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PAULA FORTEZA - "L’Amérique latine ne sera pas épargnée"

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Écrit par Damien Bouhours
Publié le 29 mars 2020, mis à jour le 29 mars 2020

Alors qu'une crise sanitaire sans équivalent secoue la planète, lepetitjournal.com est allé à la rencontre des députés des Français de l'étranger. Paula Forteza, députée de la 2e circonscription, s'est exprimée sur les conséquences de la pandémie de Covid-19 pour les expatriés d'Amérique Latine et des Caraïbes. 

 

Quelle est la situation dans votre circonscription ? 

La plupart des pays d’Amérique latine ont fermé leurs frontières et ont imposé des confinements à la population. C’est le cas de l’Argentine, par exemple, où un confinement total a été décidé très tôt.  A l’inverse, nous voyons également le cas du Président mexicain qui prend le monde à contre-pied en choisissant de ne pas confiner la population par peur de paralyser l'économie (une économie encore largement informelle), ce qui aurait, à ces yeux, des conséquences plus graves pour les populations défavorisées, que la pandémie. Malgré cela, nous voyons que les Mexicains prennent les devants et s’auto-confinent. En Colombie aussi, nous avons vu les Etats instaurer la fermeture de leurs frontières et le confinement avant que l’Etat fédéral ne le fasse. Enfin, certains pays sont extrêmement exposés, comme le Venezuela où la crise du Covid-19 s’ajoute à la crise déjà existante depuis plusieurs mois, mettant le pays dans une situation humanitaire intenable.

Concernant les Français, ceux qui souffrent le plus des mesures prises par les autorités locales sont ceux en voyage temporaire (touristes, professionnels, etc.), ainsi que les personnes vulnérables qui tombent malades, ou ont peur de tomber malades, dans des contextes sanitaires non maîtrisés, et avec un accès à des systèmes de santé aux capacités très hétérogènes. Avec mon équipe, nous recevons des messages de SOS de ces Français au quotidien. Ils se retrouvent bloqués pour diverses raisons : au-delà des vols annulés (vers la France ou en interne), des prix des billets qui explosent, et des transferts compliqués voir impossibles pour rejoindre les aéroports dus aux mesures de confinement prises localement, beaucoup de Français se sont retrouvés à la rue suite à la fermeture de l’hôtel où ils séjournaient, ou à une peur irrationnelle de la part de certains tenanciers d'être contaminés par leur clientèle d’origine européenne. Pour répondre à ce problème, la semaine dernière le MEAE a lancé une plateforme d’urgence pour permettre aux Français bloqués sur place de trouver une solution d’hébergement : http://sosuntoit.fr/. Le site a enregistré plus de 100 000 connections. Enfin, nous avons également appris que plusieurs Français en déplacement en mer ou résidant sur des bateaux se sont vu refuser l’accostage dans certains pays. 

Je suis satisfaite de voir que le gouvernement français a entendu ces inquiétudes

Constatez-vous des difficultés particulières rencontrées dans certains pays par les expatriés ? 

Les craintes exprimées par les expatriés portent principalement sur la continuité du versement de l’allocation retraite, l’accès à des soins de qualité en cas de contamination, le soutien en cas de coûts médicaux excessifs, l’arrêt du versement des salaires en cas d’arrêt de l’activité économique des pays, et la possibilité de ne pas pouvoir rentrer en France pendant toute la durée des confinements. 

Je suis satisfaite de voir que le gouvernement français a entendu ces inquiétudes. Je tiens à féliciter les équipes du Quai d’Orsay pour leur réactivité et leur diligence, ainsi que nos conseillers consulaires, avec qui je suis en contact régulier pour répondre aux difficultés.Des mesures ont, ainsi, rapidement été mises en place : 
- un délais de deux mois est désormais accordés pour fournir les certificats de vie indispensables au versement de l’allocation retraite ;
sur la question du réapprovisionnement en médicaments, un pôle santé est déployé et gère l’envoi des médicaments. Tout ressortissant qui se trouve dans une situation sanitaire requérant l’acheminement de médicaments doit se faire connaître auprès des autorités consulaires et diplomatiques afin d’utiliser les dernières liaisons aériennes prévues aussi à cet effet.
- Au sujet du retour des Français de l’étranger, actuellement le ministère se consacre principalement à l’urgence du retour des Français en déplacement temporaire. Un travail est en cours sur ce qu’on appelle la deuxième vague de retours incluant certains résidents de long terme à l’étranger, dont les critères seront connus prochainement. Bien entendu, en cas d’urgence, notamment sanitaire, des solutions sont trouvées rapidement pour aider nos expatriés.
- Les Français qui rentrent en France étaient jusqu'à présent soumis à un délai de carence de 3 mois avant de bénéficier des droits de l’assurance maladie. Ce délai est suspendu pendant la période de pandémie. 

Nous pouvons soutenir les Français de l'étranger à travers notre système de bourse


Des aides ont-elles été mises en place (ou en négociation) pour aider les entrepreneurs présents dans votre circonscription et pour qu'ils se protègent de cette crise sanitaire qui pourrait se prolonger en crise économique ? 

Cette crise sanitaire mondiale risque en effet de déboucher en une crise économique. L’Amérique latine ne sera pas épargnée. L’économie informelle est une réalité pour beaucoup de latinos-américains et une partie des français sur place. Les pertes économiques des Français de l’étranger devront être considérées. 

Dans la suite des mesures prises en métropole pour soutenir les entrepreneurs (chômage partiel, arrêt maladies, délais de paiement des charges des entreprises…), le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a annoncé des aides pour les entreprises françaises à l'étranger. Nous attendons la mise en place concrète de ces annonces.

Au delà d’une action directe sur le monde du travail, nous pouvons soutenir les Français de l'étranger à travers notre système de bourse. En Chine, un dispositif de bourse exceptionnel pour le paiement des frais de scolarité est actuellement envisagé. Ce dernier sera, je l’espère, étendu. 

Le confinement ne doit pas être vécu comme une punition mais comme une nécessité pour vous protéger et protéger les autres

Quel message souhaiteriez-vous communiquer à nos lecteurs en cette période difficile ?

Je suis consciente de l’impact direct de cette épidémie mondiale sur votre quotidien, vos proches et vos activités professionnelles. Je tiens à vous assurer que mon équipe et moi-même sommes à votre écoute et mobilisés pour vous soutenir dans cette crise.

Sur mon site internet (forteza.fr), je diffuse toute les informations dont nous disposons au jour le jour. Vous y trouverez une veille sur les annonces françaises, mais aussi internationales dans chacun des pays de l’Amérique latine. 

Je tiens à rappeler qu’il est très important de respecter les mesures prises par les autorités locales. Le confinement ne doit pas être vécu comme une punition mais comme une nécessité pour vous protéger et protéger les autres. 

Ce confinement doit aussi nous permettre de questionner notre manière de vivre ensemble et surtout de développer la solidarité et l’entraide entre citoyens. Nous devons nous organiser collectivement pour faire face à la crise. Je travaille actuellement sur une plateforme d’entraide qui pourra répondre aux besoin de certains Français en cette période de confinement : logement d’urgence, aide aux démarches, aide pour faire les courses, garde d’enfants... 

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