Valentin Rodriguez, le directeur de l’Institut Français nous quitte pour l’Algérie après quatre ans passés au pays des Merveilles. Nous allons garder de lui l’image d’un homme dynamique porteur de projet toujours attentif aux propositions qui pouvaient lui être faites. Toujours prêt à dire oui, sur des initiatives les plus variées, il a su dynamiser la programmation et proposer une offre culturelle francophone (et pas que) variée et de qualité. Et faire de l’Institut un lieu agréable dans lequel des gens de tous âges et cultures peuvent venir et s’y sentir bien.
Lepetitjournal a tenu à le rencontrer pour dresser avec lui le tableau de son action à la tête de l’Institut Français du Cambodge
LepetitJournal : Valentin, quand vous êtes arrivé ici, vous m'avez accordé une interview dans laquelle vous disiez vouloir "créer un désir d’Institut Français du Cambodge " . Pensez vous avoir réussi ?
Valentin Rodriguez: Je pense que oui. Après quatre années au Cambodge, l'Institut Français est très fréquenté. Pour donner quelques chiffres rapidement, en 2023, nous avons accueilli plus de 124 000 visiteurs, et en 2022, nous étions à 110 000. On peut le voir en visitant l'Institut régulièrement : le public s’est approprié l’espace. On peut y croiser des Cambodgiens de plusieurs générations, ainsi que des membres de la communauté française et des expatriés d'autres nationalités.
Sur la question du désir pour l'Institut Français, la forte fréquentation est un signe à prendre en compte. Nos programmes sont diversifiés, avec des créations franco-khmères et même internationales, impliquant des artistes français, européens, cambodgiens et d'Asie du Sud-Est, dans des domaines allant des médias au livre et à la danse. La pluralité et la qualité de notre programmation sont les clés du succès.
Le confort du public est aussi une priorité pour moi. J'ai voulu un Institut agréable, un lieu de bien-être où l'on peut voir un programme culturel, mais aussi participer à des événements comme le marché aux puces, la journée France Volontaires, ou encore de la Chambre de commerce. Nous avons accueilli diverses activités comme le club d'échecs, le club de mah-jong et l'association Phnom Penh Accueil, pour créer un esprit d'ouverture et de partage.
LPJ : Quels sont les projets encore en attente qui porteront votre marque ?
V.R. : Le programme jusqu'à la fin de l'année est déjà écrit. Nous avons la fête de la musique le 21 juin avec la DJ T-SIA, une soirée avec des démonstrations de breakdance, en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Ensuite, il y aura une grande exposition de photographies par les étudiants de la nouvelle école du Studio Images - Maison de la Photographie.
En novembre, nous présenterons le prochain spectacle de l'école de danse de la princesse Buppha Devi. En juillet, nous lancerons la prochaine saison culturelle, "Gargantuesque", qui mettra en avant la gastronomie, le design et la bande dessinée avec des figures importantes comme Benoît Peeters et Aurélia Aurita.
La dernière saison culturelle de l'année, "Sur le Vif", sera consacrée à la photographie, célébrant les 15 ans du festival Photo Phnom Penh et la création de la nouvelle école de photographie, Studio Image - Maison de la Photographie. Cette saison comprendra une rétrospective de l'artiste cambodgien Mak Remissa et une exposition d'anciens étudiants de l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, partenaire de nouvelle école cambodgienne.
LPJ : Qu’avez-vous réalisé en terme d’infrastructures ?
V.R. : Nous avons également rénové la médiathèque, équipé la galerie en climatiseurs pour accueillir des œuvres dans de bonnes conditions de conservation, et créé un service des publics pour améliorer et amplifier notre relation avec nos visiteurs.
Nous avons acquis une scène de spectacle extérieure, installé un plateau professionnel et fait des investissements dans le matériel son et lumière professionnel. Nous allons continuer ce projet de rénovation par la refonte du sol du parking et la couverture de la scène pour pouvoir programmer des événements même pendant la mousson.
Ces investissements permettront de dégager du budget pour inviter des artistes et développer les industries culturelles et créatives des arts de la scène.
LPJ : Y a-t-il des choses que vous n’avez pas réussi à faire et que vous regrettez ?
V.R. : J'ai accompli beaucoup en quatre ans, mais il reste des marges de progression, notamment dans le travail avec les publics et la communication. La connaissance de l'Institut Français au Cambodge et à l'international peut être améliorée. Il y a également un gros travail à mener sur l'économie culturelle au Cambodge, pour mieux faire circuler et diffuser les œuvres produites ici.
Nous avons lancé un fonds d'aide entrepreneurial culturel qui débutera en septembre pour soutenir l'écriture et la création artistique, et j'espère que cela contribuera à développer et amplifier l'économie culturelle au Cambodge.
LPJ : A titre personnel qu’allez-vous garder du Cambodge ?
V.R. : Le Cambodge est une histoire d'amour pour moi. J'adore ce pays, qui est une merveille. Ces quatre années m'ont fait beaucoup de bien personnellement et m'ont permis de faire des rencontres humaines très agréables et enrichissantes. La culture est un vecteur incroyable de rayonnement, et je suis reconnaissant envers tous les artistes, responsables d'institutions et le public que j'ai rencontré ici. C'est une histoire de cœur et d'amour que je garderai toujours.
Je suis aussi content que la France puisse aider à la rénovation du Musée National du Cambodge. Nous avons développé un partenariat solide, et l'étude de programmation pour la rénovation du musée sera réalisée par la France. J'espère que toutes les graines que nous avons semées ici feront de beaux fruits et que l'Institut Français continuera de prospérer.