Pondichéry, ancien comptoir français, tient une place à part dans l'imaginaire des Français. Mais connaissez-vous l'histoire mouvementée de cette ville sur la côte sud-est de la péninsule indienne ?
Les traces de l’histoire de la ville remontent à l’antiquité, mais ne remontons pas si loin.
Les historiens nous enseignent que Poudou Cheri, un village côtier de la côte Malabar, au bord du golfe du Bengale, a été fort prisé des commerçants européens qui arrivaient par mer et étaient bien accueillis par les princes indiens, qui leur vendaient des produits manufacturés.
Pondichéry de 1550 à 1816
Dès les années 1550, les Portugais s’établirent à Poudou Cheri et le village qui prospérait prit de l’ampleur jusqu’à devenir une opulente bourgade en bord de mer.
Les Danois donnent naissance à la ville européenne de Pondichéry
En 1614, par le jeu des renversements de pouvoir et d’alliances économiques avec les princes indiens, les Portugais sont chassés et remplacés en 1624 par les Danois qui s’installent et édifient une vaste demeure équipée d’une tour : la Maison danoise. Ils construisent les premières maisons sur le modèle occidental et font prospérer le port de commerce durant quelques années.
La topographie actuelle trouve ses origines dans la période danoise de la ville. La séparation de la ville en deux, dont le canal aujourd’hui fait encore trace, est due aux mouvements de l’histoire. Les habitants de la partie orientale étaient des Européens et des Indiens venus s’établir au 16e siècle et ensuite. Les Européens possédaient aussi des propriétés dans la portion occidentale occupée par des Indiens. Par la suite, la ville fut séparée sur la base de la race et en 1827, interdiction fut faite aux Européens de posséder des immeubles dans la partie ouest de la ville, soit au nord de l’actuel canal.
Pour des raisons non connues, les Danois quittent Pondichéry en 1654.
Au 17e siècle, les Français s’établissent pendant 26 ans à Pondichéry,
En 1672, Jacob Blanquet de La Haye, amiral de la marine royale française et commandant en chef de l’ « Escadre de Perse », doit apporter un soutien logistique à la Compagnie royale des Indes. Mais, la flotte est assiégée, devant la ville de San Tome, actuellement un quartier de la ville de Chennai au Tamil Nadu et est finalement détruite par les Hollandais qui étaient alors en guerre contre la France.
L’amiral de La Haye, à court de vivres et de munitions, accepte alors l’offre de Sher Khan Lodi, gouverneur de Pondichéry pour Le Roy de Bijâpûr, qui propose de lui donner un droit de séjour, afin de continuer des activités commerciales. Sher Khan Lodi veut briser le monopole de la Compagnie hollandaise.
A cette époque, Poudou Cheri est une petite bourgade, au bord du Golfe du Bengale, peuplée de pêcheurs et de marchands. Il semblerait aussi qu’il y eut à cette époque quantité de manufactures de toiles de coton.
En 1673, Bellanger de Lespinay, officier de la garde de Jacob Blanquet de La Haye, s’installe dans la Maison danoise de Pondichéry et s’occupe d’acheter des vivres et des munitions pour ravitailler les troupes françaises assiégées par les Hollandais à San Tome. En 1674, François Martin, employé par la Compagnie des Indes qui était réfugié à San Tome, rejoint Bellanger de Lespinay pour l’aider dans son entreprise.
En 1686, François Martin décide de fortifier la place en construisant une enceinte de briques équipée de quatre tours rondes. A l’extérieur de l’enceinte, la première rue prend forme, sous le nom de rue des Français, l’actuelle rue Dumas.
En 1693, Pondichéry passe aux mains des Hollandais pour 6 ans
En 1693, les Hollandais reprennent la ville et l’occupent durant six ans. Ce sont eux qui reconstruisent la ville, commencent à y tracer des rues et lui donnent son actuelle configuration ovale.
En 1699, retour des Français et développement de la ville de Pondichéry
En1699, François Martin reprend possession de Pondichéry et continue l’oeuvre de construction commencée par les Hollandais. Il bâtit pour défendre la ville, une forteresse, le fort Saint-Louis, qui sera achevé en 1706. C’est à partir de ce fort, que se développe de part et d’autre de la rue des Français, le quartier fondateur de la « ville blanche », le quartier Saint-Laurent.
Les habitations devenant plus nombreuses, le gouverneur fait tracer des rues parallèles à la rue des Français, la rue des Capucins, actuelle rue Romain Rolland et la rue du Pavillon, aujourd’hui rue de Suffren.
En miroir au quartier Saint- Laurent, est construit le quartier Saint-Joseph, quartier fondateur de la « ville noire », partie indienne de Pondichéry qui avait été construit durant l’occupation hollandaise. Les maisons sont d’architecture tamoule, chaque rue est occupée par des corps de métiers différents, menuisiers, bijoutiers, tisserands,… Par la suite y sera aussi ajouté, le quartier de l’hôpital.
François Martin meurt à Pondichéry en 1706.
Ce n’est qu’à l’arrivée de Pierre Lenoir en 1721, administrateur dit de talent, que la ville continuera son chemin vers la prospérité. Sur ordonnance du roi de France, il lutte contre les interdits de caste, qui empêchent les intouchables d’utiliser certaines voies publiques.
Lorsqu’il retourne en France en 1735, Pondichéry prospère, l’ordre y règne et le Chevalier de la Farelle écrit : « Pondichéry avait les rues plantées d’arbres des deux côtés ce qui a un aspect charmant ».
Dumas, Dupleix, Godeheu, Lally se succédèrent ensuite à la gouvernance de Pondichéry.
Mais, Pondichéry se retrouve au centre des batailles entre la France et l’Angleterre. En 1763, lors d’un traité avec l’Angleterre, Pondichéry en ruine est rendue à la France, amputée de ses provinces. En 1764, Law de Lauriston est nommé gouverneur de Pondichéry et s’attelle sa reconstruction. La ville sera reprise trois fois par les Britanniques et systématiquement détruite.
Pondichéry, comptoir français pendant 138 ans
Le 4 décembre 1816, conformément au traité de Paris, Pondichéry devient définitivement française et ses habitants naturels français, comme on disait alors. Pondichéry restera un comptoir français après l’indépendance de l’Inde le 15 août 1947.
Dès le 28 août 1947, la France et l’Inde, par une déclaration conjointe exprimèrent leur désir de régler à l’amiable l’avenir des comptoirs, mais cela fut compliqué.
Finalement, le 1er novembre 1954, Pondichéry comme les 3 autres comptoirs restés français (Karaikal, Mahe et Yanaon) fut transféré de facto à l’Union indienne. Le traité de cession ne fut signé que deux ans plus tard et n’entra en application que le 16 août 1962.