Les augmentations de tarifs douaniers annoncées par Donald Trump, mercredi 2 avril depuis la Maison-Blanche, frappent durement l’Indonésie comme de nombreux pays du Sud-Est asiatique : 49 % pour le Cambodge, 46 % pour le Vietnam, 36 % pour la Thaïlande, 24 % pour la Malaisie, 17 % pour les Philippines… et 32 % pour l’Indonésie. Une nouvelle donne qui aura de nombreuses conséquences et place le pays dans l’incertitude.


L'Indonésie face à l'impact de la politique tarifaire de Trump
Comme tous les pays du monde, l’Indonésie attendait ce chiffre avec fébrilité. Ce sera donc 32%. Trente-deux pour cent d’augmentation des taxes douanières sur les biens exportés d’Indonésie vers les États-Unis. La nouvelle est arrivée dans la nuit de mercredi à jeudi dernier depuis la roseraie de la Maison-Blanche à Washington, où Donald Trump a prononcé son discours sur « la déclaration d’indépendance économique », tel qu’il décrit cette politique tarifaire.
L’annonce a immédiatement secoué l’Indonésie, qui a réalisé en 2024 plus de 16 milliards de dollars d’excédents commerciaux avec les États-Unis sur un total d’environ 31 milliards. Les USA représentent ainsi, en valeur, plus de la moitié du commerce extérieur indonésien, derrière la Chine. Des exportations qui concernent des secteurs clés comme le textile et l’habillement, les chaussures, l’électronique, le caoutchouc, l’huile de palme ou les produits de la pêche.
Ces industries, essentielles pour l'économie indonésienne, pourraient subir des pertes significatives en raison de la diminution de leur compétitivité sur le marché américain. L’impact sur l’emploi est également redouté, alors que l’industrie textile indonésienne a procédé, depuis le début de l’année, à de nombreux licenciements. Aux États-Unis, des entreprises comme Nike, qui fait fabriquer de nombreux modèles dans l’archipel, redoutent une baisse des stocks disponibles dès que les tarifs seront appliqués. Ce serait à partir du 9 avril selon le président américain qui justifie ainsi cette politique :
« Depuis des décennies, notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis. » Donald Trump
Dans cette logique, les États-Unis affirment que l’Indonésie applique 64% de taxes aux produits américains. Des calculs, pour l’Indonésie comme pour les autres pays, jugés farfelus par la plupart des économistes, qui ne comprennent pas comment Donald Trump parvient à un tel résultat. Pas le temps de tergiverser, l’heure est à la riposte. Mais quelle riposte, alors que le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, distillait un conseil pour tous les pays visés : « Ne répliquez pas. Détendez-vous, encaissez le coup, et attendez de voir comment la situation évolue. Car si vous ripostez, il y aura une escalade. ».
L'Indonésie réexamine sa stratégie économique et commerciale
Le gouvernement indonésien réfléchit à la stratégie à adopter, mais selon le ministre de la Coordination des affaires économiques, Airlangga Hartarto, le président Prabowo Subianto a immédiatement demandé à son cabinet d’examiner des procédures de simplification des règles commerciales, notamment celles liées à la TKDN (Tingkat Komponen Dalam Negeri), qui définit le pourcentage de composants locaux utilisés pour la production de marchandises importées en Indonésie.
Les autorités indonésiennes ont également annoncé vouloir lancer des négociations immédiates avec les États-Unis en envoyant notamment une délégation de haut niveau à Washington. L’Indonésie pourrait également chercher à diversifier ses exportations vers d'autres marchés, notamment l'Union européenne et la Chine. Une diversification que le pays espère faciliter grâce à sa récente adhésion aux BRICS.
Ces hausses de tarifs tombent à un très mauvais moment pour l’archipel, qui traverse un trou d’air économique et politique, une centaine de jours après la prise de fonction du président Prabowo. Des doutes ont émergé sur sa capacité à financer ses grandes promesses de campagne, comme fournir un repas gratuit à tous les écoliers et les femmes enceintes du pays. Sur la création de Danantara, un fonds souverain de gestion des actifs des participations de l'État dans les entreprises publiques, et sur la possibilité d’atteindre l’objectif de 8 % de croissance par an. Le tout sur fond de baisse vertigineuse de la rupiah indonésienne, qui a atteint, fin mars 2025, son niveau le plus bas depuis la crise financière asiatique de 1998.