Édition internationale

Sophie Briante Guillemont : « La défense des Français de l’étranger est ma priorité »

Sophie Briante Guillemont est fin prête pour une rentrée plus que chargée. Si le calendrier parlementaire reste encore flou, les sujets ne manquent pas pour assurer la défense des intérêts des Français de l’étranger, à l’aube d’élections consulaires essentielles et pourtant peu connues. Budget, réforme de l’AEFE, Agence française pour le développement, … la sénatrice des Français établis hors de France défend farouchement son indépendance : « La force de l’ASFE est de pouvoir réfléchir de façon totalement libre des partis traditionnels ». 

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(crédit photo : Patrice Ajavon)
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 10 septembre 2025, mis à jour le 13 septembre 2025

Comment se passe cette rentrée parlementaire ?

La rentrée parlementaire va être un peu chaotique. Un nouveau Premier ministre a été nommé - Sébastien Lecornu - mais la composition du Gouvernement prendra plus de temps. Évidemment, en tant que sénatrice des Français de l'étranger, nous nous demandons qui va être le ministre délégué aux Français de l'étranger, parce que nous savons que depuis quelques années, c'est un portefeuille qui change de mains systématiquement, ce qui pose un problème au niveau de la continuité du travail mené et des orientations. Je voudrais quand même souligner le travail très important de l'administration et en particulier de la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE).

Malgré tout, je suis convaincue que les assises de la protection sociale iront jusqu'au bout et que le projet de loi des Français de l’étranger sera mené à bien et repris par le prochain ministre délégué.

Il y a un certain nombre de chantiers qui sont un peu plus compliqués. Il y a notamment l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger, qui est en crise financière importante. Il y a surtout la question du budget, qui relie en réalité un peu toutes les questions évoquées. 

Nous savons que le budget va être encore une fois assez difficile à voter. Je pense que tous les sénateurs et les députés des Français de l'étranger, devront se mobiliser énormément pour défendre ce budget et faire en sorte que, si économie il y a, elle soit équitable et juste et que les Français de l'étranger ne contribuent pas plus que les autres.

 

Il faudra être présent dans l'hémicycle pour défendre le budget dédié aux Français de l’étranger

 

Est-ce que vous avez peur que les Français de l'étranger soient en ligne de mire par rapport aux restrictions budgétaires que l’on attend ? 

Ce sujet m'inquiète, parce que les coupes de crédit ont été importantes l’année passée. Nous avons subi une baisse supplémentaire de 50 millions d'euros, qui n'avait absolument pas été discutée, dont 35 millions qui concernent directement l’AEFE. C’est une des raisons pour lesquelles la situation financière actuelle se dégrade. Certains parlementaires ont encore cette image des Français de l'étranger comme des exilés fiscaux et il faudra être présent dans l'hémicycle pour défendre le budget dédié aux Français de l’étranger.

 

 

 

Est-ce que l’AEFE fait seulement face à un souci de budget ou est-ce symptomatique d’une nécessité de réforme plus profonde ?

Les deux car ils se rétroalimentent. La crise du modèle est révélée par les budgets qui baissent. Nous aurions déjà dû repenser le modèle de l’AEFE. Nous avons transféré la charge des pensions des enseignants au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, ce qui signifie un effort budgétaire très important. Nous devons repenser le modèle de façon à ce que ce soit soutenable financièrement.

Les 35 millions de budget perdus ont révélé en réalité des fragilités qui sont plus profondes. Nous sommes dans un moment où, visiblement, il va falloir agir. Et il va falloir agir assez vite pour que la survie du réseau ne dépende pas exclusivement de l’augmentation des tarifs dans les lycées français, ce qui exclut de fait beaucoup de Français.

 

Nous avons beaucoup de chance d'avoir eu cette concertation citoyenne

 

Qu’attendez-vous des assises de la protection sociale ? 

Nous avons beaucoup de chance d'avoir eu cette concertation citoyenne. J’attends donc de ces assises de pouvoir écouter les idées des Français de l’étranger et de recevoir une synthèse des contributions du monde entier. Certains Français ont même rédigé des synthèses d’une dizaine de pages ! Cette boîte à idées nous permettra d’aller puiser dans les solutions les plus pertinentes. 

