Lepetitjournal.com Istanbul/Turquie s’est entretenu avec Axelle, Zeynep et Lucie, trois entrepreneures actives dans le domaine du zéro déchet et du respect de l’environnement en Turquie.
C’est une initiative sociale qui prend en considération les questions environnementales
Eliza Pieter pour lepetitjournal.com Istanbul/Turquie : Comment est née votre idée de créer Adım Adım Sıfır Atık ?
Axelle : Adım Adım Sıfır Atık (Le Zéro Déchet, Pas à Pas) est né d’une rencontre franco-turque entre Zeynep et Axelle, passionnées de la Nature. A force d'échanger, astuces, bons plans nous avons eu envie d'aller plus loin et de partager nos connaissances avec plus de personnes.
Zeynep : On peut dire que c’est une initiative sociale qui prend en considération les questions environnementales. Nous menons des projets basés sur le zéro déchet dans le cadre de la protection de l’environnement et la durabilité des ressources naturelles face aux défis écologique et climatique conformément aux objectifs de développement durable de l’ONU pour créer une prise de conscience et produire des résultats concrets.
Lucie : À mon arrivée en Turquie, je devais me mettre à la recherche des bonnes adresses pour faire les courses zéro déchet et utiliser des produits locaux. C’est avec grand plaisir que j’ai découvert l’initiative d’Adım Adım Sıfır Atık en 2020 et ensuite, tout naturellement que j’ai souhaité les rejoindre pour développer toujours plus de projets en faveur du zéro déchet.
Notre premier objectif est d’aider les personnes dans leur quotidien à vivre plus sainement
Quels sont les objectifs de votre initiative ?
Axelle : Notre premier objectif est d’aider les personnes dans leur quotidien à vivre plus sainement, avec moins de produits néfastes à leur santé et à l’environnement. Il s’agit très souvent de retrouver des gestes simples de nos anciens, respectueux de la nature.
Zeynep : Nous travaillons pour le bien-être des individus et des collectivités. Plus l’homme se rapproche de ses racines dans la nature, plus il est "bien" en termes de santé physique, mentale et spirituelle. Notre objectif est de proposer des solutions pour intégrer les habitudes écologiques dans la vie urbaine et de partager nos expériences de mode de vie durable et zéro déchet.
Lucie : Nous souhaitons faire découvrir au plus grand nombre la démarche zéro déchet, en expliquant tout ce qu’elle peut apporter en termes de bien-être quotidien et d’aide à la protection de l’environnement. L’objectif est d’accompagner les personnes et les organisations dans leur transition écologique, pour que celle-ci se fasse sans contrainte ni inconvénient.
Nous proposons des projets, des conférences et des formations zéro déchet aux institutions, écoles, entreprises et organisations dans leurs démarches environnementales
Quelles actions menez-vous pour sensibiliser le/les publics aux thématiques de l’écologie et du zéro déchet ? Quels sont vos publics justement ?
Zeynep : Nos publics sont, en fait, tout le monde car la thématique de l’environnement nous touche tous et nous sommes tous devant un avenir partagé. Dans le cadre de notre activité, nous proposons des projets, des conférences et des formations zéro déchet aux institutions, écoles, entreprises et organisations dans leurs démarches environnementales. Nous partageons également des solutions zéro déchet pour tous à travers nos comptes sur les réseaux sociaux. Nous partons de l’idée de créer une conscience individuelle pour ensuite contribuer à créer une conscience sociale. Dans les écoles, notre action vise particulièrement à informer et à activer les enfants et les jeunes en tant que publics clés dans l’action écologique, de l’importance de la protection de l’environnement, de la durabilité des ressources et du zéro déchet. Dans les entreprises, nous proposons aux adultes des formations de sensibilisation pour les encourager à changer leurs habitudes conventionnelles. Nous réalisons des projets multidimensionnels en coopération avec des partenaires qui souhaitent agir en faveur de la protection de l’environnement. Cela peut être sous forme de salons pour réunir les artisans et les conférenciers ou d’un livret zéro déchet recensant les producteurs zéro déchet en Turquie.
Travaillez-vous avec des partenaires locaux sur vos projets ?
Axelle : Nous échangeons et collaborons avec des artisans locaux, des personnes engagées (diététicien, protecteur des océans, acteur, activiste, etc.). Nous avons organisé juste avant la crise sanitaire liée au Covid-19 un salon réunissant nos partenaires. Ce projet a été sélectionné parmi les finalistes de l’édition 2019 du prix de la Semaine européenne de la réduction des déchets.
La sensibilité des citoyens turcs à la préservation de l’environnement est bien réelle et les choses changent en Turquie aussi !
Vous êtes deux Françaises et une Turque, votre association porte un projet global, avez-vous décelé des similitudes et des différences entre l’approche des citoyens français et turcs face à la démarche zéro déchet ?
Lucie : En France, certaines règles sont en place depuis maintenant de nombreuses années et aident à la réduction des déchets (on peut penser à l’interdiction des sacs plastiques distribués gratuitement dans les magasins par exemple). Ce contexte n’existe pas encore à la même échelle en Turquie. Pourtant, la sensibilité des citoyens turcs à la préservation de l’environnement est bien réelle et les choses changent en Turquie aussi !
