Strasbourg, Nice, Rouen, Montpellier… Certaines villes françaises tirent leur épingle du jeu économique en 2025 là où on ne les attendait pas. Si les chiffres d’investissement impressionnent, ce sont les écosystèmes locaux, parfois discrets mais puissants, qui dessinent vraiment l’avenir du business. Décryptage d’un classement établi par BrokerChooser riche en surprises.


Chaque année, comme les classements des destinations les plus heureuses ou des villes les plus vertes, surgit celui des métropoles les plus attractives pour le business. BrokerChooser vient de publier sa sélection 2025, fondée sur les montants investis en 2024, l’indice d’attractivité et de résilience, et plusieurs indicateurs socio-économiques. Le classement bouleverse les idées reçues, car, loin des clichés et des centralisations parisiennes, il met en lumière des métropoles souvent sous-estimées. Mais au-delà des chiffres, quelles sont les forces concrètes de ces villes ? Décryptage ville par ville.
Baromètre : l’attractivité de la France en 2025, un diamant brut à l’éclat terni
Pour établir ce classement des villes françaises les plus dynamiques en 2025, la plateforme BrokerChooser a analysé les 20 plus grandes métropoles de l’Hexagone selon une approche multi-critères. Six facteurs ont été retenus afin de mesurer à la fois l’attractivité économique immédiate et la capacité de résilience à long terme de chaque territoire. Parmi eux : le volume de recherches Google, reflet de la visibilité numérique d’une ville ; le nombre d’investisseurs recensés sur Crunchbase ; le nombre d’entreprises ayant levé des fonds en 2024, ainsi que le montant total des investissements reçus cette année-là. L’analyse inclut également la variation de ces investissements depuis 2019, afin d’évaluer la dynamique de croissance, et un indice global d’attractivité et de résilience, fondé sur les données du baromètre Arthur Loyd.
Strasbourg, le laboratoire européen et hub biotech
Capitale européenne, Strasbourg décolle en 2025 avec une hausse des investissements de 433 %, la propulsant à la troisième place des métropoles moyennes les plus dynamiques. Ce boom s’explique en partie par son positionnement stratégique entre France, Allemagne et Suisse, mais aussi par son ancrage dans les biotechnologies et la santé.
La présence d’incubateurs comme SEMIA ou le Bio-Incubateur de l’ESBS, ainsi que l’écosystème universitaire dense, fait de la ville alsacienne un laboratoire d’innovation. Strasbourg accueille aussi le Parc d’innovation d’Illkirch, en plein essor. Son seul frein est une attractivité parfois ralentie par une mobilité interrégionale encore perfectible.
La start-up méditerranéenne façon Montpellier
Montpellier, souvent perçue comme une ville d’étudiants et de soleil, affiche une progression d’investissements de 377 %, propulsée par son Business & Innovation Centre (BIC), classé parmi les cinq meilleurs incubateurs publics mondiaux.
Spécialisée dans la santé, le numérique et l’environnement, Montpellier séduit autant les chercheurs que les entrepreneurs, notamment dans l’agroalimentaire avec AgroVallée. Son climat, sa jeunesse et sa politique de soutien aux indépendants renforcent encore son aura.
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Une Lille industrielle, réinventée version tech
Lille, bastion historique du commerce et de l’industrie, s’est réinventée dans les années 1990, troquant ses usines contre des bureaux et redynamisant son économie. La ville fait désormais sensation parmi les grandes métropoles avec +235 % d’investissements. Derrière ce chiffre, une stratégie de transformation de l’héritage industriel en terre d’innovation. Aujourd’hui, la métropole concentre 453.200 salariés, soit près de 30 % des emplois privés des Hauts-de-France. Le tissu entrepreneurial y est dense, avec un nombre de PME-PMI trois fois supérieur à la moyenne nationale, un héritage direct de sa tradition industrielle.
Berceau de grandes enseignes de la distribution comme Auchan, la région a aussi vu naître les Docks du Nord en 1908, ancêtres des supermarchés Match. En 2022, plus de 20.500 entreprises ont été créées à Lille. À l’avant-garde, EuraTechnologies, l’un des plus vastes incubateurs européens, fait émerger des centaines de start-ups en fintech, cybersécurité, robotique ou agritech. Lille attire aussi les projets de relocalisation industrielle et tire profit de sa position de carrefour européen. Son quartier d’affaires Euralille accueille start-ups, finance et pôle high-tech, tandis que le Crédit Mutuel Nord Europe y a installé son siège, étendant son influence jusqu’en Belgique et au Luxembourg.
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Nice est discrète, mais pleine de potentiel
Nice n’affiche “que” la cinquième place parmi les métropoles moyennes… avec une baisse d’investissements de 39 %. Et pourtant, la ville conserve une forte capacité de rebond.
Nice figure parmi le top 15 mondial des Smart City. Et sur la Côte d’Azur, une dizaine de projets pilotes, à l’échelle nationale et européenne, y sont testés. Le territoire est l’un des laboratoires grandeur nature les plus actifs de France. En misant sur la diversification économique (tourisme d’affaires, tech…), et en s’appuyant sur des structures comme l’Incubateur Provence Côte d’Azur, Nice attire les entrepreneurs en quête de qualité de vie et de rayonnement international. Le revers ? Un foncier cher et une économie encore trop saisonnière.
