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Lima sous état d’urgence : quelles conséquences pour les expatriés ?

Le gouvernement péruvien a décrété, ce lundi 17 mars, l’état d’urgence à Lima et dans la province de Callao. Cette décision intervient dans un contexte de montée de la violence, marqué notamment par l’assassinat d’un musicien populaire.

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@Bernd Dittrich
Écrit par Garance Chassé
Publié le 19 mars 2025, mis à jour le 20 mars 2025

 

Le meurtre de Paul Flores met le feu aux poudres

Dimanche 16 mars, Paul Flores, aussi connu sous le nom “Ruso”, membre du groupe de cumbia Armonia 10, est assassiné quelques heures après un spectacle dans un quartier périphérique de la ville. Quelques jours avant le concert, son manager avait reçu une menace d’extorsion.

Ce scénario n’est malheureusement pas un cas isolé et les menaces d’extorsions sont devenues monnaie courante dans l’industrie musicale péruvienne. Le mode opératoire repose sur l’intimidation : payer pour sa sécurité.

« Je suis victime d'extorsion depuis deux ans. Des criminels m'envoient des messages et m'appellent. J'ai renforcé la sécurité chez moi. La situation empire. Maintenant, si on veut travailler en paix, il faut se soumettre à leurs agissements. Regardez ce qui vient de se passer », témoigne Jhon Leyva, producteur d’événements musicaux, dans le journal El comercio.

Il explique avoir dû verser environ 30.000 S/ (soit l’équivalent de 7.450€) depuis environ deux ans pour assurer sa sécurité et celle de sa famille.

 

Une réaction gouvernementale immédiate et drastique

Dans les heures ayant suivi le meurtre du chanteur, le gouvernement Boluarte a annoncé son intention de faire un décret visant à lutter contre la violence des bandes organisées sévissant dans la capitale.

 

“Je tiens à exprimer mes plus sincères condoléances à la famille, aux collègues et aux amis de Paul Flores, « El Ruso », décédé. Je vous assure que ce crime répréhensible ne restera pas impuni. Suite à une réunion tenue au Palais du Gouvernement, il a été décidé qu’un décret  sera publié dans les prochaines heures…”,Gustavo Adrianzén (@SPCM_Peru) 17 mars 2025.

Ainsi, lundi 17 mars dans la soirée, le gouvernement péruvien a annoncé l’état d’urgence à Lima et la province de Callao, pour une durée de 30 jours, par le décret suprême n°035-2025-PCM.

Ce décret suprême prévoit notamment le déploiement de l’armée en soutien à la police nationale dans les rues, et facilite les perquisitions et les arrestations sans recours à un mandat judiciaire. Plus encore, le décret autorise la restriction de droits constitutionnels, tels que le droit à la circulation et le droit de se réunir.

 

Un climat de violence

Le Pérou est confronté à un problème majeur de criminalité depuis des années. Depuis janvier 2025, la police de Lima a recensé 459 homicides et 1.909 cas d’extorsions. Selon l’index mondial du crime organisé, le pays affiche un score de 6.35, le classant au 26e rang des pays les plus criminels. Les auteurs de ces actes sont majoritairement des bandes criminelles organisées, dont les plus notoires sont Tren de Aragua, un gang vénézuélien particulièrement violent, actif dans plusieurs pays d’Amérique du Sud.

 

Une réaction mitigée de la part de la population Liménienne

Face à ces chiffres alarmants, la réaction du gouvernement divise les Péruviens et ne fait pas l’unanimité. Dans les rues de Lima, la frustration domine.

“ Sortir les forces armées, ça va aider à combattre la délinquance ici. La seule chose à faire c’est la peine de mort”, déclare Jorge Luis, interrogé par RFI.

 

 

“La présidente promet mille choses et à la fin ça ne porte jamais ses fruits.”, estime Victoria, déplorant l’inefficacité du gouvernement.

Dans les rues de Lima, les habitants résignés après l’annonce de l’état d’urgence.

La colère des Péruviens grandit, et beaucoup remettent en cause le gouvernement péruvien, allant jusqu’à réclamer la démission du ministre de l’Intérieur Juan José Santivanez. Une motion de censure a été déposée contre lui.

 

La communauté expatriée est-elle impactée par l’état d’urgence ?

L’état d’urgence ne concerne pas seulement les citoyens Péruviens : la communauté expatriée est également concernée. Dans les jours prochains, il ne sera pas rare de voir dans les rues de Lima des militaires armés, ou d’observer une baisse des activités commerciales due aux restrictions mises en place. S’il s’agit avant tout de renforcer la sécurité de la ville, car étant un enjeu massif, cela impose également un climat anxiogène et de tension.

 

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