Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Que faut-il retenir des législatives 2022 ? 

La colonnade de l'Assemblée nationale La colonnade de l'Assemblée nationale
La colonnade de l'Assemblée nationale
Écrit par Natacha Marbot
Publié le 20 juin 2022, mis à jour le 21 juin 2022

L’élection législative 2022, primordiale pour la vie démocratique française, a révélé un horizon politique français fragmenté, et n’a pas permis à Ensemble ! une majorité absolue. Les résultats très contrastés de la métropole ne représentent pas tout à fait les scrutins des Français de l’étranger. Que faut-il retenir des législatives 2022 ? 

 

Le second tour des législatives 2022 pour les Français de l’étranger s’est tenu le 18 et 19 juin 2022. Le vote électronique s’est déroulé du vendredi 10 juin 2022 à midi heure de Paris jusqu'au mercredi 15 juin 2022. Au niveau national, la coalition présidentielle obtient 245 sièges, la NUPES 149, le RN 89 et LR 64 sièges. Qu’en est-il chez les Français de l’étranger ?

Un taux de participation très faible chez les Français de l’étranger

Un premier constat est indéniable : les Français de l’étranger ont moins voté que leurs compatriotes en France. Malgré le vote en ligne, la participation moyenne sur les 11 circonscriptions s’élève à 24,77%, contre 46,14% en France. Les Français de l’étranger se sont cependant plus mobilisés en 2022 qu’en 2017, où ils étaient seulement 16,44% à être allés voter au second tour des législatives. 

La 3e circonscription (Irlande, Royaume-Uni, Danemark, Estonie, Finlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Suède) est celle où les Français ont le plus voté, à hauteur de 33,47%. La circonscription qui révèle le moins bon taux de participation est la 8e (Chypre, Grèce, Israël, Italie, Malte, et Turquie), à 13,93%. 

 

cartographie de l'assemblée nationale 2022

 

Cartographie des 11 députés des Français de l’étranger

  • Parmi les 11 nouveaux députés, 9 sont issus de la majorité présidentielle, 1 de la NUPES et 1 de LR/UDI. 
  • 7 d’entre eux ont été réélus pour un nouveau mandat, et 4 sont des nouveaux visages du Palais-Bourbon, ce qui fait un taux de renouvellement de plus d’un tiers des députés des Français de l’étranger. 
  • Parmi les nouveaux, Karim Ben Cheik, le seul député qui se placera à gauche de l'Hémicycle, pour la NUPES.  
  • Sur les 11 députés des Français de l’étranger, 3 sont des femmes, loin de la parité mais à l’image du reste de l’Hémicycle.
  • L’âge moyen des députés est jeune : 47 ans. Les trois plus jeunes (Eléonore Caroit, Alexandre Holroyd et Pieyre-Alexandre Anglade) ayant 35 et 36 ans, et les doyens (Frédéric Petit et Meyer Habib), 61 ans. 

Des heurts dans la 8e circonscription

Les élections législatives ont été mouvementées dans la 8e circonscription des Français de l’étranger. A quelques jours du second tour, Meyer Habib (UDI-LR) avait en effet accusé le Quai d'Orsay de ne pas avoir ouvert de bureaux de vote à Eilat, Beersheva et Ashdod, trois villes d'Israël qui comptent le plus grand nombre d'électeurs de cette circonscription.

Meyer Habib avait été accusé de pratiques questionnables : “Il y a un climat nauséabond. J'ai reçu un sms avec des menaces contre mon fils et les mots: 'retire ta candidature'. J'espère que dimanche le vote se déroulera dans un climat républicain et sans ingérence", avait déclaré jeudi Déborah Abisror-de Lieme à l’AFP. Meyer Habib avait fermement nié ces accusations et avait également détaillé des menaces qu’il avait reçues : « Je vis sous protection policière depuis 8 ans car je reçois des menaces de mort contre moi et ma famille quasi quotidiennement en le médiatisant le moins possible ». Il a finalement été élu avec 50,58% des suffrages.

Absence de député RN dans les circonscriptions des Français de l’étranger

C’est un des grands évènements de ces élections législatives en France : la montée en puissance du groupe RN à l’Assemblée. L’ancien Front national remporte 89 sièges, contre 8 en 2017, ce qui en fait une réelle force d’opposition face à la majorité présidentielle (qui n’est pas absolue). Cependant le RN n’a pas autant séduit les Français de l’étranger, les candidats ayant tous été éjectés au premier tour. Cela rappelle les résultats de la dernière présidentielle, où Marine le Pen a rassemblé seulement 13,86% des voix, contre un score de 41,4% en France.

Un renouvellement bienvenu à l’Assemblée nationale

La nouvelle Assemblée nationale française sera la plus jeune de la Ve république, avec une moyenne d’âge de 48 ans, soit un an de plus que celle des députés des Français de l’étranger. 26 députés ont moins de 30 ans, 22 élus plus de 70 ans. Cependant, cette assemblée comptera moins de femmes qu’en 2017, avec seulement 37,26% de députées, contre 38,82% en 2017. Les Républicains présentent le moins de femmes (29,5%), et la NUPES en présente le plus (43,6%). Les deux partis sont aussi dans les extrêmes de moyenne d’âge : celle de LR étant plus âgée (50,5 ans), et la NUPES plus jeune (45 ans). 

Le plus jeune député élu à ces élections est Tematai Le Gayic, qui à 21 ans a été élu en Polynésie pour un parti indépendantiste tahitien, soutenu par la NUPES, avec qui il siégera à l’Assemblée. Il détrône Marion Maréchal qui était jusqu’alors la plus jeune députée de la Ve République, élue à 22 ans pour le Front National en 2012. 

Avec l’arrivée d’un grand nombre de députés du RN et de la NUPES, la cartographie socio-professionnelle de l’assemblée est fortement modifiée. Sa proportion de cadre diminue et les CSP se diversifient. On voit ainsi entrer pour la première fois une ancienne femme de chambre, Rachel Keke, qui a remporté la 7e circonscription du Val-de-Marne. Considérée comme symbole des luttes sociales, cette militante syndicale, mère de cinq enfants, est la première de sa profession à franchir les portes du Palais-Bourbon. 

On voit aussi arriver des artistes, du personnel éducatif, un chauffeur-livreur, un épicier ou encore une hypnothérapeute. De droite à gauche, c’est un renouvellement inédit pour l’Hémicycle.