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ITALIE – Le ballon rond au cœur de toutes les passions


C'est l'étymologie du mot tifosi, comme on appelle les supporters en Italie, qui nous met la puce à l'oreille : on devine une histoire de fièvre (du grec typhós) évoquant une infection, une épidémie contagieuse à laquelle on ne saurait se soustraire. Impressions sur l'ambiance dans la Péninsule quelques jours après le coup d'envoi de la Coupe du Monde


Au pays des tifosi, la contagion est inévitable : en Italie, on "respire" le foot dès son plus jeune âge, et au fil des ans, pour les habitants de la Péninsule, le temps qui passe est toujours accompagné par un ballon qui roule, qui rebondit, et parfois fait rêver. C'est grâce aux souvenirs qui défilent dans la tête des Italiens que nous pouvons expliquer cette fièvre, comme s'il s'agissait d'un puzzle qui enfin se recompose à l'occasion de la Coupe du Monde, quand cette folie collective semble atteindre même ceux qui, en règle générale, sont plus détachés. Ce sont des souvenirs de récrés bien animées, quand les matchs de foot entre camarades étaient aussi un moyen pour définir sa place au sein du groupe ; mais aussi des moments de détente entre copains, où filles et garçons tissaient des liens d'amitié en courant derrière un ballon ; sans oublier le sourire attendri à la vue de son jeune enfant levant les bras en signe de victoire, après avoir marqué son premier but entre deux chaises dans le salon?

Le foot, métaphore de la vie ?
Porte, gardien : des mots rassurants, quotidiens, c'est notre territoire, à nous de le défendre? Le but : le but d'un match, le but d'une vie? L'équipe : à chacun son rôle. A l'image de notre société, tous sont indispensables, mais certains jouissent plus que d'autres du feu des projecteurs. Le temps d'un match, d'un championnat, le joueur qui marque un but devient un héros, c'est lui qui fait la Une des journaux et son nom, le lendemain, est sur toutes les bouches. Et que dire du milieu de terrain, dont les rêves et les frustrations ont été mis en paroles et en musique par le chanteur italien Ligabue ? N'ayant pas de don naturel particulier, c'est une vie de dur labeur, au service des autres -plus brillants, plus efficaces-, qui lui est réservée. Une morale un peu amère, mais une métaphore de la vie pour beaucoup d'entre nous.

(photo F.G.)

Le foot, un sentiment d'appartenance ?
Bien avant le coup d'envoi de la Coupe du monde 2010, drapeaux, t-shirts et autres gadgets arborant les couleurs nationales ont envahi les magasins. Et les soirs de matchs, qu'on le veuille ou non, tous les c?urs d'une nation battent à l'unisson. On a beau dire que l'Italie est actuellement en quête d'identité et prête à adopter un modèle fédéraliste : cette année encore, ce sera également le cas des Italiens, tous collés devant leur écran, comme l'ont montré le récent exploit de Francesca Schiavone à Roland Garros ou le premier match des Azzurri contre le Paraguay. Dans ce tableau idyllique, seules quelques exceptions peinent à trouver leur place : tiraillés entre deux pays et deux cultures, les couples mixtes, les enfants ayant la double nationalité et tous ceux dont le c?ur est partagé entre leur pays natal et leur pays d'adoption ont du mal à prendre position. Et ils regardent l'évolution du classement avec un seul espoir, inavouable : pitié? que la France et l'Italie ne se retrouvent pas, encore une fois, l'une contre l'autre? Et que le meilleur gagne !
Luisa Gerini (www.lepetitjournal.com/Turin) jeudi 17 juin 2010


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