« Fini la lune de miel, rien ne va plus à Shanghai ! ». Marie, 32 ans, voit tout en noir et à la voir et à l’entendre sur Facetime, il n’y a aucun aspect de sa vie qui semble prometteur. « Mon job ? Cette banque est peut-être le tremplin professionnel que j’attendais mais je ne supporte plus les sous-entendus de mon patron. Étrangère, je me sens exploitée et traitée sans le moindre respect. Ma vie sociale ? Je continue de circuler dans les mêmes soirées d’expats où je rencontre constamment les mêmes personnes à qui je n’ai rien à dire. Ma vie amoureuse ? Je ne suis pas sortie avec un seul garçon intéressant et cultivé depuis belle-lurette....il faut dire qu’avec les sept kilos que j’ai en trop, je ne risque pas de rencontrer mon prince charmant ! » Autant pour la calmer que pour la recentrer, je lui demande tout de go ce qu’elle attend de notre collaboration. « Comprendre ce qui ne va pas et opérer les changements nécessaires. Je sais que je veux rester en Chine, mais je sens que je dois passer un grand coup de balai dans ma vie et me reconstruire de A à Z. Je ne sais hélas pas par quel bout commencer ».
Marie est aussi paralysée que frustrée. Elle me fait penser à un alpiniste amateur qui, au pied de la montagne, regarde le sommet enfoui dans les nuages et se dit « C’est trop haut, je n’y arriverai jamais ». Afin d’avancer, il est temps pour Marie de baisser la tête et de ne fixer que le premier lacet. C’est en effet dans le voyage que l’on apprend sa vraie destination.
Résider à Shanghai a toujours été son rêve. « Je m’y suis senti à l’aise immédiatement, comme si c’était chez moi depuis toujours. Mais, bizarrement, j’ai aussi l’impression d’avoir trop voulu m’adapter aux différences culturelles que j’ai rencontrées. Je me retrouve aujourd’hui avec une identité qui n’est plus la mienne et une vie qui ne me ressemble pas. Je suis dans une impasse. J’ai besoin d’aide car je veux vraiment m’en sortir ». Vouloir c’est déjà pouvoir, je la prends donc au mot.
Étape 1: qu’est-ce que Fabienne pourrait changer dans sa vie en premier ? « Je ne sais pas. Je sais que je veux continuer à sortir le soir et m’amuser ». Pourquoi alors ne pas éviter les cercles d’expats et aller dans des endroits locaux où elle me connaît personne ? « Je pourrais, mais je suis trop timide pour y aller seule »
Étape 2: Pourquoi ne pas prendre un rendez-vous avec son patron et essayez de clarifier ce qui ne va pas ? « Non, il est rarement là et quand il est là, il ne m’écoute jamais ».
Étape 3: Elle a sept kilos de trop, qu’elle fasse du sport ou un régime. « Aucun régime ne marche sur moi, je suis née grassouillette ! »
Étape 4: le coach craque ! Marie se complait dans son marasme et reporte non-stop la faute sur les autres, cela m’ennuie et je ne me gêne pas pour lui dire. Si elle continue à se bercer de ses fausses excuses qui l’empêchent d’avancer, je ne peux rien faire pour elle et autant mettre fin à notre collaboration sur-le-champ.
Touchée dans son orgueil, elle réfléchit un instant puis déclare, « soit, fini d’être dans le déni ! Je vais changer radicalement un des aspects de ma vie et espérer que cela provoque un effet domino sur ma vie en général ». Après l’avoir félicité pour son courage, il n’est jamais facile de faire fi de la peur de l’inconnu, je lui demande quel va être son premier point d’attaque. Fière d’elle, elle me répond, « tant qu’à faire, autant aller à la source de mes problèmes. Il faut qu’un jour je démissionne. Je dois me l’avouer, ce job n’est pas pour moi. J’ai toujours aimé organiser des soirées et c’est dans l’événementiel que j’ai toujours voulu être ». Après avoir vérifié avec Marie que ce choix était réaliste, je lui propose de l’accompagner dans cette démarche, longue et difficile certes, mais logique et nécessaire pour elle.
Cela ne s’est pas passé sans cris et sans pleurs, mais après six semaines de va-et-vient entre son monde du devoir et celui du vouloir, Marie a démissionné puis, dans la foulée, a envoyé une candidature spontanée à un producteur d’événements artistiques qu’elle avait croisé chez des amis quelque temps auparavant. Alors que le contact entre eux s’était très bien passé, elle n’avait hélas pas donné suite, trop occupée à courir dans tous les sens pour satisfaire les exigences de son dorénavant ex-patron. Lorsque ce producteur d’événements artistiques l’a de nouveau rencontré, CV de Marie en main, le coup de foudre professionnel entre eux a été immédiat. Peu de temps après, j’ai laissé ma cliente, enfin légère comme l’air, s’envoler de ses propres ailes sachant très bien qu’elle avait les moyens de ses ambitions.
Aujourd’hui, c’est une Marie rayonnante et passionnée qui fait son entrée dans sa nouvelle vie professionnelle et, malgré les inévitables challenges inhérents à ce genre de changements, elle se sent irrésistible. Elle organise maintenant des soirées fréquentées par des gens de son niveau culturel, expatriés ou non, et à qui elle a quelque chose à dire. Elle n’a pas encore trouvé son prince charmant, « mais cette fois-ci, je sais que je suis sur le bon chemin » et l’idée d’un régime alimentaire ne lui paraît plus comme une corvée, mais comme une évidence, « Je me sens si bien intérieurement que je veux me sentir tout aussi bien avec mon apparence physique ».
Il n’y a pas d’endroits mieux qu’hors de France, donc de nos habitudes, pour prendre des risques et ainsi se diriger vers une vie qui nous ressemble. C’est en acceptant de changer ce qui ne fonctionne plus, et en osant affronter la peur qui nous paralyse, que de nouveaux horizons s’offrent à nous. Marie, en route pour le sommet de sa montagne, peut maintenant envisager l’avenir avec sérénité.
Nicolas Serres Cousiné, le life coach des expats français à travers le monde
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Le site de Nicolas Serres Cousiné http://www.nicolasserres-cousine.com