Qu’on le veuille on non, le chapeau conique (non la) fait partie de l’imagerie vietnamienne. Sans doute est-il un peu aux Vietnamiens ce que le béret basque aura été - fut un temps - aux Français : un emblème visuel un brin caricatural.
Le fait est que ce fameux couvre-chef est l’un des « trophées de voyage » les plus en vogue : il suffit pour s’en convaincre, de se trouver à l’aéroport de Tan Son Nhat et de croiser un groupe de touristes sur le retour.
Encore très utilisé de nos jours dans les campagnes vietnamiennes, ce chapeau, conique de par sa forme, est devenu… iconique !
Accessoire indispensable au paysan vietnamien, le chapeau conique « à la vietnamienne » ne saurait être confondu avec le limao chinois ou le sugegasa japonais. Il a ses particularités, qu’on se le dise !
Un fleuron de l’artisanat traditionnel vietnamien
Ses techniques de fabrication, notamment, et les matières premières employées font du non la le chapeau conique vietnamien par excellence. Il est en effet confectionné à partir de feuilles de latanier, le latanier étant une espèce de palmier qui pousse à foison, surtout dans les régions du Centre du Vietnam. C’est d’ailleurs à cette particularité qu’il doit son nom, non la se traduisant en français par « chapeau de feuilles ».
Sa fabrication est, comme il se doit, artisanale. L’artisan-chapelier utilise pour ce faire 16 cerceaux de bambou concentriques, qui servent de support, et plusieurs feuilles de lataniers préalablement séchées et repassées. Ces feuilles sont tressées, puis cousues avec des fils de bambou ou de nylon à même le support. Vient ensuite le vernissage et la pose d’une mentonnière en soie.
Le non la a sinon ses hauts lieux, à commencer par Chuong, un village du delta du fleuve Rouge, dont c’est la spécialité artisanale depuis plus de 3 siècles, et dont les ateliers sont ouverts aux visiteurs. Mais il faut aussi mentionner l’ancienne capitale impériale, Hue, qui a aussi une tradition de chapeaux coniques, les non bai tho, sur lesquels sont parfois insérés des poèmes, entre les différentes couches de latanier, qui apparaissent alors en filigrane.
Un chapeau conique devenu emblématique
A l’origine, le non la était surtout destiné aux campagnards, qui pouvaient ainsi se protéger efficacement de la pluie ou du soleil. Il est encore abondamment porté, dans les zones rurales. Dans les grandes villes, en revanche, il est plutôt rare d’en voir, sinon à Hanoï, aux abords des petits marchés de quartier. Il est en revanche de sortie pour des manifestations culturelles plus ou moins « folklorisantes », à l’usage du touriste.
C’est d’ailleurs le tourisme qui reste, aujourd’hui, l’une des raisons d’être, ou plus exactement de continuer à être, du chapeau conique, qui se vend très bien localement, et pas que... Il s’en exporte chaque année près de 4 millions, non seulement vers l’Asie, mais également vers l’Europe ou même les Etats-Unis...
I-co-nique, vous dit-on ! Et sans doute même « e-conique », vues les tendances du moment.