Parisien issu d’une famille d’artistes, diplômé de l’Ecole du Design de Nantes Atlantique, Thomas Dariel a très tôt pris son envol pour la Chine où il restera onze ans. Désormais rentré en France avec sa famille, il continue à créer et travailler entre Paris et Shanghai. Rencontre avec un designer et architecte d’intérieur inspiré qui honore la géométrie et la couleur et qui multiplie les collaborations avec de grands éditeurs.
Parlez-nous de votre activité, comment est-elle née ?
Une fois mon diplôme en poche j’ai tout de suite lancé mon activité et me suis installé en Chine à Shanghai, nous sommes en 2006. Dariel studio est un studio de design d’intérieur. En 2016 j’ai donné naissance à la maison d’édition Maison Dada dont je suis le co-fondateur aux côtés de Delphine Moreau et le directeur artistique. C’est aussi l’année où je retourne vivre à Paris avec ma femme et mes deux enfants nés à Shanghai.
A qui vous adressez-vous / qui sont vos clients ?
Nos clients pour le design d’intérieur sont quasi tous des personnes chinoises, fortunées et séduites par ma signature française et singulière. Nous rénovons de nombreux bâtiments héritage en Chine, du XVIIe et XVIIIe siècles en gardant leur âme le plus possible tout en les transformant en « boutique hotels » ou en villas privées. Pour Maison Dada nos clients sont très variés il n’y a pas de profil type, ils sont autant chinois qu’internationaux (nous sommes distribués dans plus de 50 pays), jeunes ou moins jeunes , des femmes et des hommes sensibles à un esthétique contemporain, arty, plutôt glamour, avec une touche de French lifestyle. Certains s’achèteront une pièce et d’autres opteront pour un total look avec nos meubles, luminaires, tapis et accessoires pour un univers coloré et signé.
Où et comment puisez-vous votre inspiration de marque et comment souhaiteriez-vous la faire évoluer?
Je vois Maison Dada comme un univers à part entière qui a son propre langage, ses codes et ses projets ambitieux. J’aime travailler avec des designers et créateurs de différente culture, notre dialogue autour de la création d’une pièce ou d’une collection est toujours un enrichissement personnel qui m’apporte de l’énergie. Pour mes propres créations je suis très inspiré du monde de l’art, de la musique, de la danse mais aussi de la nature qui reste une source inépuisable d’idées au travers des émotions qu’elle transmet. Maison Dada est déjà très reconnue en seulement cinq ans mais j’aimerais qu’elle évolue comme une maison intemporelle qui puisse traverser le temps le plus longtemps possible.
A quoi ressemble une journée-type pour vous ?
Je me lève très tôt et parle à mon équipe en Chine autour de 6h pour voir quelles sont les urgences et qu’ils puissent eux finir leur journée en ayant mon input. Je dépose mes deux enfants à l’école avec ma femme avec qui nous prenons un café, nous avons la chance de vivre dans le quartier de Saint-Sulpice puis je file à mon showroom parisien près du Bon Marché. J’y retrouve mon équipe parisienne et mon associée Delphine. Après un point en équipe je me mets à dessiner, que ce soit pour le design d’intérieur ou pour Maison Dada : je suis impliqué et dirige l’ensemble des créations. Mon équipe de designer est top, j’ai de la chance d’être entouré de gens passionnés, talentueux et travailleurs.
Quels sont vos projets du moment ?
Nous venons de finir plusieurs villas et hôtels en Chine dont un magnifique loft dans le quartier de Xintiandi à Shanghai. Je dois recevoir le AD100 en novembre à Shanghai (je le reçois depuis plusieurs années consécutives déjà). Avec Maison Dada nous venons de présenter certaines de mes nouvelles créations (le vase Margot, le canapé Sumo, la console murale Rose Sélavy en marqueterie…) et celles de mon ami Claudio Colucci (la réédition de son fauteuil à bascule, le Dondolo) avec qui je veux travailler le plus possible vu son talent et son énergie dont je suis un fan absolu; les vases et horloge la Fabrique des Rêves de la fameuse Kiki van Eijk de Eindhoven, et le vase Narcisse de la toute jeune Najma Temsoury, rencontrée lors d’un workshop que je donnais à la Cité du Design de Saint-Etienne et qui joue avec l’illusion d’optique.
Nous avons eu l’honneur d’accueillir notre première dame Brigitte Macron avec Hervé Lemoine, président du Mobilier National dont nous faisons partie, à notre dernière présentation à la Paris Design Week de Septembre. Je viens d’être nommé parmi les 100 meilleurs designers français par le ministère de l’industrie et son agence le VIA; je suis depuis un an le co-président des éditeurs de mobilier français au sein de l’Ameublement français et nous préparons une magnifique exposition : ‘Les Editeurs Audacieux’ avec un premier volet à Maison & Objet en janvier et un second à l’Hôtel de la Marine en septembre 2022; et la grande news est que j’ouvre un Campus International de Design en Bourgogne à 150 km de Paris (en Puisaye), le Campus MaNa, en avril 2022, qui aura pour fonction de former les professionnels de la création pour leur apporter une spécialisation autour de matière et de l’innovation. Je suis tombé amoureux de La Puisaye qui est une terre de grès, forestière agricole et une zone rurale à revitaliser.
Quel est votre principal défi ?
Mon défi principal est la mise en route du Campus MaNa qui est un projet si ambitieux et qui implique de nombreux acteurs du monde des industries créatives, les designers, les architectes, les artisans, et aussi les ingénieurs et les spécialistes de l’innovation. J’ai 40 hectares à faire vivre au rythme de la ruralité avec, comme objectif, de devenir le plus grand campus de formation professionnelle pour le design en France. L’enjeu est de taille mais il est d’utilité sociétale et environnementale, ce qui me parait être la bonne direction pour la suite de ma carrière.
De quoi sera fait demain, avez-vous un rêve ?
Le monde d’aujourd’hui est en plein bouleversement et réelle transition. Le monde de demain sera très différent. Les dix dernières années ont été la décennie la plus progressiste de notre histoire. J’aimerais qu’il soit intelligent et certainement à l’image de notre siècle des lumières. Car il est grand temps de les rallumer !