Axelle : C'est une notion assez nouvelle qui n'est pas évidente à appréhender notamment avec notre société de consommation très génératrice de déchets, cette démarche est en rupture avec nos modes de vie de ces dernières années. Les similitudes entre nos deux pays se retrouvent au niveau du choix de nos produits de consommation ; préférence pour les produits naturels, artisanaux, locaux.
Le Covid-19 a joué un rôle dans la prise de conscience de certaines personnes de la nécessité de réduire ses déchets
La période inédite liée au COVID-19 a-t-elle eu un impact particulier sur vos activités ?
Axelle : Oui. Il a fallu s'adapter et nous organisons maintenant nos activités en visio-conférences.
Lucie : Le Covid-19 a également joué un rôle dans la prise de conscience de certaines personnes de la nécessité de réduire ses déchets (par exemple en prenant conscience du grand nombre des masques que l’on consomme quotidiennement, et que l’on retrouve souvent par terre dans la nature).
Il faut l’adhésion de la famille, car seul, il est difficile de convaincre les autres membres d’adopter cette démarche
Dans l’actualité, il est beaucoup question du "monde d’après COVID-19", en terme d’écologie, quels seraient vos premiers conseils à donner à une famille tentée par la démarche zéro déchet mais qui ne sait pas par où commencer ?
Zeynep : Le premier pas est de se décider à faire une "bonne chose" dans sa vie pour soi-même, sa famille et sa planète-Terre. Il faut commencer par des gestes tout simples et passer pas à pas au delà. Ce n’est pas si compliqué que ça. Il suffit de prendre son temps pour se convaincre et convaincre les autres membres de la famille et ensuite s’y mettre.
Lucie : Mieux vaut commencer par ce qui nous intéresse/interpelle le plus. Que ce soit par la recherche de produits cosmétiques naturels, l’envie de nettoyer et entretenir sa maison sans produit chimique nocif, ou le désir de réduire la taille de sa poubelle, il y a mille chemins pour débuter une démarche zéro déchet.
Axelle : Il faut l’adhésion de la famille, car seul, il est difficile de convaincre les autres membres d’adopter cette démarche. Et surtout, il ne faut pas se précipiter. Il faut prendre son temps. Il n’est pas possible de changer ses habitudes en quelques semaines seulement. Et il faut aussi s’autoriser quelques "craquages". Et si vous voulez aller plus loin, le premier pas consiste à observer ses bacs à poubelles et se demander tout simplement comment faire pour réduire ce qu'elles contiennent. Par exemple, si vous avez beaucoup de bouteilles en plastique, ce serait de passer aux bonbonnes d'eau rechargeables et aux gourdes. Suivez-nous sur les réseaux sociaux, nous vous indiquons pas à pas comment faire.
Nous souhaitons poursuivre nos actions dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes
Quels sont vos projets à plus long terme et comment soutenir vos actions au sein d’Adım Adım Sıfır Atık ?
Zeynep : Nous souhaitons faire plus de projets avec des partenaires respectueux de l’environnement pour permettre de réaliser ce que nous expliquons lors des conférences et des formations. Les projets contribuent à la concrétisation de ce qui est déjà appris et connu.
Axelle : Nous souhaitons poursuivre nos actions dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes et développer des supports qui serviraient à tous.
Lucie : Vous pouvez suivre nos actions via nos comptes sur Instagram et Facebook. Nous organisons régulièrement des conférences (en ligne ou en présentiel quand la situation sanitaire le permet), et bien sûr, tout le monde est bienvenu pour participer.
Retrouvez les profils de nos trois entrepreneures environnementales
Axelle est une ancienne marketeuse communicante qui par passion pour la Nature s'est spécialisée dans le développement durable, afin d'accompagner les organisations dans leurs démarches RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). C'est au cours de ses diverses expatriations, dans des pays où la gestion des déchets était peu organisée, qu'elle a pris conscience de l'importance de les réduire à la source. Aujourd’hui, elle partage ses astuces avec nous à travers les réseaux sociaux : @axellebcom
Zeynep est docteur en relations internationales, est la cofondatrice d’Adım Adım Sıfır Atık (Le Zéro Déchet, pas à pas) en Turquie. Sa passion pour la nature l’a amenée à adopter un mode de vie bio et zéro déchet depuis plus de 20 ans. Elle poursuit toujours ses recherches dans le domaine de la protection de l'environnement au niveau international et du développement durable. Elle partage ses connaissances et expertises théoriques et pratiques au sein d'Adım Adım Sıfır Atık.
Lucie est installée à Ankara depuis un an et demi, Lucie vivait auparavant à Bruxelles où elle travaillait pour la Commission européenne. Après ses études à Sciences-Po, elle a également travaillé plusieurs années au Ministère de l'Economie à Paris. Aujourd’hui, elle profite de son séjour en Turquie pour apprendre le turc et s’investir pleinement dans la démarche zéro déchet en partageant ses conseils et expériences.
Pour aller plus loin :
Site web : https://www.adimadimsifiratik.com/
Instagram : https://www.instagram.com/adimadimsifiratik/
Facebook : https://www.facebook.com/AdimAdimSifirAtik