Édition internationale

Du Mans à Katmandou, HDW slame sans frontières

Slameur et fervent supporter de l’écriture à la main, Alexandre Sepré, alias HDW, construit sa carrière entre scènes, voyages et collaborations. À l’automne 2025, il sera en résidence de création au Népal. L’occasion pour lui de nourrir sa plume et partager son art avec les locaux.

Alexandre Sepré, HDW sur scèneAlexandre Sepré, HDW sur scène
Crédit : Jean-Michel Jarry
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 15 octobre 2025, mis à jour le 21 octobre 2025

 

« HDW, ça signifie handwriting, l’écriture à la main. » Pour Alexandre Sepré, alias HDW, tout commence par un geste : « Quand j’écris, je le fais toujours de manière physique, avec du papier et un crayon. » Dans un monde saturé d’écrans, le slameur originaire du Mans revendique ce rapport à la matière, un besoin de « truc palpable », comme il aime dire, d’un ancrage concret dans les mots.

Alexandre Sepré écrit depuis l’âge de six ans, bien avant de monter sur scène : « J’apprenais à lire, à écrire et à faire du théâtre en même temps, confie-t-il, Il y avait déjà une base propice au slam. »

 

Trois minutes pour se réinventer

Introverti, HDW découvre sur scène un lieu de transformation : « C’est un espace où je peux me sentir en sécurité, me redéfinir, incarner d’autres vies, d’autres origines, d’autres influences », dit-il. 

Dans le slam, il trouve une liberté brute. Trois minutes, pas de musique, pas d’accessoires… Mais après ses débuts sur les scènes ouvertes, le slameur ressent le besoin de dépasser ces formats codifiés. « J’ai commencé à slamer en 2009. En 2012, la lassitude me rattrape : toujours les mêmes textes, les mêmes cartouches à la compétition. Il fallait que je sorte de cette boucle pour me nourrir autrement. » 

 

HDW au Sénégal
Sénégal 2024. Crédit : Nianki Fall

 

HDW avait déjà goûté au théâtre, c’était le moment de s’y remettre. « En 2015, j'ai vraiment mis les pieds dans le milieu. Tout s'est fait sur la pratique, sur le terrain, avec des metteurs en scène qui m’ont appris à déconstruire les clichés autour du slam. » Car pour lui, slamer c’est beaucoup plus que crier et aller vite. C’est aussi prendre son temps, incarner des émotions.

 

Nepal Tour

Prochain départ : Katmandou. Du 27 octobre au 14 novembre 2025, HDW veut y mener une résidence artistique avec l’Alliance Française et plusieurs artistes locaux. « Je vais collaborer avec une rappeuse, Suski, militante féministe et proche de la communauté queer. » L’idée : échanger les points de vue, inverser les rôles : « Elle me racontera le Népal, et c’est moi qui écrirai là-dessus. Moi, je lui raconterai la France, et c’est elle qui écrira. » Le projet prévoit de mêler spoken word et production musicale.

Au-delà de la création, HDW se nourrit de la rencontre : « J’y vais surtout pour ça : me nourrir de tout ce qui se passe sur place, inspirer et stimuler mon écriture. » Le voyage est pour lui une bouffée d’oxygène : « Au Mans, c’est toujours la même chose, toujours les mêmes lieux, les mêmes gens. Le fait d’aller ailleurs permet de casser cette routine. »

 

 

Slameur fatigué, slameur menacé

« La fin de HDW se rapproche, les amis. » Voilà ce qu’écrivait le slameur il y a quelques semaines dans un post Instagram. En France, la culture s'essouffle, l’artiste aussi : « Le financement de la part collective du pass Culture s’est effondré de 25 euros à 2,5 euros par élève, souligne-t-il, Le montant est divisé par dix et c’est extrêmement préoccupant. »

 

 

Pour lui, cette coupe budgétaire n’est pas qu’un chiffre, c’est un signal : « Cela nous précarise, et c’est encore plus inquiétant pour nous, slameurs et slameuses, qui sommes dépositaires d’un savoir-faire unique. Si on ne nous donne plus les moyens de continuer, nous finirons par arrêter et ce savoir-faire disparaîtra. » 

 

Slam un jour, slam pour toujours

Pour autant, le slam reste bien vivant selon lui, « peut-être moins visible, mais toujours aussi actif ». En France, il cite l’ouverture de la première Maison du Slam à Tours, la création d’une maison d’édition dédiée, Les Souffleurs de Vers, et la tenue de tournois et festivals dans toutes les grandes villes.

Ailleurs, où il a déjà slamé, la pratique vibre tout autant. Au Sénégal, le slam se vit comme un sport national, « presque comme le football aux États-Unis ». En Allemagne, les finales « se jouent dans des stades, devant des milliers de personnes ».

À 36 ans, HDW, lui, continue d’écrire sa route. Il prépare déjà son deuxième album, « un gros projet, un mois d’enregistrement ». Il est aussi pressenti pour un festival de slam au Québec, « un rendez-vous qui réunit des slameuses et slameurs du monde entier pour créer ensemble ».

Et surtout il veut continuer à faire vivre la flamme du slam : « J’ai envie de continuer à vivre de ce que je fais, à transmettre. » Dans ses mots, comme sur scène, l’artiste manceau semble dire qu’écrire, c’est résister, et que tant qu’il y aura des voix pour se lever, le slam, lui, vivra.

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