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Une ONG œuvre pour rapprocher les communautés Khmère et Viêt du Cambodge

KCD œuvre pour rapprocher les communautés Khmers et Viêts via l’éducation inclusive et l’agriculture durable, dans la région de Kampong Chhang et de la frontière

Une ONG œuvre pour rapprocher les communautés Khmère et Viêt du CambodgeUne ONG œuvre pour rapprocher les communautés Khmère et Viêt du Cambodge
Photo : Le petit Journal Cambodge
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 16 juillet 2025

 

Sous le soleil cambodgien, à la frontière vietnamienne ou sur les rives du Tonlé Sap, Khmer Community Development (KCD) trace patiemment sa voie, mêlant éducation et pratiques agricoles responsables. Fondée en 2002 à Phnom Penh et devenue ONG en 2005, elle s’est installée dans la zone. Son credo ? « Améliorer la qualité du vivre-ensemble via les Objectifs de développement durable et l’éducation », en encourageant la confiance, l’agriculture biologique, la nutrition… et la paix.

Il est important de comprendre que le mot « Viêt » renvoie à une ethnie, c’est-à-dire un groupe culturel et linguistique précis. En revanche, le terme « Vietnamien » désigne une nationalité. Toute personne ayant la nationalité vietnamienne est vietnamienne, qu’elle soit d’origine viêt ou issue d’une autre des 53 minorités ethniques reconnues au Vietnam (comme les Hmong, les Khmers Krom, les Thaï, etc.). Il en va de même pour les termes « Khmer » et « Cambodgien ».

Éducation : rapprocher les communautés par la langue

Le Cambodge abrite une importante minorité viêt, souvent composée de pêcheurs très pauvres qui vivent sur le lac ou sur le Mékong. Certains d’entre eux ne possèdent ni papiers cambodgiens ni vietnamiens, ce qui rend leur intégration encore plus difficile.

Dans cette région, les villages sont majoritairement monoculturels : soit viêts, soit khmers. Ainsi, les enfants viêts apprennent leur langue auprès de leurs parents, de certains professeurs ou d’ONG, notamment chrétiennes. Ils n’évoluent donc pas dans un environnement khmérophone.

C’est ce que nous explique un représentant de la communauté viêt du village de Chnouk Tru, à quelques kilomètres de Kampong Chhnang. Quand ils arrivent à l’école communale khmère, les enfants ne maîtrisent pas la langue. Il est dès lors difficile pour eux de s’intégrer. Ce problème se cumule avec d’autres difficultés d’ordre économique : beaucoup de parents n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école, payer un tuk-tuk quotidiennement est hors de leur portée.

Une ONG œuvre pour rapprocher les communautés Khmère et Viêt du Cambodge

 

Depuis mars 2025, une éducatrice de KCD travaille avec 500 enfants de la 1ʳᵉ à la 6ᵉ année, dont environ 7 % d’origine vietnamienne. Elle nous confie :
« Ils veulent améliorer leur khmer pour communiquer, travailler, étudier et avoir des amis. (…) Quand les enfants viennent à l’école, ils pratiquent le khmer, mais dans leurs villages, ils ne parlent que leur langue. »

Avant même de proposer un soutien, l’équipe s’assoit avec les enfants. Elle explique :
« Nous restons avec eux pour voir ce dont ils ont besoin, puis offrir un soutien adapté. »

Beaucoup démarrent l’école tard — entre 10 et 16 ans — souvent à cause de la pauvreté. Ce démarrage tardif n’est pas sans conséquence sur leur scolarité : les enfants se sentent souvent honteux d’être dans des classes avec des camarades beaucoup plus jeunes. Beaucoup finissent par abandonner.
« Ils commencent à dix ou quinze ans… mais doivent souvent arrêter pour aider leur famille. »

Sa mission : créer les conditions d’une école inclusive, où chaque enfant peut apprendre et se sentir accepté.

Agriculture : cultiver autrement pour le bien-être

L’autre grand combat de KCD se déroule dans les champs. Il s’agit d’offrir aux paysans des alternatives pour produire mieux, dans le respect de la santé des consommateurs et de l’environnement.

Ainsi, Mme Son Chany, agricultrice dans la région de Kampong Chhnang, a entamé une transition importante depuis l’année dernière. Avant, elle dépensait 3 000 $ par an en intrants chimiques pour ses 8 hectares. Aujourd’hui :

Les bénéfices sont visibles :
« Avec moins de chimie, je produis mieux et je vends plus facilement. »
« Je veux une bonne santé pour moi et pour ma communauté, sans cancer ni maladies. »

Elle produit aussi 100 sacs de riz par an et expérimente la rotation des cultures. Résultat : des coûts maîtrisés, une production de meilleure qualité… et la garantie de préserver la santé de tous.

Une ONG œuvre pour rapprocher les communautés Khmère et Viêt du Cambodge

 

Une vision d’ensemble pour des liens solides

KCD ne disperse pas ses efforts : l’éducation, l’agriculture, la nutrition et la paix se renforcent mutuellement. L’ONG entend transformer en profondeur cette zone marquée par la méfiance entre Khmers et Viêts. Chaque projet nourrit les autres : mieux parler khmer, c’est mieux suivre à l’école ; mieux cultiver, c’est assurer un revenu et la santé ; mieux vivre ensemble, c’est semer la paix de génération en génération.

KCD avance à petits pas, mais fermes : chaque enfant inclus, chaque champ tourné vers la durabilité, chaque voisin mieux compris sont autant de victoire

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