Cathy, trente-cinq ans, directrice marketing dans une grosse société technologique de San Francisco, tourne en rond professionnellement, sans but précis. Elle se sent triste, insatisfaite, perdue, frustrée, bloquée voire inutile.
Assise à la terrasse d’un café branché de Castro District, elle relate à sa meilleure amie ce qu’elle a retenue de sa première séance avec moi, le coach qu’elle a engagé pour trouver sa nouvelle voie. « Lors de notre première séance, j’attendais de Nicolas qu’il m’écoute me plaindre, qu’il fasse une liste de mes qualités et de mes défauts dans le travail puis qu’il me botte les fesses pour que j’avance dans telle ou telle direction. Au lieu de ça, il m’a posé un tas de questions personnelles et interrompu un millier de fois », dit-elle d’entrée. « Après chacune de mes réponses, j’avais la désagréable impression de l’ennuyer. « Calmez-vous Cathy, répondez précisément à ma question sans partir dans tous les sens, sans rentrer dans des détails peu nécessaires, faites l’effort de rester dans le présent » ! Pff, c’était trop dur au début jusqu’à ce que je comprenne son message: pour avancer vers une vie qui me ressemble et m’épanouisse, il faut d’abord que je cesse de m’agiter. Ne plus bouger pour avancer, quelle ironie ! Avant ça, j’étais convaincue que pour combattre le doute, en bon petit soldat, je devais agir à tout prix. Je réalise maintenant que par peur de me regarder en face, je m’écoutais parler et ne brassais que du vent », enchaîne-t-elle le visage soudainement illuminé.
Cathy est loin d’être un cas unique. Lors de leurs premières séances, la plupart de mes clients sont incapables de me répondre simplement tant ils sont persuadés que la solution à leur blocage est d’être dans le mouvement. À la place d’une réponse claire et directe, j’ai le droit à des retours dans le passé que je n’ai pas réclamés, à des questionnements sans fin, à des tangentes déroutantes, à une liste d’actions sans queue ni tête (qui plus est à entreprendre sur-le-champ !), à des « oui-mais », des « oui-bon », des « euh-ça dépend » ou encore à des cinglants « arrêtez de me couper la parole Nicolas, faut quand même que je vous explique d’où je viens et d’où mon mal-être vient ». Qu’est-ce qui provoque ces réponses à côté de la plaque ? Si les raisons sont multiples, l’angoisse d’être paralysé à un carrefour important de sa vie ainsi que l’impression d’être étouffé par une avalanche de points d’interrogation sont les deux principaux coupables. C’est ainsi que lors de notre première séance, au lieu d’écouter attentivement ce que je lui demandais, Cathy, quasi organiquement, s’est bercée de diatribes qu’elle connait par coeur, bourrées de poncifs, d’excuses ou de justifications. Un blabla qui lui est confortable car loin de la réalité du moment. Interrompre Cathy qui tergiverse n’est pas faire preuve d’impolitesse, bien au contraire. L'interrompre est l’aider à y voir plus clair en la sortant de sa zone de confort pour, au final, l’accompagner vers son objectif et la préparer à l’aventure sublime qui l’attend, et qu’elle a décidé de s’offrir, l’aventure au plus profond d’elle-même.
Afin que cette aventure sans pareil soit couronnée de succès, il fallu que Cathy, au fil de nos séances, prenne conscience que paralysée par le doute, courir dans tous les sens ne sert à rien si ce n’est qu’à tourner en rond autour d’un dilemme qui, inévitablement, lui semblera de plus en plus insurmontable. La première étape vers une vie qui nous ressemble est en effet de calmer son cerveau, de s’autoriser une pause, pour ensuite définir la vraie nature de ce dilemme et l’angle adéquat par lequel il faudra l’aborder. « C’est bien joli tout ça, Nicolas, mais comment faire ? », s’exclame Cathy. Ah, combien de fois ai-je entendu cette question ! Ma réponse a toujours été la même. En étant généreux et bon avec vous-même. En arrêtant de vous autoflageller. En ne vous sentant plus coupable de désirer une nouvelle vie malgré celle que vous vivez et que nombre de gens vous envient. En cessant de paniquer sur votre futur encore flou et s’il vous plait, en jetant au panier le Cathy petit soldat qui pense que l’action est toujours la solution ! Avant de partir à l’aventure de soi-même et faire face à la peur de l’inconnu qui vient avec, tel un alpiniste au pied d’une montagne, il faut prendre le temps de s’occuper de soi. Un concept simple et logique, mais difficile à réaliser pour un grand nombre de gens en difficulté.
En conclusion, bloqué à un carrefour de votre vie, il n’y a pas d’aventure bénéfique sans la décision de votre part de vous asseoir sur le bord de route de votre vie, de reprendre votre souffle et d’accepter l’endroit où vous vous trouvez aujourd'hui. Épuisée après avoir tournée en rond si longtemps, Cathy s’est offert cette pause méritée, salvatrice et, croyez-moi, tout à fait légitime. C’est ainsi qu’elle a éliminé les points d’interrogation qui polluaient son esprit depuis des lustres. C’est ainsi qu’elle s’est retrouvée, perdue qu’elle était de n’avoir fait que travailler. C’est ainsi qu’elle a été capable de se fixer un objectif professionnel réaliste, à court ou moyen terme et qui surtout la fera vibrer. C’est ainsi qu’elle s’est posée les bonnes questions, celles qui sont dénuées des filtres du passé, et qu’elle a trouvé les bonnes réponses, celles qui lui ont renvoyé l’image de qui elle est vraiment, en route vers la vie qui lui ressemble vraiment.
Nicolas Serres Cousiné, le life coach des expats français à travers le monde
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