Édition internationale

Évelyne Renaud-Garabedian aux Français de l'étranger : « la France a besoin de vous »

À l'occasion de cette rentrée 2025 marquée par la crise politique et budgétaire, la sénatrice des Français de l'étranger Évelyne Renaud-Garabedian détaille ses priorités : reconnaissance des entrepreneurs français à l'étranger, renforcement des services consulaires et vigilance sur la réduction des dépenses publiques.

Évelyne Renaud-GarabedianÉvelyne Renaud-Garabedian
Crédit : Sénat
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 17 septembre 2025, mis à jour le 22 septembre 2025

 

Quelles sont vos priorités pour cette rentrée 2025 ?

Cette rentrée 2025 est, bien entendu, marquée par la crise politique que notre pays traverse. Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre, aura la charge de constituer un gouvernement de coalition pour présenter dans un court délai un budget de consensus.

Même si cette situation contraint et ralentit l’action législative, les sujets auxquels je m’attelle ne manquent pas : conclusion des assises de la protection sociale, droits des femmes françaises à l’étranger, prérogatives et moyens des élus consulaires, démarches administratives et services consulaires, refonte de la CFE…

Je suis toujours très engagée sur le sujet des entrepreneurs français à l’étranger (EFE). Depuis le vote à la quasi unanimité du Sénat en mai 2023 de ma proposition de loi visant à reconnaître les EFE, je n’ai eu de cesse auprès des ministres successifs de faire valoir leur contribution significative tant pour notre commerce extérieur que pour la renommée et l’excellence de la France à l’international. J’ai encore pu le constater à l’occasion de la rencontre avec les représentants de la chambre de commerce France-Maroc lors de mon déplacement, au début de ce mois, avec une délégation de la commission des affaires économiques du Sénat à laquelle j’appartiens.

Dès sa prise de fonction comme ministre délégué au commerce extérieur et aux Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin avait appréhendé l’importance des EFE et les avait inclus dans le projet de loi concernant les Français de l’étranger qui devait être présenté à l’automne. J’insisterai auprès de son successeur pour que le statut des EFE soit gravé dans la loi.

 

Je me déplacerai en Israël au mois de novembre prochain [...] À la fin de l’année, je ferai une tournée au Maroc.

 

Avez-vous prévu des déplacements dans les prochains mois pour rencontrer les Français de l’étranger ?

Je me déplacerai en Israël au mois de novembre prochain avec mes collègues de l’Alliance solidaire des Français de l’étranger (ASFE), Jean-Luc Ruelle et Sophie Briante-Guillemont. La communauté française sur place y est très dynamique et en croissance, et ce malgré la guerre. Les relations diplomatiques entre la France et Israël se sont dégradées, mais notre présence vient rappeler aux Français qui y vivent que quoi qu’il arrive, nous sommes avec eux.

À la fin de l’année, je ferai une tournée au Maroc auprès des six consulats généraux et des trois consulats honoraires. Les liens entre la France et le Maroc sont précieux : près de 55 000 Français - pour la majorité des binationaux - y résident, 44 établissements homologués accueillent près de 48 000 élèves, de grandes entreprises françaises  (Renault, Safran, Egis, Orange, Saint-Gobain) y installent des usines ou leur siège régional pour assurer leur développement sur le continent africain. La France est le 1er investisseur étranger au Maroc, et le Maroc le premier investisseur africain en France.

 

Un effort inédit doit être fait pour réduire les dépenses de l’État.

 

Quelle est votre perception de la situation budgétaire française ?