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La science appliquée au business à Grenoble
Grenoble, avec sa chute d’investissements de 45 %, pourrait sembler en retrait. Son écosystème deeptech, scientifique, ses laboratoires et son orientation vers l’industrie verte lui permettent de rester dans la course.
Capitale de la microélectronique et de l’ingénierie de pointe, elle abrite des incubateurs comme Le Tarmac ou des structures comme CEA Tech, en lien direct avec la recherche publique. La présence de grands groupes (STMicroelectronics, Schneider Electric) garantit un flux constant de R&D (Recherche & Développement).
La métamorphose silencieuse de Rouen
La capitale normande capitalise sur la logistique, la transition énergétique et la mobilité verte. Rouen fait pour l’instant figure d’outsider, avec une modeste variation de +7 % d’investissements.
La métropole attire grâce à des aides aux entreprises, du foncier disponible et une vraie volonté de développer les secteurs innovants. Le port de Rouen, les projets d’hydrogène vert, et l’émergence d’incubateurs comme Normandie Incubation ou NFactory renforcent l’attrait du territoire. Avec 45.000 étudiants, plusieurs grandes écoles et plus de 2.000 chercheurs, Rouen mise aussi sur la jeunesse et la recherche. Une ville qui allie dynamisme économique et cadre de vie.
À une heure de Paris, Rouen profite également d’une position idéale entre terre, mer et fleuve. Son port est l’un des plus actifs d’Europe pour les céréales. Les connexions sont nombreuses : autoroutes, TGV, aéroport, fibre optique. Encore faut-il que la ville s’affirme davantage dans la compétition interrégionale !
Toulouse, la force tranquille de l’aéronautique
Toulouse reste en tête des grandes métropoles, malgré une baisse de 34 % des investissements. Une anomalie apparente, car son indice de résilience élevé témoigne d’une économie stable, diversifiée et tournée vers le long terme.
Si l’aéronautique est son pilier, la ville mise aussi sur les mobilités du futur (métro 3e ligne, drones), le spatial (CNES, Aerospace Valley) et la cybersécurité. L’environnement entrepreneurial est renforcé par plus de 30 structures d’accompagnement, comme Nubbo ou encore l’association Les Premières, qui accompagne et propulse des projets féminins et mixtes.
Lyon, accessible et capitale de la diversification
De son côté, Lyon connaît une envolée spectaculaire de +364 %, ce qui confirme son statut de pôle économique à l’échelle nationale et européenne. L’écosystème entrepreneurial y est particulièrement favorable aux start-ups et attire autant dans la finance verte, la santé numérique, que l’ESS (économie sociale et solidaire).
Des structures comme l’accélérateur responsable H7, Ronalpia ou encore l’incubateur de l’EM Lyon accompagnent une nouvelle génération d’entrepreneurs, sensibles aux enjeux sociétaux. Le point fort de Lyon est un taux de chômage régional bas (6 %). Le point faible, une saturation immobilière qui pourrait freiner certaines installations.
Selon les témoignages, le réseau de transports est un des véritables atouts de Lyon. D’après Véronique, de retour en France après une expatriation : “La situation géographique de Lyon permet de sillonner la France et l'Europe grâce à son réseau autoroutier, ferroviaire, aérien ; L’aéroport est accessible sans voiture avec le tramway Rhône-Express spécial aéroport St-Exupéry.” Clémence rappelle : “La SNCF dessert de nombreuses destinations - 2h de Paris, 2h30 de l'aéroport Charles de Gaulle, 1h30 de Marseille, 2h de Genève - mais aussi Barcelone, Bruxelles et l'Eurostar depuis Londres.”
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Et si l’avenir du business était régional ?
Ce classement montre une tendance de fond, l’attractivité économique ne dépend maintenant plus uniquement de la taille d’une ville ou de son nombre d’habitants. Si l’Île-de-France capte encore l’essentiel des créations d’emploi, cela révèle un rééquilibrage subtil mais réel.
Les métropoles régionales gagnent en légitimité, prennent confiance, se spécialisent, chacune à leur manière. Là où certaines misent sur l’innovation technologique, d’autres valorisent la qualité de vie, les filières locales ou la connectivité européenne. Pour les investisseurs, le message est qu’en 2025, il ne faut plus seulement regarder vers Paris pour faire du business dans le territoire de Marianne.
À retenir :
- Les investissements analysés dans le classement incluent des fonds français et étrangers, majoritairement en capital-risque
- Les métropoles en tête combinent infrastructures, écosystèmes innovants et accompagnement entrepreneurial.
- Taux d’emploi, prix du foncier, connectivité et spécialisation sectorielle jouent un rôle aussi crucial que les montants investis.
Classement des métropoles moyennes selon BrokerChooser :
1 - Rennes
2 - Montpellier
3 - Strasbourg
4 - Grenoble
5 - Nice
6 - Rouen
Classement des grandes métropoles :
1 - Toulouse
2 - Lyon
3 - Bordeaux
4 - Lille
5 - Nantes
6 - Marseille
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