S'il vous est arrivé de vous promener dans les rues d'Istanbul ou dans des villages d'Anatolie, vous avez probablement eu la chance d'assister (ou même de participer !) à la fameuse danse populaire qu'est le halay. Bien qu'issue d'une tradition folklorique ancienne, cette danse rythme aujourd'hui encore le quotidien des Turcs. Un simple petit air de halay et ni une ni deux, la danse commence !
Le mot halay, également prononcé alay, haley ou d'une autre façon en fonction des régions (Gowend ou Dîlan en kurde), pourrait venir du mot "alay", qui désigne le rassemblement d'un grand nombre de personnes. Cet oyun (jeu) traditionnel, pratiqué en Turquie mais également dans d'autres régions comme le Caucase et la Thrace, a développé des styles très différents en fonction des villes et villages.
A l'origine, le halay était une danse populaire de l'Anatolie du centre et du Sud-Est, qui se dansait au son du davul (équivalent du tambour) et de la zurna (une sorte de flûte). Répandu dans l'ensemble de la Turquie, de la Thrace orientale aux régions de l'Est à majorité kurde, il s'affirme comme l'une des danses populaires les plus pratiquées, mêlant différents styles et différents instruments (comme le saz). En turc, danser le halay se dit halay çekmek (et non halay dans etmek !)
Le Halay comme reflet de la vie quotidienne
Les danses populaires d'Anatolie se construisent à partir de la vie quotidienne, s'inspirant des traditions, des influences naturelles, des croyances religieuses et de certains événements marquants. Les anciennes croyances chamaniques présentes autrefois en Turquie ont ainsi laissé des traces dans ces danses : le kartal halayι ou oyunu (le halay de l'aigle), le güvercin oyunu (du pigeon, autre danse populaire dans l'est), le turna oyunu (la grue) imitent les mouvements de ces animaux.
De même, la danse (sans musique) du kιlιç kalkan (connue à Bursa) fait référence à la guerre. La danse du Horon, quant à elle, est considérée par beaucoup comme l'illustration des mouvements de la mer ou d'un poisson pêché.
Ordre et discipline pour danser le Halay
Le halay est une danse organisée qui répond à certaines règles. Débutant avec au minimum trois personnes, des danseurs s'ajoutent au fur et à mesure et se collent les uns aux autres, alignés en ligne droite, courbée, ou enroulée en escargot selon la place disponible. Ils se tiennent par le petit doigt, ou les mains en fonction de la région, et se plaquent à leur voisin par les bras alignés le long du corps ou les épaules. Le but étant d'obtenir une chaîne où les danseurs sont les plus serrés possible.
Il y a toujours un leader au bout de la chaîne, le halaybaşι (la tête du halay) ou le sιra başι (la tête de file), qui guide et mène le reste du groupe en s'aidant de celui qui ferme la marche. Tous deux tiennent un bout de tissu qu'ils agitent en fonction du rythme. Lent au début, celui-ci s'accélère au fur et à mesure. On distingue souvent trois types de halay : le halay en “une seule partie”, où la mélodie, le rythme et les figures sont les mêmes pendant toute la durée de la danse. Celui à “deux parties” qui se caractérise par deux mélodies, deux rythmes et deux jeux différents. Enfin, le halay à “trois parties”, qui possède trois airs, trois rythmes et trois figures différents. Cette danse repose entièrement sur la coordination des pieds, du buste et des bras. Attention à ne pas perdre le rythme !
Les chaînes peuvent être constituées uniquement de femmes ou d'hommes mais peuvent également être mixtes. Le halay est dansé partout et par tous en Turquie pour célébrer les mariages, les fiançailles, les cérémonies de fêtes religieuses ou officielles, les départs au service militaire, ou pour toute autre occasion importante ou festive.
Marion Truffinet (29 mai 2015)
Republication