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Haut-Karabakh : la population arménienne fuit par crainte d’un plus grand conflit

Deux semaines après l’attaque éclair de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabakh, plus de 100.000 Arméniens ont quitté la région à la hâte. La solidarité s’organise, avec l’intervention des Nations Unies et - entre autres - la visite en Arménie de la ministre de l'Europe et des affaires étrangères française Catherine Colonna. Mais la peur d’une crise humanitaire de grande ampleur gronde.

Haut Karabakh ArménieHaut Karabakh Arménie
Écrit par Teddy Perez
Publié le 2 octobre 2023, mis à jour le 5 octobre 2023

Après neuf jours de panique et un exode continu des Arméniens de l'enclave, la frontière est déserte, ont constaté des journalistes de l'AFP lors d'une visite organisée par les autorités azerbaïdjanaises. Par peur des représailles, plus de 80 % de la population arménienne a fui le territoire du Karabakh. Historiquement alliée de la Russie, l’Arménie s’est retrouvée démunie lors de l’offensive azerbaïdjanaise et a fini par capituler après avoir détenue pendant près de trois décennies la région. 

Accusé de passivité par ses opposants, le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan s’est finalement tourné vers l’Occident. Peu à peu le soutien des instances internationales se fait entendre dans la zone de conflit et aux frontières de l’Arménie. Ce week-end, pour la première fois depuis trente ans, une mission humanitaire de l’ONU s’est rendue dans le Haut-Karabakh.

 

“Les Etats-Unis ont répondu présent, l’Allemagne a répondu présent, la France évidemment historiquement. Et c’est une très bonne chose.” - Anne Genetet

Eviter un second génocide arménien

La députée des Français établis hors de France Anne Genetet est revenue à notre micro sur la situation et sur l’aide essentielle des pays de l’Occident pour prévenir d’un conflit encore plus important.

Sur le plan démographique, l’Arménie est un pays situé dans la région montagneuse du Caucase, entre l'Asie et l'Europe. Un tout petit pays même, qui ne fait pas le poids militairement avec l’Azerbaïdjan. Pour Anne Genetet, la priorité est alors de permettre à l’Arménie “de repousser l’Azerbaïdjan à distance et de se faire respecter.”  Depuis l’attaque, la crainte d’un “nettoyage ethnique” est dans toutes les têtes, d’autant plus dans un contexte où il n’y a pas vraiment d’observateurs internationaux dans le Haut-Karabakh.

Nous redoutons tous qu’il y ait des exactions et des crimes qui soient commis. Auquel cas, si c’est ciblé contre une population, on ne peut pas ne pas prononcer le terme fort de génocide.

L’Arménie est prise en étau. À l’Est, il y a l’expression d’une volonté de faire partir les Arméniens du Haut-Karabakh. À l’Ouest, la situation pourrait également empirer, prévient Anne Genetet : le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdoğan, souhaitant agrandir son territoire, “un corridor routier qui la lierait à l’Azerbaïdjan” pourrait être construit. Il couperait ainsi l’Arménie de son partenaire historique, l’Iran au sud.

 

 

De France, les ambassadrices se font front

Mardi 3 octobre, la ministre de l'Europe et des affaires étrangères française Catherine Colonna est en visite en Arménie. Avant d’afficher cette présence physique, c’est l’ambassadrice de l’Arménie Hasmik Tolmajian qui a pris les devants dans les médias pour noter le soutien historique de la France et pour avertir d’un danger plus grand encore :

“Le président Ilham Aliyev a déclaré il y a plusieurs années que son objectif stratégique est de prendre Erevan (capitale de l’Arménie - ndlr). C’est une annonce outrageuse mais méthodique car, au moment où elle est prononcée, nous l’intégrons déjà. Il va passer à l’acte.” - Hasmik Tolmajian sur BFM TV

Au contraire, l’ambassadrice de l’Azerbaïdjan en France Leyla Abdullayeva a préféré tempérer le jeu. “Ce que veut l'Azerbaïdjan, c'est vivre en paix avec ses voisins et avec l'Arménie” assure-t-elle au micro de France Info. “Il faut sortir de la peur. L'Azerbaïdjan respecte l'intégrité territoriale de tous les pays” ajoute Leyla Abdullayeva lundi 2 octobre.

 

Interrogée sur les propos de Leyla Abdullayeva, Anne Genetet a reconnu des mots déclarés depuis des années par l’Azerbaïdjan, “sans actes derrière”. “En 2020, notamment, il y a eu la guerre des 44 jours dans le Haut-Karabakh où l’Azerbaïdjan a commis des crimes”. explique-t-elle. Ce nouveau comportement de Bakou ne surprend pas la députée. Néanmoins, il interroge sur les relations nouées avec ce pays…

 

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