 

La France a une réelle expertise dans l’aide au développement

 

Vous faites partie du conseil d’administration de l’Agence française pour le Développement. Quelles sont les conséquences directes des baisses de budget ? 

Lors de chacun de mes déplacements, j’essaie d’aller voir le personnel de l’AFD et des projets si cela est possible. Je vois l’utilité de l’action menée mais aussi le soft power à la française qui en résulte. Ces projets nous permettent d’être en bons termes avec les dirigeants locaux. Aujourd’hui, 50% des marchés qui sont lancés par l’AFD sont également gagnés par des entreprises françaises. Il s’agit donc d’un retour sur investissement important. 

La France a une réelle expertise dans l’aide au développement. Nous avons toujours été en première ligne. Il serait dommage de mettre tout ce travail à la poubelle pour des questions politiques et des fake news. L’aide publique au développement a été jusqu’à présent une politique transpartisane. C’est d’autant plus grave que le travail de l’AFD est transparent et tout peut être vérifié sur son site. 

 

Vous avez récemment posé une question concernant les rapatriements de Français de l’étranger en cas de conflit. Quelles sont les problématiques rencontrées sur le terrain ? 

J’ai évoqué cette situation lors des rapatriements des Français d’Iran et d’Israël, qui étaient deux situations totalement différentes. Cela a cependant révélé les limites du centre de crise et de soutien, qui par ailleurs fait un travail vraiment extraordinaire. Mais à la base, il n’a pas été conçu pour gérer plus de deux crises à la fois. 

Depuis, ses missions ont beaucoup évolué et les moyens ont été augmentés. Pourtant, nous avons eu des retours négatifs de certains Français. J’ai donc demandé au ministre de faire un audit pour essayer d’améliorer le centre car nous sommes dans un moment où les crises sont amenées à se reproduire. Si nous voulons pouvoir rapatrier les Français de l’étranger, il faut repenser son fonctionnement.  

 

Il faut faire mieux comprendre aux Français de l’étranger l’intérêt de leurs représentants

 

Quels sont les dossiers qui vous animent en cette rentrée ? 

La défense des Français de l’étranger est ma priorité. Nous ne connaissons pas actuellement le calendrier parlementaire. La priorité pour moi est donc la question du budget et de sauvegarder le plus de crédits nécessaires pour les Français de l’étranger. Nous ne pouvons pas continuer à diminuer les aides sociales ou encore les crédits de bourses scolaires. 

Ma deuxième mission est de mieux faire connaître les Français de l’étranger en France. Beaucoup de Français de l’étranger ont énormément de talents et ont envie de s’engager d’une manière ou d’une autre pour la France, mais ne savent pas forcément comment le faire. lepetitjournal.com contribue d’ailleurs à les mettre en lumière à travers les Trophées. 

Le dernier enjeu pour cette année est électoral avec les prochaines élections consulaires. Je pense qu’il faut faire mieux comprendre aux Français de l’étranger l’intérêt de leurs représentants, qu’il s’agisse des conseillers des Français de l’étranger mais également les députés et les sénateurs des Français de l’étranger. La participation aux prochaines élections reste un défi. Le rôle des conseillers des Français de l’étranger est certes récent mais nous devons tout faire pour les faire connaître davantage. 

 

Quels sont vos prochains déplacements ?  

Je pars au Pérou pour représenter le Sénat à la conférence mondiale des jeunes parlementaires, réunissant des parlementaires du monde entier. Chaque parlement envoie un représentant. J’essaierai aussi d’aller à la rencontre des Français du Pérou. 

Nous partons ensuite en Colombie pour aller à la rencontre de la communauté française, des entrepreneurs, de l’Alliance française et assister à la rentrée du Lycée français. 

Je pars ensuite au Mexique pour la rentrée des conseillers du commerce extérieur de la France. J’en profiterai pour aller voir l'Agence française de développement sur place et rencontrer la communauté française. 

Fin septembre 2025, je serai en déplacement à Rome et à Malte pour assister à l’inauguration d’un nouveau lycée français. Ce n’est pas tous les jours que cela arrive, et je me dois d’être présente. 

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