Édition internationale

Gouvernement Bayrou tombé, quelles conséquences pour les Français de l’étranger ?

L’Assemblée nationale n’a pas répondu favorablement au vote de confiance lundi 8 septembre 2025, ce qui provoque la chute du gouvernement de François Bayrou. Celui-ci est dans l’obligation de remettre sa démission à Emmanuel Macron. Quelles sont les conséquences pour nos compatriotes hors de France ?

François Bayrou à l'assemblée nationale François Bayrou à l'assemblée nationale
Écrit par Capucine Canonne
Publié le 8 septembre 2025, mis à jour le 15 septembre 2025

 

Jusqu'à ce jour,  aucun gouvernement de la Ve République n’est jamais tombé après un vote de confiance.

 

Sans grande surprise, le gouvernement mis en place par le Premier ministre François Bayrou est tombé après un vote de confiance sur la politique budgétaire à l’Assemblée nationale le 8 septembre 2025. Le Premier ministre doit remettre sa démission au président de la République selon l’article 50 de la Constitution le mardi 9 septembre 2025 vers 8h du matin. La France entre dans une nouvelle instabilité politique qui n’est pas sans conséquences non plus pour les 3 millions de Français de l’étranger. 

 

Vers 18h50, le verdict du vote de confiance est sans appel : 194 ont voté pour accorder la confiance au gouvernement et 364 ont voté contre.

 

A la tribune François Bayrou défend les grandes orientations de son programme et son plan d’économies de 44 milliards d’euros. Il déclare que “la question dont tout dépend, la question vitale d'urgence vitale où notre pronostic vital est engagé, dont dépend notre État, notre indépendance, nos services publics, notre modèle social…C'est la question de la maîtrise de nos dépenses, la question du surendettement. La France n’a pas connu de budget en équilibre depuis 50 ans. Depuis 51 ans, chaque année les dépenses s’accroissent, les déficits se répètent et les dettes s’accumulent ” a-t-il précisé. Et de conclure : “Voilà le plan. Atteindre en 2029 le seuil de 3% de déficit public annuel, seuil à partir duquel la dette n’augmente plus. Et si la dette n'augmente plus, alors le travail des Français, leur inventivité, leur créativité, leur confiance retrouvée remettront le pays à flot. Cela oblige à des efforts, mais des efforts modérés.”  Vers 18h50, le verdict du vote de confiance est sans appel : 194 ont voté pour accorder la confiance au gouvernement et 364 ont voté contre. Jusqu'à ce jour,  aucun gouvernement de la Ve République n’est jamais tombé après un vote de confiance.

 

 

Plusieurs textes de lois en préparation risquent d’être mis en pause, faute d’exécutif pleinement en fonction pour les porter

 

 

Assemblée nationale le 8 septembre 2025

 

 

 

À nouveau le flou politique en France

Avec la démission de François Bayrou, la France entre dans une période d’incertitude institutionnelle. Le Premier ministre démissionnaire et son équipe restent chargés de traiter uniquement « les affaires courantes », en attendant la nomination d'un nouveau gouvernement. Une situation qui gèle mécaniquement de nombreux dossiers.

 

Un projet de loi qui concerne directement les Français de l’étranger pourrait aussi être mis en sursis, celui annoncé par Laurent Saint Martin lors de l’AFE en mars 2025. 

 

Plusieurs textes de lois en préparation risquent d’être mis en pause, faute d’exécutif pleinement en fonction pour les porter devant le Parlement. Parmi eux figurent notamment le projet de loi sur la fin de vie, la réforme de l’audiovisuel public, le projet de loi constitutionnelle sur l’autonomie de la Corse, ou encore la proposition de loi « Gremillet », sur la programmation énergétique du pays à horizon 2030. Un projet de loi qui concerne directement les Français de l’étranger pourrait aussi être mis en sursis : celui annoncé par Laurent Saint Martin lors de l’AFE en mars 2025…

 

Comme en 2024, une loi spéciale - votée par le Parlement  à l’unanimité -  va permettre de maintenir le montant des crédits de l’année précédente

 

 

 

À nouveau le flou budgétaire en France 

Le gouvernement tombé, les débats sur le projet de loi de finances 2026 s’arrêtent net. Celui-ci devait être présenté le 25 septembre en conseil de ministres par le gouvernement Bayrou puis déposé à l’Assemblée nationale, au 1er octobre. Il sera difficile voire impossible de respecter de tels délais législatifs. Comme en 2024, une loi spéciale - votée par le Parlement  à l’unanimité -  va permettre de maintenir le montant des crédits de l’année précédente pour pouvoir faire fonctionner les services publics, recouvrer les impôts, cotisations et taxes mais aussi financer les investissements en cours. 

