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Frustration, système D : ces expatriés qui ne maîtrisent pas la langue du pays

le mot bonjour écrit en plusieurs languesle mot bonjour écrit en plusieurs langues
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 1 août 2021, mis à jour le 1 août 2021

Cela fait déjà plusieurs mois, voire années, que vous vivez dans ce pays dont vous ne maitrisez pas la langue. Mais comment faites-vous pour dépasser la barrière de la langue ? Quelles sont les difficultés rencontrées ? Des expatriés français témoignent dans leur langue natale, de leurs difficultés et solutions.

 

 

« Un peu, pas vraiment, pas du tout », voici comment vous pourriez définir votre niveau de compréhension de la langue de votre pays d’expatriation. Que vous soyez arrivé il y a quelques mois, ou quelques années, vous avez beau prendre des cours, rien n’y fait ! La langue de votre nouveau chez vous semble impénétrable. Alors comment naviguer dans ce nouveau monde où tout devient incompréhensible ? Des expatriés ont accepté de témoigner de leurs difficultés mais aussi de leurs astuces pour profiter au mieux de leur expatriation.

 

Des fois c'est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir comprendre ou s'exprimer sans un intermédiaire

 

« Frustration ! », quand les expatriés ne peuvent pas s’exprimer

Vivre dans un pays dont on ne maitrise pas la langue complique forcément le quotidien. Mathilde, expatriée en Turquie, a commencé à apprendre le turc mais a abandonné « à cause d’un emploi du temps trop chargé ». Si elle envisage de reprendre, elle ressent beaucoup de « frustration » à ne pas pouvoir s’exprimer dans la langue locale. « Je suis traductrice et mon incapacité à m'exprimer, à agir ou à entreprendre des choses en raison de la langue me place dans une position très désagréable. Comme l'impression de perdre en crédibilité, en liberté aussi beaucoup », explique-t-elle.

 

Alexia, expatriée en Pologne, adoube et regrette de ne pas avoir la liberté de faire ce qu’elle veut : « Des fois c'est extrêmement frustrant de ne pas pouvoir comprendre ou s'exprimer sans un intermédiaire. Je voulais prendre des cours en informatique et je ne peux pas parce que ceux qui m'intéressaient je ne les ai trouvés qu'en polonais pour le moment ».

 

Un expatrié ne comprenant pas la langue locale

 

Ne pas trouver le « mot juste » ou le royaume de l’« à-peu-près »

Quand on connait un peu la langue du pays, les difficultés ne sont pas finies pour autant. Si cela permet de faciliter les conversations usuelles, tout se complique quand on doit communiquer des besoins particuliers ou quand on veut s’exprimer plus finement. « L’italien est une langue difficile quand on veut bien la parler. C’est simple quand je veux avoir une conversation d’un niveau élevé, j’ai du mal à trouver le mot juste », souligne Mona.

 

Imane, expatriée en Indonésie, se sent parfois mise à l’écart de certaines conversations professionnelles : « Dans la vie pro, on a du mal a aller dans les détails des conversations… C'est parfois mieux de parler la langue locale car la plupart des personnes (surtout celles d'un certain âge) ne comprennent pas vraiment l'anglais. Quand c’est le cas, les conversations « dérivent » dans la langue locale car c’est plus rapide. Ceux qui ne maitrisent pas la langue, sont donc vite perdus ».

 

Marie, qui vit au Portugal, se débrouille la plupart du temps mais rencontre des difficultés « dans les questions médicales, administratives et sanitaires ». « Ce serait bien de tout comprendre et de pouvoir s’exprimer dans la langue du pays », avoue-t-elle.

 

Adélaïde, expatriée en Allemagne, souligne également : « Le plus difficile est les démarches administratives ou les conversations téléphoniques car dans les magasins où en face a face on parvient toujours à se faire comprendre en prenant le temps ! ».

