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L’image des habitants de l’Amazonie dans l’Histoire

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© César Calvo de Araújo - “Mujer amazónica”, 1960.
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 11 mars 2021, mis à jour le 30 juin 2023

De la conquête espagnole à la fin du 20ème siècle, la représentation des autochtones qui peuplent la forêt amazonienne du Pérou a très souvent été dépréciative et associée à l’image de sauvages.

 

Savez-vous quelle est l'origine du nom du fleuve Amazone ?

Quand les espagnols ont navigué pour la première fois sur les eaux du fleuve le plus grand du monde, ils ont été abattus par un groupe d’indigènes qui les ont attaqués avec leurs flèches et leurs lances. Dans ses chroniques, Gaspar de Carvajal explique que cette expédition menée par Francisco Orellana a été vaincue par les guerrières mythologiques, les Amazones. Avec le temps, cette association avec le mythe grec a fini par donner son nom au fleuve Amazone.

 

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© Samuel Fritz, 1707

 

Les habitants de l’Amazonie et leur image de « sauvages »

Nombreuses furent les expéditions qui se sont aventurées en Amazonie dans le but de conquérir, coloniser et évangéliser cette région. À chaque fois, des illustrations (dessins, gravures ou aquarelles) ont été réalisées, montrant la grande richesse de la flore, de la faune, des paysages et des habitants. C’est l’époque des premiers portraits des femmes et des hommes de l'Amazonie, mais toujours avec une perspective qui a popularisé leur image comme de fiers et indomptables sauvages.

 

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© E. Riou - Expédition de Paul Marcoy - 1869

 

Avec l’arrivée des photographes en Amazonie, à partir des années 1860, nombreux furent les clichés de groupes représentant des explorateurs qui s’enfonçaient dans les forêts impénétrables.

 

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Expédition de Baltasar La Torre à Madre de Dios – 1873

 

La légende de cette photographie de groupe de l’expédition Baltasar La Torre à Madre de Dios raconte que tous les membres ont été dévorés par les indigènes Huachipayris et que seul a survécu le photographe. Une nouvelle démonstration de comment à travers des images s’accentuait la condition de sauvage des habitants de l’Amazonie, niant ainsi la possibilité d’un autre type de civilisation valide et distincte de la société occidentale.

 

Au début du 20ème siècle, beaucoup de cartes postales ont été vendues et de cette manière l’imaginaire de l’Amazonie s’est diffusé dans toute la société de l’époque républicaine au Pérou. Elles venaient accompagnées de phrases très souvent désobligeantes et satiriques qui faisaient référence aux indigènes de l’Amazonie. L’intention était là encore de justifier l’urgence de domestiquer la jungle et ses habitants.

 

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© Charles Kroehle – 1890

 

Cette image captée par Charles Kroehle présente selon son auteur un groupe d’indigènes effrayés par la présence du photographe. Plus tard, cette photographie a été publiée sous le format d’une carte postale par le studio de Eduardo Polack, superposant des vêtements aux autochtones et rajoutant le titre « Indigènes anthropophages ».

 

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© Eduardo Polack

 

Cette manipulation de l’image où l’on qualifie les indigènes de sauvages et de cannibales, a motivé la production de plusieurs œuvres contemporaines comme celle de Iosu Aramburú (« Nus dans la forêt ») à partir de laquelle l’artiste nous invite à réfléchir sur les préjudices qu’a connu l’image des habitants de l’Amazonie à travers le temps.

 

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“Nus dans la forêt” de Iosu Aramburu

 

L’important fossé culturel entre Lima et l’Amazonie

Jusqu’à aujourd’hui, cette région qui occupe les deux tiers de la superficie du Pérou continue d’être incomprise par la grande majorité des péruviens. En 1943, le Pérou a célébré les 400 ans de la découverte du fleuve Amazone avec une grande exposition à Lima dont l’objectif était de créer une mémoire collective qui renforce le sentiment d’appartenance à la région de la forêt amazonienne.

Six pavillons ont été construits dans lesquels les artistes les plus en vue du Pérou à l’époque ont exposé leurs peintures murales, leurs tableaux et leurs sculptures. Aujourd’hui, il est possible d’affirmer que cette exposition est venue renforcer l’image donnée à l’Amazonie depuis sa découverte, c’est-à-dire une terre de richesse qui doit être exploitée.

Les peintures exposées mettaient en avant le patriotisme des péruviens qui ont conquis, évangélisé, colonisé et exploité ces terres. Une fois de plus, les indigènes ont été représentés comme des sauvages qui n‘apportaient rien à la croissance de la nation.

César Calvo Araujo, l’artiste amazonien le plus reconnu du 20ème siècle, écrira une lettre aux organisateurs de l’exposition pour montrer sa préoccupation face à la non-participation d’artistes originaires de l’Amazonie. « Il est à regretter que pour la réalisation de ces travaux, intrinsèquement régionaux, sur notre Amazonie, les gens de cette région aient été mis de côté ».

 

Dans les années 1940, apparaît un mouvement artistique et littéraire qui propose de raconter l’histoire de la région amazonienne depuis le point de vue de ses propres protagonistes, comme avec le photographe et cinéaste Antonio Wong Rengifo qui apporte un nouvel imaginaire sur l’identité des hommes et des femmes de l’Amazonie.

 

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© César Calvo de Araujo

 

Sur cette peinture murale, César Calvo de Araújo représente l’arrivée des espagnols en Amazonie comme une irruption violente, abusive et criminelle contre les populations natives.

 

En Amazonie, il existe encore 48 communautés indigènes réunies en 17 familles linguistiques. Il s’agit de la région avec la plus grande diversité culturelle au Pérou. Actuellement, l’art amazonien présente les habitants de l’Amazonie fiers de leur identité.

 

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© César Calvo de Araújo - “Mujer amazónica”, 1960.

 

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