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Alexandre Capron, France 24 : dire stop à la désinformation sur les réseaux

n ancien journaliste de lepetitjournal.com Johannesburg, du nom d’Alexandre Capron, est devenu le présentateur de l’émission Infos ou Intox, anciennement tous les lundis à 9h45 sur France 24n ancien journaliste de lepetitjournal.com Johannesburg, du nom d’Alexandre Capron, est devenu le présentateur de l’émission Infos ou Intox, anciennement tous les lundis à 9h45 sur France 24
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 4 mai 2022, mis à jour le 6 mai 2022

Un ancien journaliste de lepetitjournal.com Johannesburg, du nom d’Alexandre Capron, est devenu le présentateur de l’émission Infos ou Intox, anciennement tous les lundis à 9h45 sur France 24. L’objectif : lutter contre la désinformation sur les réseaux sociaux et partager les bons réflexes au plus grand nombre.

 

n ancien journaliste de lepetitjournal.com Johannesburg, du nom d’Alexandre Capron, est devenu le présentateur de l’émission Infos ou Intox, anciennement tous les lundis à 9h45 sur France 24

 

En quoi consiste votre émission Infos ou Intox ?

France 24 possède une rédaction dédiée à la lutte contre la désinformation nommée les Observateurs. Info ou Intox en est l’émission phare. Elle a été créée en 2015 par une équipe de journalistes de France 24, Ségolène Malterre et Wassim Nasr. Infos ou Intox n’était qu’une émission annuelle pour la semaine de presse à l’école, avant de devenir hebdomadaire en 2018. Elle est désormais disponible en français, arabe, anglais et espagnol.

 

Dans cette émission, nous essayons de ne pas uniquement nous concentrer sur le fact checking « classique », en expliquant que telle image circule et qu’elle est fausse, mais tentons de prendre un créneau particulier avec une explication pédagogique. Nous avons essayé, dans notre processus de vérification, d’intégrer à l’émission tous les éléments qui nous amènent à prouver qu’une information fausse est avérée. Comment utilisons-nous les outils de recherches d’images inversées ? Quelles sont les techniques à utiliser pour faire de la vérification ? Comment obtenir la géolocalisation d’une vidéo ou d’une image ? Quelles sont les petites astuces à adopter ? Tout cela a donné lieu à quatre saisons d’en moyenne une quarantaine d’épisodes. Pour le moment, Infos ou Intox est en pause. Nous réfléchissons aux évolutions possibles.

 

 

 

Quelle est la différence entre les fakes news et le fact checking ?

Le terme fake news traduit une réalité propre à chacun. Cela désigne ce que nous considérons être comme contraire à notre propre perception de la réalité. Aujourd’hui, nous observons de nombreux acteurs de la vie politique qui galvaudent ce terme et utilisent cette logique non-factuelle. Le fact checking est un retour aux faits, à ce qui a été dit et qui peut être sourcé de manière factuelle.

 

 

La multiplication des canaux augmente les opportunités de désinformer

Manipuler la vérité est un art vieux comme le monde, en quoi Internet a t-il apporté une nouvelle dimension à la désinformation ?

Internet a permis la multiplication des moyens de communication. La désinformation circule principalement sur des réseaux plutôt directs comme WhatsApp ou Télégram. Elle ne circule d’ailleurs pas que sur un unique réseau. Elle peut apparaître sur Twitter puis être dupliquée sur Facebook, sur WhatsApp et Télégram… La multiplication des canaux augmente les opportunités de désinformer.

 

 

Il ne faut cependant pas être extrême. Nous voyons de plus en plus Internet être un vecteur de lutte contre la désinformation. Il arrive que des citoyens, pas nécessairement journalistes, retrouvent la source d’une image et préviennent dans les commentaires de la fausse information. Si nous utilisons les réseaux sociaux avec parcimonie et que nous adoptons de bons réflexes, nous luttons contre la désinformation.

 

Les jeunes sont les plus présents sur les réseaux sociaux. Avez-vous des conseils à donner pour s’en protéger et développer son sens critique ?

Il est très simple de télécharger sur son téléphone une application de recherche d’image inversée. Il en existe de nombreuses sur l’Apple store ou Android. Cet outil télécharge la photographie et cherche sur différents moteurs de recherches comme Google Images mais aussi sur des sites qui sont moins connus, comme Yandex, pour faire sortir les occurrences plus anciennes de la photo. Cela est très rapide à faire. La personne peut même aller plus loin et prévenir en cas de désinformation. Les citoyens qui partagent la fausse information ne le font pas forcément consciemment, ils peuvent eux-mêmes avoir été trompés. Si nous n’avons pas ces petits réflexes et ces outils, qui sont accessibles et gratuits, il peut être facile de se faire avoir. Nous avons par ailleurs recensé toutes les autres techniques de fact checking dans un kit de vérification disponible sur le site des Observateurs.

 

 

En réalité, il n’y a pas de petite désinformation

 

Quelle est la désinformation qui vous a le plus marqué ?

Cette question est difficile car il y en a beaucoup… (rires) En 2017 durant l’entre-deux-tours, lors d’un débat entre les deux candidats à la présidentielle, des documents prétendant prouver qu’Emmanuel Macron avait un compte aux Bahamas sont apparus sur la toile. Ces documents sont sortis sur des réseaux bien identifiés, plutôt pro-Trump, pro-russes et favorables à Marine Le Pen. Ils ont été massivement relayés. Nous nous sommes assez rapidement rendus compte qu’il s’agissait en réalité d’un assemblage créé de toute pièce avec une fausse signature d’Emmanuel Macron. Cette information m’avait particulièrement marquée. Il existe aussi des intox très farfelues. En réalité, il n’y a pas de petite désinformation.

 

 

Le journaliste est là pour vérifier les faits, mais le fact checking est encore autre chose

 

Quelle évolution de la désinformation imaginez-vous ?

Le fact checking est devenu très à la mode. Beaucoup de médias s’y intéressent. Plus il y a de vérification, plus il y a de pluralisme et plus les lecteurs peuvent voir différents médias aboutir aux mêmes conclusions.

Je regrette cependant que certains puissent utiliser le terme de fact checking à tout-va. Présenter un contenu comme du fact checking alors qu’il n’en est pas est un risque de galvaudage. Le fact checking est quelque chose de très particulier nécessitant une méthode rigoureuse et une attitude transparente vis-à-vis de ses sources. Évidemment, le journaliste est là pour vérifier les faits, mais le fact checking est encore autre chose. Il faut avoir une aisance technique avec les outils informatiques, vérifier les images avec une rigueur particulière et être transparent sur la démonstration. Nous observons la désinformation augmenter. Il est essentiel que des professionnels qualifiés continuent de prendre le temps de vérifier les informations. Si demain nous arrivons à transmettre à toutes les générations des conseils de fact checking, ce serait déjà très bien !