La situation des finances publiques de notre pays est très préoccupante, mais cette crise budgétaire n’est que la partie visible d’un problème plus profond : une crise de société. Depuis cinquante ans, les choix qui ont été faits ont privilégié le court terme. Ils ont financé surtout des dépenses sociales en s’endettant, au lieu d’investir dans l’avenir : l’école, l’industrie, la transition énergétique, les transports, le logement ou les hôpitaux. Ce choix de l’individuel au détriment du collectif a affaibli la France. Aujourd’hui, le vrai problème n’est pas seulement la dette, mais notre incapacité à préparer le futur.
Nous ne sortirons pas de l’impasse sans remettre le travail au cœur de notre pacte social. Aujourd’hui, une grande partie des cotisations sert surtout à financer les retraites, ce qui limite l’épargne et l’investissement dans l’avenir. Cela décourage les actifs et freine l’élan collectif. La solution passe par un allégement des charges sur le travail pour mieux le rémunérer, tout en investissant dans ce qui assurera notre prospérité demain : l’éducation, la santé, l’économie.

De façon plus pragmatique et immédiate, un effort inédit doit être fait pour réduire les dépenses de l’État. Je crois que les travaux de la commission d’enquête sur les aides publiques aux grandes entreprises dont j’ai fait partie ont mis en lumière des pistes intéressantes mais complexes à mettre en œuvre pour rester concurrentiel sur un plan mondial.

 

Comment pensez-vous pouvoir défendre les dispositifs et services dédiés aux Français à l’étranger ?

Beaucoup peut être fait sans que ces mesures soient nécessairement très coûteuses.

Je pense notamment à la fonction des agences consulaires, dont j’ai pris la pleine mesure récemment. En effet, lors d’un déplacement en Turquie à la rencontre de trois consuls honoraires, à Izmir, Bursa et Edirne, j’ai été surprise par l’étendue de leurs actions qui dépassent parfois le cadre de leur mission : appui au Français installés sur place ou simplement de passage, soutien à la francophonie et à la culture française via les alliances et instituts français. Désormais, à chacun de mes voyages à l’étranger, je rencontrerai ces femmes et ces hommes qui se consacrent bénévolement à la représentation de la France à l’étranger. Leur rôle et leurs attributions méritent d’être renforcés.

Sur un autre sujet, j’ai pu constater que la dématérialisation des démarches peut grandement faciliter la vie administrative des Français de l’étranger. Sans pousser au tout numérique, il faut  poursuivre ces efforts pour que les expérimentations en cours - renouvellement des passeports sans comparution, certification de l’identité numérique, paiement en ligne du timbre fiscal - puissent être étendues à tous et que le chantier du registre d’état civil électronique (RECE) aboutisse.

 

La France a besoin de vous, de vos talents, de vos idées, et vous pouvez compter sur vos représentants pour rester à vos côtés.

 

Quel message souhaitez-vous adresser aux Français de l’étranger en cette rentrée ?

Je veux dire à nos compatriotes à l’étranger, qui observent parfois la situation en France avec inquiétude ou découragement, qu’ils ne sont pas seuls. Leur attachement à notre pays compte, même à des milliers de kilomètres. La France a cette particularité unique au monde : elle offre à ses ressortissants de l’étranger une représentation politique singulière, avec plusieurs niveaux d’élus qui sont là pour les écouter, les conseiller et porter leur voix. Qu’il s’agisse des Conseillers des Français de l’étranger, de l’Assemblée des Français de l’étranger, ou encore de leurs députés et sénateurs, chacun œuvre pour qu’aucun Français de l’étranger ne se sente oublié.

Dans un monde où les distances semblent parfois isoler, il faut rappeler au contraire que vous faites pleinement partie de la communauté nationale. Votre expérience, vos réussites, vos difficultés aussi, enrichissent la France et la projettent à l’international. À cette rentrée, je souhaite vous adresser un message de confiance : la France a besoin de vous, de vos talents, de vos idées, et vous pouvez compter sur vos représentants pour rester à vos côtés et défendre vos intérêts, partout dans le monde.

 

Vous avez récemment interrogé le Sénat sur l’organisation du rapatriement de Français bloqués en Israël, pouvez-vous nous expliquer l’état d’avancement de ce dossier ?

Ce sont près de 1000 personnes qui ont pu rentrer en France avec l’aide du ministère, du centre de crise et des agents consulaires.

 

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