Vous ne connaissez peut-être pas son nom, mais tout le monde l'a déjà vu ici à Jakarta ou bien en Afrique, ou bien ... Car ce jeu, si populaire en Indonésie, ne trouve pas ses origines dans le pays. Mais alors d'où vient-il et comment est-il arrivé en Indonésie ?
Aux origines du Congklak
Le congklak est certainement l'un des premiers jeux. On trouve les premières traces autour de l'an 7.000 avant J-C, en Afrique et dans le monde arabe. L'Indonésie se trouvant à la croisée de nombreuses routes commerciales maritimes reliant l'Asie et l'Europe, il semble évident que le jeu ait été apporté par les marchands au fil des siècles.
Ce jeu existe en de nombreuses versions. On lui dénombre plus de 200 noms selon le lieu où il est joué, tout comme ses règles varient selon la culture locale. En anglais, il est connu sous le nom de Count and Capture. Dans les pays arabes, on l'appelle Mancala (bouger). Dans les pays d'Afrique de l'ouest, on le connait sous le nom de Warri (maison), Awale chez les Masaïs. Même en Indonésie, le jeu a différents noms selon la région. A Sumatra, on lui donne le nom de Congklak, Dakon à Java, Mokaotan en Sulawesi, ou encore Maggaleceng ...
Toutefois, son nom indonésien le plus commun est Congklak, ce qui signifie coquille de cauris, espèce de petit coquillage de la famille des Cypraeidae.
En Indonésie, il semblerait que le jeu ait d'abord été joué par les jeunes filles nobles de Java, conséquence des liens étroits que les marchands étrangers entretenaient avec la classe supérieure. De nos jours, le Congklak s'est largement démocratisé. Tous les indonésiens y jouent, peu importe leur classe sociale. Malgré tout, le jeu reste plutôt considéré comme un jeu de "filles".
En Sulawesi, le jeu était seulement joué durant les périodes de deuil ; y jouer en-dehors de ces périodes était considéré comme tabou. A central Java, le jeu était utilisé par les fermiers pour calculer les saisons, savoir quand planter, quand récolter, ainsi que pour prédire l'avenir.
Sa popularité de par le monde est sans doute due à la simplicité de ses matériaux utilisés, preuve en est l'exposition Mancala de 1997 au British Museum.
Le plateau de jeu
Même si certains Congklak retrouvés à l'est de Java étaient en pierre, traditionnellement, le plateau de jeu est en bois. Constitué de deux rangées, il existe différentes variations quant au nombre de trous par rangée de 5, 6, 7 ou 9 selon les îles. Chaque jeu dispose de deux trous plus gros pour la réserve.
En Indonésie, les trous sont appelés "anak" (enfant) et les trous de la réserve "Indung" (mère).
Bien que la plupart des jeux soient d'un design très simple, il peut être sculpté, prenant la forme d'un bateau, ou même d'un Naga (dragon) dans le centre de Java, la tête tournée vers l'extérieur, les jambes servant à surélever le jeu.
Dans la province de Lampung (Sumatra), les enfants jouent sans plateau, en creusant simplement des trous à même le sol.
Les pièces pour jouer
Le jeu en lui-même n'a pas tellement changé depuis ses origines. On utilise des cailloux, des graines ou des coquillages, bref, tout ce qu'on trouve sous la main. Près des plages, on utilisera plutôt des coquillages alors que près des rivières, ça sera des cailloux, ou des graines dans les zones agricoles (graines de tamarin, graines de sawo, noix de kemiri, grains de maïs...).
Dans la version Sud-Est Asiatique, les trous sont généralement plus gros étant donné que les graines utilisées sont plus grosses.
Règle du jeu simplifiée
La règle est similaire au Brunei, en Malaisie, aux Maldives, aux Philippines ou en Indonésie. On y joue avec un jeu à 7 trous (2 rangées de 7 trous) et 98 pièces.
Chaque joueur place 7 graines dans chacun des trous de sa rangée, à l'exception du trou de la réserve, qui se trouve à sa gauche.
- Le joueur qui commence ramasse toutes les graines dans le trou de son choix situé dans sa rangée et dépose une à une les graines dans chacun des trous suivants dans le sens des aiguilles d'une montre. Le joueur laisse tomber une graine dans sa réserve à chaque fois qu'il la passe, mais n'en dépose aucune dans la réserve de son adversaire. La façon dont le jeu continue dépend de l'endroit où la dernière graine est déposée.
- Si cette graine tombe dans la réserve du joueur, le joueur ramasse les graines de n'importe lequel de ses trous et recommence à en déposer une dans chaque trou sans oublier sa réserve.
- Si la dernière graine tombe dans un trou contenant des graines, le joueur ramasse toutes les graines de ce trou et continue de les faire tomber une à une comme précédemment.
- Si la dernière graine tombe dans un de ses trous sans graine, le joueur ramasse sa graine ainsi que les graines dans le trou opposé de son adversaire. Ces graines sont déposées dans sa réserve. Mais si le trou de son adversaire en face est vide, le joueur dépose dans sa réserve sa dernière graine et perd son tour.
- Si la dernière graine tombe dans un trou vide appartenant à l'adversaire, le joueur perd son tour.
- C'est au tour de l'autre joueur. Il ramasse toutes les graines d'un de ses trous et les fait tomber une par une, jouant de la même manière que précédemment.
Le jeu continue ainsi jusqu'à ce qu'un joueur n’ait plus de graines dans ses trous. Les graines restantes sont attribuées à la réserve de l'adversaire.
A la fin du jeu, les joueurs comptent les graines de leur réserve, et celui qui a le plus de graines a gagné.
Peu importe la version que vous jouez, peu importe le nom par lequel vous l'appelez, le Congklak est un jeu qui peut être joué à tous les âges et qui demande patience et une certaine dextérité.
Alors, prêt pour une partie ???