Vous avez sans doute déjà vu au hasard de vos balades en Indonésie une petite balle de rotin qui semble voler dans les airs ! Curieux mélange de football et de volleyball, le sepak takraw est l’un des passe-temps les plus spectaculaires d’Asie du Sud-Est.
Il existe plusieurs versions de ce jeu, mais le but reste le même, quel que soit le pays dans lequel il est joué : garder cette petite balle de rotin en l’air le plus longtemps possible en utilisant les pieds, les genoux, les épaules, la tête, … Vous l’aurez compris, n’importe quelle partie du corps, excepté les mains.
Qu’il s’appelle sipa aux Philippines, sepak raga en Malaisie, da cau au Vietnam ou encore kator au Laos, ce sport fait partie des traditions du sud-est asiatique.
Les origines du sepak takraw
Il semble que ce jeu soit en partie originaire de Chine et qu’il soit arrivé dans la région avec le commerce chinois. Au début de notre ère, il y a quelques 2.000 ans, un jeu similaire servait d’exercice militaire aux soldats chinois qui devaient envoyer en l’air une balle bourrée de plumes, leur permettant ainsi d’acquérir une certaine dextérité et surtout de garder la forme.
Mais c’est au XVème siècle en Malaisie que le sepak takraw tel qu’on le connait aujourd’hui trouve son origine. Certains textes historiques malais mentionnent que le jeu a été joué dans le Sultanat de Malacca. A cette époque, il était réservé à la cour royale. Plusieurs joueurs, jusqu’à 30, se mettaient en rond et se lançaient la balle, le but étant de ne pas faire tomber la balle à terre.
Vers le XVIème siècle, le jeu s'est répandu en Indonésie où les gens l'appelaient sepak raga. En Sulawesi, le jeu de football traditionnel Bugis s'appelle aussi Raga (le joueur s'appelle Pa'Raga). Il existe une variante du jeu où la balle est passée de l'un à l'autre des joueurs et celui qui envoie la balle le plus haut est désigné vainqueur.
En Thaïlande, certains ont peut-être eu la chance d’admirer les peintures murales du Wat Phra Kaew à Bangkok ? Le dieu hindou Hanuman y est représenté jouant au sepak takraw dans un ring avec d’autres singes.
Le jeu a été joué sous sa forme circulaire pendant des centaines d'années. C’était une façon de se sociabiliser dans les villages. Mais c’est en 1740, en Thaïlande, que la version moderne du sepak takraw apparait. En 1829, la Siam Sports Association rédige les premières règles du jeu. Quatre ans plus tard, l'association introduit le filet de style volleyball et organise le premier match public. Le jeu devient alors sport national au même titre que la boxe thaïlandaise. Il rentre dans les écoles et fait partie du programme d’éducation physique.
En 1933, en Thaïlande, le jeu est si populaire qu’une exposition de sepak takraw a été organisée pour célébrer la première constitution du royaume, après que la Thaïlande ait aboli la monarchie absolue.
Sepak takraw, une discipline officielle aux Jeux Asiatiques
À l’international, le jeu est régi par l'ISTAF, la Fédération Internationale de Sepak Takraw. En 1990, le sepak takraw devient une discipline des jeux asiatiques. En 1997, la Thaïlande accueille les premiers championnats féminins. Aujourd’hui, c’est quelques 31 pays qui ont une association nationale de sepak takraw.
Sepak takraw et badminton se partagent un même terrain de sport
Il est joué sur un terrain dont la superficie est la même que celle d’un terrain de badminton. Un filet, identique à celui du volleyball, partage le terrain en deux.
Dans les compétitions officielles, la balle traditionnelle en rotin n’est plus utilisée. Trop fragile, elle a été remplacée par une balle en fibres synthétiques tressées.
Sepak takraw : les règles du jeu
Le jeu se joue à deux équipes. Chaque équipe est appelée regu. Chaque regu est composée de trois joueurs.
Un match se joue en deux sets gagnants, chaque set étant gagné lorsqu’une équipe remporte 21 points. En cas de 3ème set, la première équipe qui atteint 15 points gagne le set.
Un joueur se place au centre du terrain : c’est le tekong ou le serveur. Les deux autres joueurs se placent l'un à gauche et l'autre à droite. Le joueur de gauche (apit kiri) est le passeur et le joueur de droite (apit kanan) est l’attaquant.
Le jeu se joue comme du volleyball ; il est simplement interdit d’utiliser les bras et les mains.
Dès que le tekong frappe la balle, tous les joueurs sont autorisés à se déplacer librement dans leur terrain respectif.
Le service est validé si la balle passe au-dessus du filet, qu'elle le touche ou non, et est envoyée dans les limites du terrain de l'équipe adverse. Les joueurs peuvent se faire trois passes au maximum entre eux ou à eux-mêmes avant de renvoyer la balle dans le camp adverse. L’équipe marque un point quand la balle touche le sol dans le camp adverse ou si les joueurs adverses envoient la balle hors du terrain.
C’est un jeu très impressionnant à regarder où la gravité est en permanence défiée. Les torsions aériennes des joueurs et la vitesse aveuglante du jeu font le régal du spectateur.
Les nations asiatiques font pression sur le Comité d'Organisation Olympique afin que le sepak takraw devienne discipline olympique.
Alors à vos balles !!!