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La Turquie, mauvaise élève face à l’urgence climatique ?

L’indice de performance climatique (CCPI) pour 2024 de la Turquie vient d’être révélé et cette dernière recule à la 56ème place du classement des 64 pays émettant le plus de gaz à effet de serre. Elle fait ainsi partie des pays ayant fait preuve d’une très faible performance. Le pays, concentré sur son taux de croissance, est parallèlement de plus en plus confronté à des épisodes de sécheresse et d’incendies majeurs qui révèlent l’urgence climatique.

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Écrit par Pauline Sorain
Publié le 12 décembre 2023, mis à jour le 18 décembre 2023

Une transition difficile

La Turquie dépend encore fortement des combustibles fossiles (pétrole, charbon, lignite, gaz naturel) et n’a pas engagé de politique franche visant leur élimination progressive. Elle mène toujours des activités d’exploration gazière et pétrolière (notamment en Libye où elle a conclu un accord de prospection d’hydrocarbures en 2022) afin d’aller vers plus d’autonomie énergétique. Aussi, les experts du CCPI appellent à la mise en place d’un plan de transition énergétique ayant pour objectif de substituer progressivement l'utilisation d'énergies fossiles par des énergies renouvelables.

Sur cet aspect, la Turquie peut notamment compter sur le secteur de l’hydroélectricité, qu’elle développe massivement dans le cadre du projet GAP (Güneydoğu Anadolu Projesi - Projet d'Anatolie du Sud- Est)

 

Ressources en eau : l’or bleu en Turquie au cœur des enjeux régionaux

 

Les secteurs agricole et forestier turcs souffrent également d'un manque de législation protectrice. Les experts signalent que la politique forestière actuelle considère les forêts comme des zones de production plutôt que comme des atouts naturels à protéger. L’industrie du bois, en pleine croissance, entraîne une augmentation de la déforestation, même dans les zones protégées comme les parcs nationaux, et constitue ainsi une menace majeure pour les puits de carbone (écosystèmes qui captent le CO2). Cet été encore, un projet d’élargissement d’une mine de charbon, dans la forêt d’Akbelen, dans le sud-ouest du pays, non loin de la mer Égée et de la ville de Bodrum avait fait polémique.

Aussi, il est demandé à la Turquie de s’aligner sur les recommandations du Cadre mondial de la biodiversité qui appellent à ce que la proportion d'aires terrestres et marines protégées soit portée à au moins 30% d'ici 2030.

Un choix complexe entre croissance et protection

Ce lundi 11 décembre le président Erdoğan s’est exprimé à ce sujet et a concédé que "la recherche de plus de confort, l'ambition de consommer davantage et le désir d'exploiter les ressources de manière illimitée causent des dommages à l'environnement". Il a également appelé la population à faire preuve de responsabilité dans sa consommation d’eau face aux épisodes de sécheresse.  

Le Président est en effet, face à un véritable dilemme: ce dernier a toujours fait campagne sur ses grands projets industriels et énergétiques, nécessaires pour faire entrer la Turquie dans le club des pays les plus développés. En 2021, il avait déclaré: "nous nous orientons vers plus de grands projets, plus d'investissements pour faire de la Turquie une des 10 puissances économiques du monde". Ces projets d’ampleur semblent, malheureusement, souvent incompatibles avec les enjeux climatiques actuels.

Le Président a toutefois assuré que la Turquie atteindrait l'objectif de zéro émission de carbone d'ici 2053.

 

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Publié le 12 décembre 2023, mis à jour le 18 décembre 2023

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