 

Même frustration pour Sophie, expatriée en Espagne : « Je suis frustrée de ne pas comprendre l'intégralité des propos quand on me parle, de ne pas pouvoir m'exprimer avec exactitude en toutes circonstances »

 

Il est toujours possible de se faire comprendre un minimum, même avec la barrière de la langue

 

Le système D pour dépasser la barrière de la langue

Comment faire quand on ne comprend pas la langue locale ? On fait avec les moyens du bord ! Mathilde nous présente sa boîte à outils version débrouille : « gestes, sourires, mimes, recours à l'anglais, papier crayon, se débrouiller seul aussi, aide des amis, Google translate et images pour les commandes en ligne, etc. ».

 

Nicolas, expatrié en Thaïlande, nous explique sa méthode : « En connaissant quelques mots, en montrant les choses ou en les mimant, il est toujours possible de se faire comprendre un minimum, même avec la barrière de la langue ».  « Je me fais comprendre par les mots que je connais, plus des signes et l’anglais », raconte Alexia.

 

Adélaide, expatriée en Allemagne, témoigne : « J’ai pris quelques cours de “ survie” cette année pour avoir le minimum, mais l’allemand ne s'apprend pas en 6 mois ! Avec le covid, les occasions de pratiquer sont limitées. Par chance, beaucoup d’Allemands parlent anglais dans le quotidien, parfois même français ! J’ai choisi des médecins qui parlent français et anglais. Cependant, il reste parfois difficile de communiquer avec certains petits commerçants  ou avec les administrations. Dans ce cas, j’essaie de passer plutôt par l’écrit en utilisant google translate pour les documents écrits ».

 

Imane prise également les outils en ligne : « Commencer par les applis (i.e DuoLingo) pour avoir une petite base. Traduire toutes les petits mots que l'on voit souvent (sur les panneaux publicitaires, à la télé etc..) à l’aide de google traduction. C'est un outil très pratique si on peut dialoguer avec des locaux alors qu'on ne maitrise pas la langue. »

 

Apprentissage des langues par les expatriés

 

Pas de miracle, il faut apprendre !

Quand il est compliqué d’apprendre une langue, bon nombre sont les expatriés qui préfèrent s’entourer d’amis francophones ou parlant au moins anglais. Mais cela ne facilite pas leur intégration dans la société locale. « Par mon travail, je connais beaucoup de francophones ce qui complique mon apprentissage et je ne parle que français à la maison pour entretenir le français de mes enfants », déplore Alexia.

 

Applications, cours en ligne ou en présentiel, soutien des amis et proches, tout est bon pour se mettre à apprendre la langue locale, même si l’apprentissage peut s’avérer compliqué et long ! Imane conseille de « s’intéresser à la culture et les coutumes du pays » « C’est un bon moyen d'apprendre quelques mots. Et bien sûr, prendre des cours le plus tôt possible après son arrivée », ajoute-t-elle.

 

Sophie peut compter sur l’aide de son compagnon qui lui « parle en espagnol ».  Elle ajoute : « J'écoute très attentivement les gens dans les commerces, je leur explique que je viens vivre en Espagne et que j'apprends la langue, je demande à ce qu'on me parle lentement ».

 

Pour Adélaïde, il ne faut surtout pas avoir peur de parler dans la langue locale, quitte à faire des erreurs : « J’essaie aussi de me stimuler en faisant des erreurs pour progresser plus vite. Il faut prendre son temps, préparer son vocabulaire en fonction de la situation qu’on va rencontrer. Pour ma part, j’essaie de commencer la conversation en allemand même si ensuite je passe en anglais par souci d’intégration ».

 

Même si l’apprentissage peut s’avérer frustrant, décourageant et interminable, comprendre la langue de son nouveau pays d’expatriation, même à un niveau débutant, permet de mieux appréhender une nouvelle culture et apprécier davantage son séjour. Comme le résume parfaitement Marie : « On ne connaît bien un pays que si on parle la langue de ce pays ! ».