjà à la hauteur du Chili, le contre-amiral prend une décision qui va dérouter son équipage : il ordonne de retourner à Lima. La légende dit que Santa Rosa de Lima lui serait apparue en rêve et que le souvenir de Mère Paget et de sa charité ne quittait pas son esprit. La vérité historique est difficile à établir car il n'existe pas de documents historiques qui viennent expliquer une telle prise de décision, toujours est-il que Du Petit Thouars a réussi à justifier devant ses supérieurs la nécessité de retourner à Lima parce qu’il considérait sa présence indispensable sur le « théâtre des événements ».
C'est ainsi que Du Petit-Thouars et d'autres commandants militaires européens qui se trouvaient dans la ville, ont fait pression sur le général Manuel Baquedano, chef de l'armée chilienne, pour qu'il respecte la vie et les biens des étrangers qui vivaient dans la capitale péruvienne, et donc indirectement aussi des Péruviens. La légende (encore une fois la légende) dit que le contre-amiral français aurait menacé d'attaquer la flotte chilienne si leur armée détruisait Lima. Mais, selon les propos de Abel Bergasse du Petit-Thouars lui-même, la pression exercée par tous les représentants étrangers aurait été suffisante pour ne pas avoir à menacer les Chiliens qui ont donc fini par prendre la ville de Lima sans commettre les dégâts qu'ils avaient précédemment causés dans d'autres villes. Cependant, il y a malgré tout eu quelques actes de violence, comme le pillage de la Bibliothèque nationale du Pérou.
Cette intervention diplomatique pendant la guerre du Pacifique du Français du Petit-Thouars explique pourquoi il est si reconnu au Pérou. Tout comme sa compatriote Hermasie Paget (avec les Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus) qui a joué un rôle important durant cette période dramatique dans l'histoire du Pérou, en apportant un grand soutien aux plus vulnérables. Aujourd'hui, un parc du quartier de San Isidro porte son nom et sa tombe (quelque peu abandonnée) se trouve dans le cimetière « Presbítero Matías Maestro ».
Rédacteur : Pablo Solórzano – Guide touristique