Le mot est de circonstance. Tanni, l’eau, source de vie, peut devenir danger quand la mousson comme cette année est particulièrement intense.
TANNI |
L’eau | |
MAZHAI |
La pluie | |
VELLAM |
L’inondation (attention Vellam signifie aussi le sucre de palme) | |
PARUVAMAZHAI |
La mousson | |
AROVI |
Une cascade |
Record de précipitations à Chennai en 2021
En vingt-quatre heures, il est tombé sur Chennai 23 cm d’eau ; le record de 2015 est presque atteint (25cm). Les précipitations cumulées sur un an sont 40 % plus importantes que la moyenne : 140 cm en 2021 contre 102 cm en moyenne (64 cm sur Paris par an).
A cette pluviométrie exceptionnelle s’ajoute le sous équipement et les défauts de maintenance des réseaux d’évacuation des eaux. Le Centre et les quartiers Nord de Chennai sont inondés. Les quartiers les plus touchés sont Pulianthope, Kedambakkam et TNagar.
Un numéro d’appel d’urgence a été mis en service, le 1913. Soixante et un centres d’accueil ont été ouverts dans la ville. Mardi 9 novembre, ils ont distribué des repas à plus de 20 000 personnes. Des habitants du quartier de Villivakkam ont raconté à The Hindu, qu’ils ont passé les dernières nuits assis sur des chaises, dans leur logement totalement inondé.
Prya, elle, vit avec son mari et ses deux jeunes filles adolescentes dans le quartier des pêcheurs de Marina Beach. Depuis cinq jours, son petit appartement de rez-de-chaussée est inondé. A chaque nouvel épisode de pluie intense, elle a de l’eau jusqu’aux genoux. Le quartier n’a plus d’électricité. Prya va chez un parent dans un autre quartier pour cuire le repas. La nuit, les quatre membres de la famille partagent le même lit, surélevé grâce à des briques. Les réserves alimentaires sont gâchées et Prya craint que beaucoup d’objets et de vêtements ne soient endommagés.
Malgré tout, la pluie reste une bénédiction en Inde
On s’entraide, on subit, on accepte le sort. Même lorsque les excès amènent destructions et dégradations, la pluie reste une bénédiction en Inde. Chennai connait trop ce que signifie de longues périodes de sécheresse. L’eau est source de vie et de prospérité.
Paradoxalement, la pluie qui se met à tomber lorsqu’il s’agit de réaliser un acte important (achat conséquent, démarche qui va engager l’avenir, visite médicale…) est considérée comme mauvais présage. On préférera renoncer ou reporter le projet à plus tard.
L'eau purificatrice pour les hindous
La mythologie hindoue fait une grande part à l’eau. On se rappelle l’origine divine du Gange et le caractère sacré de nombreuses rivières.
L’eau pour l’Hindouisme a un pouvoir purificateur. Quotidiennement, on multiplie les ablutions (notamment, on se gargarise le matin pour chasser les mauvaises humeurs de la nuit). La purification par l’eau est également très importante dans les cérémonies publiques et peut prendre des aspects très spectaculaires comme lors des Kumbh Mela, ces rassemblements organisés tous les 12 ans où des millions de pèlerins se baignent dans le fleuve.
La version hindoue du Déluge évoque aussi le pouvoir de l’eau en racontant l’histoire de Manu :
Manu était en train d’effectuer ses ablutions du matin lorsqu’il attrapa un petit poisson qui le supplia de le laisser en liberté. Manu le déposa dans une jarre, mais le poisson grandit. Manu le transféra dans un lac, puis dans la mer. En remerciement, le poisson prévint l’homme de l’arrivée imminente du déluge et lui donna un bateau. Manu s’y réfugia, emmenant avec lui un couple de chaque espèce animale.
Le poisson serait en fait Vishnu, paré d’écailles d’or et d’une corne à laquelle Manu put amarrer son bateau, avec l’aide du serpent Vasuki qui lui servit de corde.
Lorsque les cieux seront redevenus plus cléments, vous pourrez aller visiter les « arovi », les cascades de Courtallam, dans le sud du Tamil Nadu. Le site regroupe une dizaine de chutes d’eau où il est possible de se baigner. C’est un lieu populaire, qui bien entendu possède son temple, réputé pour sa forme en conque.