A la tête d’une liste nommée « Français.es dans le monde, une chance pour la France », Ségolène Royal poursuit son chemin vers les Sénatoriales. L’ancienne ministre nous présente dans cette interview exclusive son travail participatif auprès des nouveaux conseillers des Français de l’étranger et sa volonté de rassembler au-delà de la gauche traditionnelle.
Il est important de travailler avec cette grande diversité au service de tous
Comment analysez-vous le taux de participation ainsi que les résultats de ces dernières élections consulaires ?
Les électeurs ont voté dans des conditions difficiles et malgré cela le taux de participation, certes faible, a heureusement résisté. Ensuite il n’y a pas d’analyse uniforme à faire, ce serait réducteur. Il existe des spécificités territoriales, mais aussi les engagements personnels des candidats. Des élus réélus mais aussi des nouveaux. Certains avec leur étiquette politique et d’autres sans étiquette. Ce qui est important c’est de travailler avec cette grande diversité, au service de tous, Françaises et Français dans le monde.
Des questions très difficiles sont devant nous et liées au contexte sanitaire et économique. Je ne prendrais qu’un exemple concernant l’éducation : 40% des lycées français dans le monde sont actuellement fermés ; en Amérique latine ou en Asie, par exemple, certains enfants sont privés de présence à l’école depuis 18 mois. Il faudra rattraper, pour toutes ces jeunes générations, les épreuves psychologiques et éducatives avec détermination.
L’intelligence collective est source d’efficacité et signe de respect
Vous avez lancé un travail participatif auprès des nouveaux conseillers des Français de l’étranger élu, quel en est l’objectif ?
C’est une conviction de longue date : l’intelligence collective est source d’efficacité et signe de respect. J’ai toujours travaillé comme cela. Et donc celles et ceux, élus consulaires, conseillers et délégués, anciens et nouveaux, qui au cours de cette campagne ont travaillé et réfléchi, doivent se reconnaître dans ce plan de travail. Tout simplement parce qu’ils et elles sont la base de la remontée des attentes et réciproquement en retour, sont en droit de recevoir prioritairement une demande d’avis sur les sujets débattus au Sénat. D’ailleurs la plupart des sénateurs et sénatrices travaillent comme cela.
La présence française dans le monde est un atout pour toute la Nation
Vous allez conduire aux sénatoriales, une liste nommée «Français.es dans le monde, une chance pour la France». Pourquoi ce nom ?
Parce que c’est la vérité et qu’elle mérite d’être réaffirmée. La présence française dans le monde est un atout pour toute la Nation. Il faut le dire et faire en sorte que les actes suivent. Car il y a un retour vers la France de cette présence a l’international et dans bien des domaines. Non seulement dans le domaine de la diplomatie d’influence, mais aussi pour les entreprises et la création de valeur économique, culturelle, sociale. Il faut renouer avec une vision volontariste de la francophonie. L’austérité budgétaire dans le domaine de la présence française est incompréhensible, alors que les Anglo-saxons ont multiplié par quatre leur engagement budgétaire éducatif et culturel dans le monde ! Il faut vraiment une remise à niveau. Nous y travaillerons avec tous les élus consulaires pour faire entendre leur voix, leurs avis et propositions.
Nous avons des capacités de rebond face à ces crises
Vous souhaitez rassembler au-delà des élus socialistes et de gauche ?
Oui bien sûr, car certains grands électeurs n’ont pas d’étiquette politique. Donc je souhaite rassembler toutes celles et ceux qui se retrouvent à Français du monde, de gauche, écologistes, mais au-delà, citoyens et humanistes. Pour travailler tous ensemble, dans un contexte difficile de sortie de crise sanitaire, économique, éducative ajoutée à la crise climatique. Mais je suis sûre que nous avons des capacités de rebond face à ces crises.
Vers quelles thématiques allez-vous construire votre contrat d’engagement pour ces sénatoriales ?
Nous avons, avec l’équipe qui m’entoure, dégagé une dizaine de thèmes que vous pouvez retrouver sur le site ouvert spécialement.
Le premier d’entre eux concerne le statut et les moyens des conseillers et délégués des Français de l’étranger. Maintenant que la réforme de 2013 est installée, il faut la finaliser et prévoir vraiment les moyens de travailler, et de la visibilité pour les élus. Je suis, par exemple, convaincue par ce que m’ont dit des conseillers des Français de l’étranger : pourquoi n’ont ils ou elles pas les mêmes moyens qu’un conseiller départemental ou régional, à commencer par l’écharpe tricolore et les moyens matériels de fonctionnement ? Je le comprends d’autant mieux, ayant été présidente de région avec des conseillers régionaux très actifs et travailleurs. Cette visibilité dans les cérémonies officielles entraînerait certainement une meilleure participation.
Je m’inscris dans la suite de Claudine Lepage
Si vous êtes élue, comment voyez-vous votre futur rôle de sénatrice ?
C’est à un confrère et ami de l’équipe de l’Elysée, Guy Penne, à qui j’ai pensé en premier quand on m’a sollicitée pour cette candidature au Sénat. Ami fidèle de François Mitterrand, il était, avant d’être sénateur des Français de l’étranger, l’un de ses proches conseillers dans cette équipe, à laquelle j’ai participé pendant sept ans, chargée des questions sociales, d’éducation, d’environnement, et des sommets internationaux du G7 avec Jacques Attali.
Et puis je m’inscris dans la suite de Claudine Lepage en continuant son travail considérable comme le prouve ses multiples appartenances aux groupes et structures dont elle rend compte régulièrement.
La morale de l’action, au plus près et au plus vrai, guidera mes pas et ceux de l’équipe, et mes électeurs et soutiens ne seront pas déçus.