 

 

François Bayrou

 

 

 

Des conséquences pour la Nouvelle-Calédonie ? 

Par ricochet donc, la défiance vis-à -vis du gouvernement n’est pas sans risque pour la Nouvelle-Calédonie et pour le projet d'accord de Bougival. Dans l’hypothèse d’une démission du gouvernement, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, artisan du texte signé le 12 juillet 2025, devrait quitter ses fonctions, impliquant la nomination d’un successeur. 

 

Nouvelle-Calédonie: indépendantistes et non indépendantistes signent un accord "historique"

 

Pour l’heure, les signataires de l’accord se veulent rassurants. Interrogé fin août 2025, Manuel Valls avait rappelé qu’il existe « une continuité de l’État et un calendrier parlementaire », ajoutant que l’accord était soutenu non seulement par le Président de la République et le Premier ministre, mais aussi par les présidents des deux assemblées et une majorité de parlementaires.

 

Nouvelle-Calédonie: 6.000 emplois perdus depuis le début des troubles

 

Mais le climat reste tendu avec les indépendantistes. Et la chute de l’exécutif complique sérieusement le calendrier annoncé. Le député calédonien Nicolas Metzdorf le reconnaissait lui-même dans une publication Facebook, lundi 25 août 2025 : « Pour nos affaires, il sera important que le nouvel exécutif soit nommé rapidement pour poursuivre les textes liés à Bougival ». Autre inquiétude : les finances locales. Le blocage du projet de loi de finances 2026 pourrait retarder le versement de la seconde tranche du prêt garanti par l’État, soit plus de 28 milliards de francs CFP, indispensable au redressement budgétaire du pays.

 

 

A moins d’être reconduit ou nommé à d’autres ministères, Marc Ferracci, ministre de l'industrie, va reprendre sa mission de député des Français de l’étranger

 

 

Marc Ferracci, ministre de l'industrie du gouvernement Bayrou
iMarc Ferracci, ministre de l'industrie du gouvernement Bayrou 

 

 

Un ministre pourrait redevenir député des Français de l’étranger 

Les ministres assurent dorénavant les affaires courantes en attendant une nouvelle nomination. A moins d’être reconduit ou nommé à d’autres ministères, Marc Ferracci, ministre de l'industrie, va reprendre sa mission de député des Français de l’étranger de la 6ème circonscription (Suisse et Liechtenstein) où Marie-Ange Rousselot avait pris le relais. 

 

Reconnaissance de la Palestine : la France seule au G7, le monde réagit

 

Le locataire du Quai d’Orsay, Jean-Noël Barrot, assure aussi les affaires courantes jusqu’à l’annonce de son remplaçant, tout comme Laurent Saint Martin, ministre du Commerce extérieur et des Français de l’étranger. Cette période de transition s’accompagne d’incertitudes sur la politique étrangère de la France. Le gouvernement sortant avait engagé des discussions sur plusieurs dossiers sensibles, dont la reconnaissance de l’État de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU fin septembre 2025. Reste à savoir si le futur exécutif confirmera cette orientation ou choisira de modifier la position française sur le sujet.

 

 

 

bayrou et Macron

 

 

 

Séisme politique, des conséquences économiques ?

Qu’en est-il des conséquences économiques lors d’une instabilité politique ? En 2024 déjà, 59% de dirigeants internationaux interrogés par EY se disaient inquiets des incertitudes budgétaires et s'interrogeaient sur la construction de business plans solides en 2025. “Les investisseurs étrangers n’aiment pas, par dessus tout, l’incertitude fiscale.” nous expliquait Marc Lhermitte, associé chez EY et responsable au plan mondial des activités liées à la compétitivité et à l'attractivité. Sur Radio Classique début septembre 2025, Christine Lagarde, président de la BCE rappelait que “les développements politiques, la survenance de risques politiques, ont un impact évident sur l'économie, sur l'appréciation par les marchés financiers des risques pays”.

 

Baromètre : l’attractivité de la France en 2025, un diamant brut à l’éclat terni

 


Selon le baromètre 2025 publié en mai par EY, l’Hexagone reste la première destination européenne des investissements étrangers mais le volume des projets est en chute libre. 13 % des dirigeants estiment que la stabilité politique est un atout et 62% des dirigeants prévoient des projets d’investissement immédiats en France en 2025. Fin 2025, les chiffres de l’INSEE se voulaient rassurants sur la croissance du pays. Pour le dire autrement, il est encore tôt pour percevoir des conséquences négatives sur l’investissement étranger et donc l’attractivité de la France. Quoique les agences de notation - dont Fitch le 12 septembre 2025 - pourraient bien accélérer une crise financière en annonçant une dégradation de la note française... 

 

 

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