Édition Jakarta

Pour OceanKita, le plastique ce n’est pas fantastique !

Créée par un Français en 2018, cette entreprise sociale lutte contre la pollution plastique en Indonésie. Un combat de Titans à mener alors que l’archipel est fortement impacté par cette matière inventée dans les années 1950 à partir de sous-produits non utilisés issus du raffinage du pétrole brut. Depuis, le plastique, de part son faible coût, sa facilité de production et ses usages multiples a envahi nos vies…

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Écrit par Lepetitjournal Jakarta
Publié le 17 mars 2025, mis à jour le 25 mars 2025

 

C’est l’un des paradoxes de l’Indonésie. L’archipel est époustouflant de beauté et constitue l’un des territoires les plus riches au monde en matière de biodiversité mais il doit relever de nombreux défis environnementaux dont celui de la pollution plastique. Le pays produit en effet plus de 10 millions de tonnes de déchets plastiques chaque année dont 10 % environ finissent dans l’eau des rivières et de la mer. Un constat alarmant qui a donné naissance à OceanKita.

OceanKita (Notre Océan en bahasa Indonesia) est une entreprise sociale basée en Indonésie et co-fondée en 2018 par Nicolas Bernier un Français au parcours pour le moins éclectique. Ancien pilote de chasse de l’armée de l’air où il a passé 28 ans, diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) en indonésien, détenteur d’un post-master à l’Ecole des Mines en ingénierie de l’environnement, ce quinquagénaire à la voix fluette mais aux convictions inébranlables est passionné par les questions environnementales et l’Asie du sud-est. 

 

Des solutions techniques et éducatives

OceanKita propose plusieurs axes d’action pour essayer de diminuer la pollution plastique. « Nous avons une approche globale du problème qui comprend des solutions techniques innovantes, de la sensibilisation et des procédés de recyclage. Nos services sont adaptables à de nombreuses situations et mis en oeuvre pour et avec les communautés locales », explique Nicolas Bernier qui partage son temps entre la France et l’Indonésie.

Parmi les solutions techniques : des chaluts légers déployables facilement dans les rivières ou en mer afin de collecter les débris plastiques. « Un de ses gros avantages, est que c'est le seul équipement, à ma connaissance, qui peut opérer partout : en rivière, sur un lac ou les abords côtiers », précise Nicolas. OceanKita a également reçu un financement d’un centre de recherche australien pour développer une plateforme de suivi des pollutions plastiques. À partir d’images drones, de datas et l’utilisation d’algorithmes, l’idée est de proposer un outil qui permettra de localiser en temps réel des nappes de pollution plastique et de prédire ses déplacements afin d’optimiser les opérations de collecte et de nettoyage. « Une fois la nappe identifiée, on peut ensuite imaginer déployer nos chaluts afin d’éviter une trop large dispersion des déchets », souligne Nicolas Bernier qui espère obtenir de nouveaux financements pour mener à terme ce projet.

OceanKita met en place également de nombreuses opérations afin de sensibiliser sur l’ampleur et les conséquences des pollutions plastiques. Ces opérations peuvent prendre la forme de collectes de déchets avec les communautés locales sur des plages ou des bords de rivière pollués par le plastique. 

OceanKita organise par ailleurs depuis quelques mois des ateliers Fresque du Plastique. Un workshop ludique et éducatif à destination du grand public et des décideurs afin de comprendre les mécanismes de la pollution plastique depuis sa production jusqu’à ses rejets dans la nature. L’objectif de cette sensibilisation est également de déclencher des passages à l’action afin de limiter voir supprimer les usages de plastiques et de parler des solutions de recyclage qui existent. En outre, à la demande et avec l'assistance technique d'OceanKita, Ségolène et Jean-Paul Monnet, deux anciens enseignants du Lycée Français de Jakarta, ont conçu le jeu de société Sungai où l’objectif est de dépolluer une rivière !

Enfin pour boucler la boucle, en partenariat avec le laboratoire de recherche Parongpong Raw Lab, basé à Bandung, et ses filiales, OceanKita recycle une grande partie des plastiques qu’elle collecte afin de favoriser la mise en place d’une économie circulaire. Des déchets transformés en meubles, en panneaux de construction ou en toutes sortes de petits objets, dont le catalogue s'agrandit chaque mois.     

 

Mission réussie à Untung Jawa

La tâche est immense, mais OceanKita déborde d’énergie et s’appuie sur des exemples de projets réussis comme celui mené aux Mille Îles au large de Jakarta. Durant l’année 2024, sur l'île de Untung Jawa, a été mis en place avec les communautés locales, un programme comprenant des opérations de nettoyage des abords côtiers avec un de ses petits chaluts, des plages en invitant occasionnellement des volontaires de l'île, des ateliers de sensibilisation en classe et auprès des habitants, des plantations de mangroves pour un résultat très encourageant. Douze tonnes de déchets plastiques collectés sur 10 mois, cinq emplois créés, des bonnes pratiques insufflées chez les habitants et les responsables locaux… de bonnes nouvelles face à un océan de sombres perspectives : d’ici 2050 la production de plastique mondiale devrait doubler et s’approcher du milliard de tonnes!

 

Pour en savoir sur OceanKita, visionnez cette vidéo :

 

Ou consulter son site et son Instagram 

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