À la baguette du théâtre national de l’Opéra-Comique depuis novembre 2021, Louis Langrée a fait de sa carrière un rêve du quotidien, et toujours en musique. Après avoir dirigé dans le monde entier, Louis Langrée a choisi de terminer son parcours professionnel chez lui, à Paris, dans la somptueuse salle Favart.
Il y a des parcours professionnels qui mériteraient des romans. Celui de Louis Langrée serait digne d'un opéra. L’actuel directeur de l’Opéra-Comique (Paris, 2e arrondissement) a connu les plus prestigieux théâtres du monde entier dans ses activités de directeur musical.
En perpétuel mouvement, la rencontre avec Louis Langrée s’est faite au printemps 2024 alors que l’Opéra-Comique venait de clôturer sa saison artistique. Dans son bureau, accolé à la scène de la salle Favart, ce directeur jovial et peu banal a tout tenté pour nous faire comprendre les caractéristiques de l’Opéra-Comique, sa richesse culturelle et son histoire. Un défi qu’il a réussi avec brio et qui a donné un récit paru sur lepetitjournal.com quelques semaines plus tôt : À la découverte de l’Opéra-Comique : “le secret le mieux gardé de Paris”.
“J’ai eu une vie professionnelle que je n’aurai même pas osé rêver. C’est Noël tous les jours”
Avant d’être à la tête de l’Opéra-Comique, Louis Langrée a “énormément bourlingué”. Il a été directeur musical en Angleterre, en Belgique, en Autriche et a été responsable pendant plus deux décennies d’un festival aux Etats-Unis. À 63 ans, il a souhaité terminer son parcours professionnel en France pour “rendre à mon pays ce qu’il m’avait permis de faire”.
“Si vous pouvez diriger un orchestre musical jusqu’à votre dernier souffle, diriger une institution nationale est contraint par la limite d’âge.” Dans ce quotidien professionnel qu’il résume comme étant “Noël tous les jours”, il a préféré embrasser un nouveau défi en dirigeant l’Opéra-Comique. Un théâtre dont il est tombé amoureux dès la première fois où il a pu y diriger en 2009 :
“J’ai eu une vie professionnelle que je n’aurai même pas osé rêver. Diriger à l’opéra de Vienne, de Milan, de New York ou de Londres… J'ai eu envie d'une nouvelle expérience avec plus de responsabilités. Mais quand vous êtes directeur, c'est vous qui faites travailler les équipes, qui les portez, qui les motivez. Vous les incitez à être plein d'imagination et j'aime ça. J'ai une chance formidable et j'en suis heureux.”
Louis Langrée, le génie comique
Pour décrire son Opéra-Comique et les œuvres nées qu’il a vu naître - comme Carmen de Bizet - Louis Langrée n’est plus à une métaphore près. Et quand il ne trouve pas les mots pour exprimer ses émotions, il est plus simple pour lui de les faire ressentir en musique, bien aidé pour son ami le piano disposé à côté de son bureau.
Chevalier de la Légion d'honneur, Louis Langrée sera fait commandeur des Arts et des Lettres le 20 septembre prochain. Il apporte désormais toute son expérience dans un Opéra-Comique en quête d’une plus grande notoriété. Une reconnaissance quasiment populaire tant elle milite pour se débarrasser des images d’entre-soi et d’élitisme dont le théâtre est souvent victime.
“L’Opéra-Comique, c’est la représentation de nous tous sur scène. Il appartient à tout le monde et c’est à nous tous d’en prendre soin et de partager les valeurs qui nous unissent : liberté, égalité et fraternité par la musique elle-même” dépeint Louis Langrée pour présenter son institution. Directeur, il en est même devenu l’ambassadeur idéal car Louis Langrée est un personnage à part entière qui était fait pour travailler avec l’Opéra Comique : “J’en aime son histoire ; J’ai à cœur de développer la compréhension de ce qu’est l’Opéra-Comique.”
“Mon rôle en tant que directeur à la carrière de chef d’orchestre est de montrer que la musique est le langage le plus direct qui puisse être.”
“Mon rôle est de faire en sorte que tout le monde - non seulement - sache ce qu’est l'Opéra-Comique, mais aussi que tout le monde ait envie d'y aller parce que tous les gens qui le découvrent se disent “Mais comment c'est possible ? Je n'imaginais pas une seconde qu'il y avait ce lieu aussi beau.”
Niché en plein cœur de Paris, il n’est pas surprenant de ne pas connaître ce Haut-Lieu de l’art français. À la différence de ses voisins de quartier, notamment l’Opéra Garnier, l'Opéra-Comique n’est pas visible d’une grande rue. Il est construit en 1714 et tourne le dos aux Grands Boulevards parisiens. La raison : à cette époque, ces boulevards délimitent la capitale et il est préférable que la façade du théâtre ait, en arrière-plan, la Ville Lumière plutôt que la campagne.
Malgré ses contraintes géographique et techniques, l’Opéra-Comique met tout en œuvre pour réussir sa quête de notoriété. Notamment en développant une programmation riche et variée, tragique et comique. Pour ouvrir la saison 2024/25, le choix s’est d’ailleurs porté sur le Domino Noir. Opéra-Comique en trois actes de Daniel-François-Esprit Auber, il a été créé le 2 décembre 1837 à l’Opéra-Comique et se joue de nouveau dans la somptueuse salle Favart du 20 au 28 septembre 2024.
À l'occasion des journées du patrimoine, l’Opéra-Comique propose durant trois jours, du 20 au 22 septembre, des visites gratuites et ateliers, en accès libre, ou sur réservation. Une occasion à ne pas manquer puisque l'institution ouvre rarement ses portes au grand public - en dehors des spectacles.