Chaque minute, 19 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans les mers du globe. Un défi mondial auquel Simon Bernard répond avec Plastic Odyssey, un navire-laboratoire qui sillonne les océans en quête de solutions contre la pollution plastique. Et comme il le rappelle, « Dans ce combat, chacun a son rôle à jouer ».


Alors que le monde célèbre ce jeudi 5 juin 2025 la Journée mondiale de l’environnement, le thème choisi, « Mettre fin à la pollution plastique mondiale », entre en résonance avec une initiative qui a pris la mer pour un tour du monde en 2022 : Plastic Odyssey, l’expédition engagée de Simon Bernard.

Simon Bernard : un entrepreneur en eaux troubles
« C’est à Dakar, en 2016, que j’ai eu un déclic. J’ai vu tout ce plastique qui se déversait dans l'océan. C’est là que j’ai décidé de monter une expédition pour agir », raconte Simon Bernard, cofondateur de Plastic Odyssey. Ancien officier de la marine marchande, il a choisi d’utiliser un bateau pour remonter le problème à sa source : « Le bateau permet de remonter le problème à la source, sur les côtes, les zones côtières et les îles qui sont accessibles uniquement par la mer », explique-t-il.

Plastic Odyssey : un bateau pour changer de cap
Le parcours du navire est tout sauf anodin. Il longe les zones les plus touchées par la pollution, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud : « Nous ciblons les pays qui ont le plus de défis en matière de gestion de déchets et de pollution plastique », explique Simon Bernard. À chaque port, Plastic Odyssey organise des ateliers : « Nous sensibilisons environ 500 enfants qui viennent à bord du bateau découvrir comment vivre sans plastique, et nous avons déjà identifié 40 alternatives au plastique ». Au-delà des discours, l’action se veut concrète : « Nous avons formé 400 entrepreneurs à bord du bateau et lancé une dizaine d’usines de recyclage, notamment au Sénégal et aux Philippines ». L’un des plus grands exploits de l’expédition reste le nettoyage d’une île classée au patrimoine mondial : « Nous avons nettoyé notre première île classée UNESCO : l’île Henderson dans le Pacifique ».
Plastic Odyssey, ou comment l’ingéniosité défie la pollution plastique
Face aux défis techniques et logistiques, l’équipe du Plastic Odyssey mise sur l’audace : « Ce qu’on a appris : s’entourer des bonnes personnes, mais aussi ne pas toujours écouter les experts », confie Simon Bernard, « ce ne sont pas les fabricants de bougie qui ont inventé l’ampoule », ajoute-t-il. Une capacité à penser autrement qui a permis à l’équipe de surmonter des obstacles inattendus : « On nous disait que c’était impossible de nettoyer une île à cause d’une barrière de corail, alors nous avons utilisé un parachute ascensionnel pour faire voler les déchets ». Car pour lui, l’enjeu écologique demande une révolution mentale : « Il faut savoir s’extraire de la pensée dominante pour trouver des solutions aux problèmes que personne n’a encore résolus ».

Un monde sans plastique : utopie ou horizon ?
Alors, un monde sans plastique, est-ce possible ? « Je suis très optimiste », affirme Simon Bernard. Et il pose un objectif clair : « L’objectif est de réduire la production mondiale de plastique d’au moins deux tiers ». Mais il en est conscient, cela ne peut se faire sans une mobilisation globale : « Nous ne pourrons pas tout résoudre seuls. Dans ce combat, chacun à son rôle à jouer ». Et surtout, il insiste sur le besoin de sensibilisation : « Aujourd’hui, il y a un réel manque de communication, de solutions concrètes », insiste-t-il. Pour ce capitaine de l’espoir contre la pollution plastique, « Sensibiliser, ce n’est pas seulement dire qu’il y a un problème. Il faut savoir comment vivre avec moins de plastique, sinon on ne pourra jamais changer ».
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