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Lycée Français de Jakarta : 365 jours sans élèves

Lycée IndonésieLycée Indonésie
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 17 mars 2021, mis à jour le 18 mars 2021

Le 16 mars 2020, le Lycée Français de Jakarta fermait ses portes à cause de la pandémie de Coronavirus. L’enseignement en ligne s’est mis en place; les enseignants, les élèves se sont adaptés à ces nouveaux outils de travail. Un an sans école en présentiel, un an sans élèves, des perspectives d’ouverture encore incertaines, lepetitjournal.com de Jakarta a rencontré le proviseur du LFJ, Brahim Oualli pour faire un bilan de cette année si particulière.



Le 16 mars 2020, le LFJ fermait ses portes aux élèves pour des raisons sanitaires ; une année est passée, l'établissement est toujours fermé aux élèves. Un an après, où en sommes-nous ?


Nous avons dû changer nos pratiques, en nous adaptant d’un schéma d’école en présentiel vers celui d’un enseignement à distance. Avec le temps, nos pratiques sont devenues plus mâtures et le référentiel présentiel a laissé sa place à une expertise d’offre pédagogique en distanciel. Il y a un an, on était loin d’imaginer que cela soit possible. Evidemment, il ne faut pas chercher de comparaison entre l’un et l’autre. L’enseignement à distance n’est pas un choix. C’est une alternative. 

Les équipes et les élèves maîtrisent maintenant les nouveaux outils informatiques qui ont évolué sur l’année. Un an après, on s’aperçoit que l’on peut faire beaucoup de choses à distance : les cours, les conseils de classes, l’orientation, les activités extra-scolaires, des concours…On peut animer la vie culturelle, la vie citoyenne des élèves à distance.

Ce bilan n’est pas un bilan d’autosatisfaction, qui efface l’essence même de notre métier, il nous reste toujours à l’esprit la volonté de retrouver nos élèves. Ce qui nous manque, c’est bien les rencontres avec les élèves, les liens sociaux qui fondent la capacité des enfants à grandir avec les autres. 


Comment suit-on des élèves à distance, qu’avez-vous mis en place pour les élèves en difficulté, certains ont-ils décroché ? En bref, comment vont vos élèves ?

Avec les contacts que nous avons avec les autres lycées de la zone comme la Chine et le Viêtnam qui avaient fermé dès mi-janvier 2020, nous savions que l’école en ligne peut créer de la fatigabilité et du décrochage. Nous avons bénéficié de leurs expériences. C’est la force du réseau AEFE.  

On se rend compte effectivement que chez certains élèves, notamment chez les plus fragiles, l’enseignement en ligne peut entraîner du décrochage scolaire. D’où l’adaptation du service de Vie Scolaire, des professeurs principaux, et de l’équipe médico-sociale qui prennent en charge les élèves à besoins éducatifs particuliers (contextes familiaux difficiles, ceux qui n’ont pas accès internet, ceux qui sont en France, ceux qui ont des besoins particuliers…). Un suivi des élèves et un accompagnement à distance des élèves en difficulté ont été mis en place. Dans le secondaire par exemple, nous avons 37 élèves sur 164 qui ont un suivi individualisé par un professeur référent. Le nombre est important certes, mais nous avons la volonté de ne pas laisser les élèves seuls face à leurs difficultés. Nous n’avons pas d’élèves qui ont complètement décroché. Pour les primaires, nous organisons des petits groupes pour travailler sur une difficulté particulière. Nous avons également adapté le calendrier scolaire car l’école en ligne est plus fatigante. L’état général de nos élèves est bon, nos élèves semblent s’adapter à ce nouveau rythme scolaire. Nous sommes, si l’on peut dire, sur « un rythme de croisière ». Encore une fois, c’est le bilan d’une situation subie et le souhait collectif est de revenir le plus rapidement possible à une situation « normale », sans savoir réellement ce que qui nous attend dans cette prochaine réalité.

Comment le LFJ se réinvente-t-il pour stimuler les élèves et conserver l'attention nécessaire ? Les élèves sont-ils pénalisés par rapport à leurs camarades des autres pays ?

Les progressions, les attendus des programmes, les exigences des examens sont conformes au programme français. Les enseignants avancent dans les programmes au même rythme qu’en présentiel. On ne peut pas vraiment mesurer par contre comment les élèves intègrent les nouvelles connaissances.
Les aménagements des examens suivent les recommandations du Ministère de l’Education Français. En France, les lycées ne fonctionnent pas en 100 % présentiel. 

Nous avons basculé en contrôle continu sur le brevet et intégré les adaptations des aménagements aux examens pour les évaluations de fin d’année : en philosophie, 3 sujets au lieu de 2, en spécialité, 4 sujets au lieu de 2, en français, le nombre de textes a diminué.

Nous nous adaptons en permanence, comme par exemple en ce qui concerne le stage en entreprise des classes de seconde. L’idée est de découvrir le monde professionnel. Les élèves peuvent procéder à des fiches avenir, des fiches métier en effectuant des recherches et contacter des professionnels pour présenter un métier, un secteur. Les élèves peuvent aussi participer à « je filme le métier qui me plaît », un concours organisé par l’AEFE.

Concernant Parcoursup, la plateforme d’orientation après le baccalauréat, ce n’est pas une surprise pour eux d’avoir des lycées fermés. Nous avons travaillé avec les présidents d’universités pour les avertir qu’il existe des lycées en enseignement en distanciel, mais c’est aussi le cas en France. Dans les dossiers, il y a des mentions réservées aux proviseurs où nous expliquons la situation et mettons en avant le travail de l’élève. L’an dernier, nos élèves qui étaient déjà en distanciel n’ont pas été pénalisés.

À la rentrée de septembre 2020, vous avez constaté une baisse des effectifs de 17 %, qu'en est-il en 2021 ? 


À la rentrée de septembre, nous étions à 370 élèves, aujourd’hui l’effectif a légèrement diminué à 357. Des départs, certes, mais peu dû à l’école en ligne, et nous avons eu quelques arrivées.

Le LFJ a été sélectionné comme école pilote, une ouverture avant la fin de l'année scolaire est-elle prévue ?


Le LFJ fait partie d’un groupe d’écoles pilotes sélectionnées pour mettre en place le protocole sanitaire d’accueil des élèves en présentiel. 

La mise en place des mesures de protection et de prévention sanitaire, si elles sont validées par le gouvernement indonésien, devrait permettre l’ouverture de l’école quelques heures par semaine.

Comment envisagez-vous la rentrée de septembre 2021 ?


Nous espérons retrouver nos élèves ! Nous savons que nous aurons un travail à faire sur le retour en classe, reprendre ou acquérir les bonnes habitudes. Mais je suis optimiste, les élèves et les enseignants ont des grandes capacités d’adaptation, ils nous l’ont prouvé cette année.
 

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