Une cure ayurvédique, ça vous tente ?

Il est un fait que l'Occident (et particulièrement la France) s'intéresse de plus en plus à la médecine ayurvédique. Pour s'en convaincre, il suffit de chercher sur le web ou observer les unes des magazines. Mais pourquoi au fait ?  

L'ayurveda est à la mode

Les arguments sont  nombreux : besoin de prise en compte de la dimension psychologique de l'individu, inefficacité de la médecine occidentale pour certaines pathologies, besoin de « plus de nature »... C'est le yoga qui, dans les années soixante, a constitué le premier pas vers les pratiques de la médecine traditionnelle indienne. Aujourd'hui, son industrie pharmaceutique exporte ses produits ayurvediques vers le monde entier. Enfin, le tourisme médical amène de plus en plus d'étrangers dans les centres de cure indiens. Le secteur enregistre une croissance de son chiffre d'affaire de +15 % par an.

Que représente aujourd'hui la médecine ayurvedique en Inde ?

Cette pratique ancestrale a connu un regain d'intérêt dans les années soixante-dix quand le gouvernement indien a voulu l'utiliser pour améliorer la couverture médicale des plus pauvres, moins coûteuse et ancrée dans les habitudes sociales. Aujourd'hui les chiffres montrent qu'en fait les populations les plus modestes se soignent davantage avec les médicaments génériques de la médecine occidentale, produits sur place et bon marché (l'Inde est le 1er producteur mondial de génériques). Les médicaments ayurvédiques, transformés en cachets, ampoules et sirops, sont devenus moins accessibles et réservés aux classes moyennes et aisées. Ces milieux, rassurés par les efforts de qualité et les éléments fournis par des études scientifiques, les plébiscitent, y ajoutant un élément patriotique, sentiment encouragé par les positions du premier ministre Modi qui a créé en 2014 un ministère du yoga et de l'ayurveda. Plusieurs gourous, parmi lesquels Baba Ramdev et Sri Sri Ravi Shankar, développent de véritables groupes industriels et financiers en s'attaquant au marché de l'ayurveda.

Que représente la médecine ayurvedique pour les Français ?

Les centres de soins destinés à une clientèle étrangère se sont multipliés ces dernières décennies. Le Tamil Nadu n'est pas en reste mais dans le sud du pays, c'est le Kerala (Etat au Sud de l'Inde), avec sa douceur de vivre et ses belles plages, qui enregistre le plus fort  développement économique de ce secteur d'activité. Petits centres de quelques lits ou structures de plus de 100 chambres, on y entend parler français en particulier entre janvier et mars. Nous y avons rencontré une vingtaine de Françaises, venues en groupe ou seules pour une cure de 12 à 21 jours.

Les motivations sont diverses. Pour beaucoup, il s'agit de l'accomplissement d'un parcours engagé en France passant par le yoga, le végétarisme, la méditation et l'usage de produits de soin naturels. Pour d'autres,  c'est la recherche d'une solution à un problème médical non résolu par la médecine occidentale. La majorité espère trouver un espace de repos, de ressource à la suite d'un surmenage et d'une forte pression. Le programme propose une prise en charge totale. La journée de cure est rythmée par les soins physiques (massages, pose de cataplasmes, de masques), l'absorption de médications et des séances de yoga. Lever avant le soleil, coucher à 21 h. Le régime est végétarien, adapté à la situation de chacun. Nos Françaises se disent toutes satisfaites de leur cure ayant noté une amélioration de leur état de santé et un réel apaisement. Quelle suite vont-elles donner à ce moment particulier ?  Beaucoup se posent la question : modifier quelques habitudes de vie, revoir son alimentation. Chacune sait qu'elle ne pourra pas poursuivre les traitements, trop nombreux et complexes à  manipuler. Les massages à 4 mains de plus de 1 heure chacun seront impossibles en France. La vie familiale et professionnelle qu'elles retrouveront sera bien différente du service permanent et total prodigué dans le centre. Cependant, elles espèrent conserver longtemps le bénéfice de la cure et peut-être revenir. Nous leur souhaitons, ne serait-ce que pour prendre le temps de découvrir l'Inde et ses habitants. La plupart des curistes n'en aperçoivent que la plage et au loin quelques pêcheurs.